Ewelina Hańska

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Évelyne Hańska
Portrait par Holz Sowgen, vers 1825
Portrait par Holz Sowgen, vers 1825
Nom Ewelina Rzewuska
Naissance 6 janvier 1801
à Kiev
Décès 10 avril 1882 (à 81 ans)
à Paris
Nationalité  Pologne

Évelyne Hańska (née Ewelina Rzewuska), comtesse Hańska, née à Pohrebyszcze près de Kiev le 6 janvier 1801, morte à Paris le 10 avril 1882, est une noble polonaise.

[modifier] Biographie

Sœur de l’écrivain Henryk Rzewuski, promoteur du roman historique à la Walter Scott en Pologne ; elle épousa en 1820 le comte Hanski, riche propriétaire terrien de vingt ans son aîné. Ensemble ils eurent plusieurs enfants dont seule une fille survécut[1].

Retirée dans son domaine de Verkhovina en Ukraine, elle était très portée sur le mysticisme et lisait beaucoup de romans français, ce qui l’amena aux œuvres d’Honoré de Balzac dont elle devint une fervente admiratrice.

A partir de 1832, elle engagea avec l’auteur une correspondance qui dura dix sept ans[2]. Balzac et Madame Hanska se rencontrèrent pour la première fois au bord du lac de Neuchâtel. L’écrivain tomba follement amoureux de cette brune potelée de vingt-neuf ans et la comtesse ne resta pas insensible à son charme (elle trouvait qu’il ressemblait à son frère). Tous deux se retrouvèrent dans plusieurs villes d’Europe, mais toujours la comtesse se refusait à son soupirant.

Devenue veuve en 1841, elle hésita longtemps avant d’accepter de l’épouser finalement en 1850, six mois avant sa mort.

Elle régla difficilement la succession de Balzac qui laissait derrière lui de nombreuses dettes. Mais elle resta à Paris où elle se lia plus tard avec Champfleury et avec le peintre Jean Gigoux.

Elle mourut à Paris en 1882.

[modifier] L’affaire Octave Mirbeau

Anna Mniszech, fille de la Comtesse Hanska par Jean Gigoux.
Anna Mniszech, fille de la Comtesse Hanska par Jean Gigoux.

En 1907, Octave Mirbeau la calomnia honteusement dans un chapitre intitulé la Mort de Balzac, inclus dans son récit de voyage en automobile, la 628-E8. Ignorant qu’Anna Hańska, comtesse de Mniszech, la fille issue d’un premier mariage de la comtesse, était encore en vie et vivait retirée au couvent des Dames de la Croix rue de Vaugirard, Mirbeau croyait tous les témoins de la vie de Balzac disparus. Prétendant rapporter des confidences du peintre Jean Gigoux entendues dans l’atelier d’Auguste Rodin, il écrit que, pendant l’agonie du grand romancier, Madame Hańska recevait son amant Gigoux dans la chambre voisine. Apprenant, avant même la parution du livre, l’existence de ce chapitre par la presse, la comtesse Mniszech écrivit à Mirbeau pour le prier de renoncer à le publier. Par respect pour une vieille dame soucieuse de l’honneur de sa mère, Mirbeau accepta de supprimer in extremis le chapitre incriminé, qui ne fut publié qu’après sa mort, car il aurait dû soutenir deux procès en diffamation qu’il eût perdus, n’ayant pas l’ombre d’une preuve, et parce que le livre eût été saisi[3],[4].

Réédité dans son intégralité en 1937 par Fasquelle, puis en 1989 et en 1999, la Mort de Balzac est surtout consacré à la critique des biographies de Balzac (celles de Théophile Gautier, Léon Gozlan, entre autres). Mirbeau regrette que le seul biographe balzacien compétent, le vicomte Charles de Spoelberch de Lovenjoul, n’ait justement pas écrit de biographie, et il s’attarde longuement sur les défauts de l’auteur de la Comédie humaine.

Mais il n’a pas de prétention à la vérité historique et n’apporte rien sur la comtesse. Il témoigne surtout de la misogynie de Mirbeau et de ses rapports tumultueux avec sa propre femme, l’ancienne théâtreuse Alice Regnault, dont il se venge par Mme Hanska interposée[5].

[modifier] Notes

  1. Portrait de la Comtesse Anna Mniszech, fille de Madame Hanska. Pastel de Jean Gigoux, 1853.
  2. Il reste 414 lettres de Balzac à Évelyne Hanska, de 1832 à 1850.
  3. André Maurois, Prométhée ou la vie de Balzac, p. 611.
  4. Postface de Pierre Michel et Jean-François Nivet à une réédition de La Mort de Balzac : les mobiles de Mirbeau, Paris, Félin ; Issy-les-Moulineaux, Arte, 1999, p. 109-118. (ISBN 2-86645-342-5)
  5. Marcel Bouteron : Apologie de Madame Hanska dans la Revue des Deux Mondes, 15 décembre 1924. Cité par André Maurois

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Daniel Beauvois, « Le Monde de Madame Hanska : État de la société d’Ukraine au milieu du XIXe siècle », L’Année balzacienne, 1993, n° 14, p. 21-40.
  • Michel Calot, « Quelques nouvelles données sur Custine et la Russie », L’Année balzacienne, 1993, n° 14, p. 7-19.
  • H. Corbes, « Les Dernières Années d’Anna Hanska », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 1960, n° 67, p. 123-127.
  • Polly Rimer Duke, « La Muse maternelle dans Le Lys dans la vallée et Albert Savarus », Éd. Claudie Bernard, Éd. et intro. Franc Schuerewegen, Balzac, pater familias, Amsterdam, Rodopi; 2001, p. 41-50
  • Aleksandra Gruzinska, « Octave Mirbeau’s Madame Hanska in La Mort de Balzac », Nineteenth-Century French Studies, Spring 1987, n° 15 (3), p. 302-314.
  • (se) Lennart Kjellberg, « Madame Hanskas språk: Balzacs förebild för baron de Nucingens? », Moderna Sprak, 1987, n° 81 (1), p. 33-44.
  • Roland Le Heunen, « Les Lettres à Madame Hanska: Métalangage du roman et représentation romanesque », Revue des Sciences Humaines, Juil.-Sept. 1984, n° 66 (195 [3]), p. 25-40.
  • Francis Ley, « Balzac et Mme Hanska chez les Krüdener », L’Année balzacienne, Paris, Garnier Frères, 1967, p. 241-244.

[modifier] Liens externes

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