Exécution de Louis XVI

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« La mort de Louis XVI, roi de France »d'après une gravure anglaise de 1798.
« La mort de Louis XVI, roi de France »
d'après une gravure anglaise de 1798.

L'exécution de Louis XVI est un événément de la Révolution française. Après la journée du 10 août 1792, qui voit la chute de la monarchie, son procès, Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 à Paris, sur la place de la révolution, ancienne place Louis XV, devenue en 1795 la place de la Concorde.

Sommaire

[modifier] Parcours de Louis XVI entre la prison du Temple et la place de la Révolution

À l'entrée de la seconde cour du Temple une voiture attendait Louis XVI, qui y prit place avec l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont. Deux gendarmes s'installèrent en face d'eux. Le trajet dura plus d'une heure. La voiture, précédée de tambours, escortée par une troupe de cavaliers sabre au clair, avançait entre plusieurs rangs de gardes nationaux et de sans-culottes.

La voiture parvint sur la place de la Révolution et s'arrêta dans l'espace que l'on avait aménagé au pied de l'échafaud, espace entouré de canons en batterie et d'une multitude de piques et de baïonnettes.

Louis XVI demanda aux représentants de la Convention qui l'accompagnaient s'ils avaient reçu des nouvelles de la Pérouse, disparu depuis environ cinq ans début 1788. Il essaya aussi de discuter des Annales de Tacite.

[modifier] Exécution de Louis XVI

Le journal le Thermomètre du Jour du 13 février, un journal républicain modéré, décrit le Roi criant : « Je suis perdu ! », en citant comme une source le bourreau, Charles-Henri Sanson.

L'Exécution de Louis XVI, d'après une gravure allemande.
L'Exécution de Louis XVI, d'après une gravure allemande.

Sanson réagit à ce récit en consignant son propre témoignage de l'exécution dans une lettre du 20 février 1793[1],[2] : « Arrivé au pied de la guillotine, Louis XVI considéra un instant les instruments de son supplice et demanda à Sanson si les tambours s'arrêteraient de battre. Il s'avança pour parler. On cria aux bourreaux de faire leur devoir. Pendant qu'on lui mettait les sangles, il s'écria : "Peuple, je meurs innocent !". Ensuite, se tournant vers ses bourreaux, Louis XVI déclara: "Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français." Le couperet tomba. Il était 10 heures 22. L'un des assistants de Sanson présenta la tête de Louis XVI au peuple, cependant que s'élevait un immense cri de : "Vive la Nation ! Vive la République !" et que retentissait une salve d'artillerie qui parvint aux oreilles de la famille royale incarcérée. »

Cinq ministres du conseil exécutif provisoire et quelques autres personnes assistaient à l'exécution.

Dans sa lettre, Sanson souligne qu'« il a soutenu tout cela avec un sang froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu'il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé ».

[modifier] Témoignages

[modifier] Sanson fils

Alexandre Dumas père dans ses Causeries raconte une rencontre vers 1830 avec le fils de l'exécuteur, alors présent:

« Eh bien, vous disiez que vous désiriez quelque chose, monsieur Dumas ?
- Vous savez combien les auteurs dramatiques ont besoin de renseignements précis, monsieur Sanson. Il se peut qu'il arrive un moment où j'aie à mettre Louis XVI en scène. Qu'y a-t-il de vrai dans la lutte qui s'engagea entre lui et les aides de votre père, au pied de l'échafaud ?
- Oh ! je puis vous le dire, monsieur, j'y étais.
- Je le sais, et c'est pour cela que je m'adresse à vous.
- Eh bien, voici : le roi avait été conduit à l'échafaud dans son propre carrosse et avait les mains libres. Au pied de l'échafaud, on pensa qu'il fallait lui lier les mains, moins parce qu'on craignait qu'il ne se défendit que parce que, dans un mouvement involontaire, il pouvait entraver son supplice ou le rendre plus douloureux. Un des aides attendait donc avec une corde, tandis qu'un autre lui disait : "Il est nécessaire de vous lier les mains." À cette proposition inattendue, à la vue inopinée de cette corde, Louis XVI eut un mouvement de répulsion involontaire. "Jamais ! s'écria-t-il, jamais !" Et il repoussa l'homme qui tenait la corde. Les trois autres aides, croyant à une lutte, s'élancèrent vivement. De là, le moment de confusion interprété à leur manière par les historiens. Alors, mon père s'approcha, et, du ton le plus respectueux : "Avec un mouchoir, Sire" dit-il. A ce mot, Sire, qu'il n'avait pas entendu depuis si longtemps, Louis XVI tressaillit; et, comme au même moment son confesseur lui adressait quelques mots du carrosse : "Eh bien, soit; encore cela, mon Dieu !" dit-il. Et il tendit les mains. »

[modifier] Madame de Staël et l'exécution de Louis XVI

«  Cet homme qui manqua de la force nécessaire pour préserver son pouvoir, et fit douter de son courage tant qu’il en eut besoin pour repousser ses ennemis ; cet homme dont l’esprit naturellement timide ne suit ni croire à ses propres idées, ni même adopter celles d’un autre, s’est montré tout à fait capable de la plus étonnante des résolutions, celle de souffrir et de mourir. »

(Considérations sur les principaux événements de la Révolution française)

[modifier] Inhumation de Louis XVI au cimetière de la Madeleine

Le cadavre de Louis XVI est immédiatement transporté à l'ancienne église de la Madeleine. La convention a en effet refusé que les restes de Louis XVI soient inhumés auprès de son père, Louis de France, le dauphin, à Sens. Ce sont deux vicaires assermentés, fidèles à la Révolution, qui officient pour le court service funèbre célébré à l'église de la Madeleine. Le vicaire Damoureau témoignera : « Arrivé au cimetière, je fis faire le plus grand silence. Un détachement de gendarmes nous fit voir le corps. Il était vêtu d'un gilet blanc, d'une culotte de soie grise, les bas pareils. Nous psalmodiâmes les vêpres, les prières du service des morts. Le corps mis à découvert dans la bière, fut d'après les ordres du pouvoir exécutif, jeté au fond de la fosse, sur un lit de chaux, puis d'un lit de terre, le tout fortement battu et à plusieurs reprises. La tête de Louis XVI fut mise à ses pieds ».

Le 21 janvier 1815, les restes de Louis XVI furent inhumés à la basilique Saint-Denis. En 1816, Louis XVIII fit élever un monument funéraire réalisé par Edme Gaulle.

[modifier] Aujourd'hui

L'endroit où fut inhumé Louis XVI et plus tard Marie-Antoinette d'Autriche (16 octobre 1793) au cimetière de la Madeleine est aujourd'hui le Square Louis XVI. L'autel de la crypte y marque l'endroit exact où Louis XVI fut inhumé.

[modifier] Bibliographie

Paul et Pierrette Girault de Coursac ont écrit un ensemble d'ouvrages sur Louis XVI dont :

  • Louis XVI, Roi Martyr. Tequi 1982,
  • Louis XVI, un visage retrouvé. O.E.I.L. 1990.

[modifier] Notes

  1. L'existence de la lettre est attestée par Chateaubriand à qui elle fut montrée par son ami royaliste le baron Jean-Guillaume Hyde de Neuville, et décrite (et transcrite) par lui dans Essai sur les Révolutions (1797). Une autre transcription, du XIXe siècle, moins exacte que celle de Chateaubriand, est à la Bibliothèque Nationale (Mss Fr. 10, 268). L'original de cette lettre devait être mis en vente chez Christie's le 7 juin 2006, mais il a été retiré par Christie's. Selon ce blog, il existerait encore une autre version de la lettre de Sanson.
  2. Le contenu du récit de Charles-Henri Sanson dans l'exemplaire conservé à la BNF est rigoureusement le même.