Evoloko

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Evoloko Joker
Meilleurs chansons de tout le temps: Onassiss, Eluzam, Mbeya-Mbéya, Fièvre Mondo, Requiem, Doné

Nom Antoine Evoloko Bitumba Bolay Ngoy
Naissance 20 mai 1954
Profession(s) Instrumentiste, Chanteur
Genre(s) Fiesta, Jazz, Soukouss
Type de voix Lead Vocalist
Années actives 1969-1974; 1975-1977; 1978-1979;1980-1981; 1982-1988; 1988-2004; 2004-2008
Label(s) Pétrole; Zaiko Langa-LangaIsifi Melodia; Langa-Langa stars

¨


Antoine Evoloko Bitumba Bolay Ngoy, alias Anto Nickel, Lay-Lay, Atshuamo, Tonton Bokulaka, Joker dit la carte qui gagne, Nkumu, Abrahama est un chanteur et compositeur né le 20 mai 1954 au Congo. Il fit ses débuts dans Zaïko Langa Langa en 1969, alors qu'il n'avait que 15 ans, et fit fureur dans les années 1970 et 80. On reconnaît en lui la première super star de la musique congolaise moderne et l'un des artistes musiciens qui ont marqué la musique populaire moderne de l'Afrique.

Sommaire

[modifier] Le paradoxe

Parler d'Evoloko apparaît aujourd’hui comme superflu. On sait très peu sur l'homme, on semble oublier sa musique. Pourtant, Evoloko reste l'une des figures marquantes de la musique congolaise moderne. En effet, la vie artistique d'Evoloko est aussi riche qu'elle semble vide de sens. Entre Evoloko l’artiste et l’homme Evoloko, il y a un grand fossé qu'il faudra s'efforcer de traverser si l'on veut comprendre la raison pour laquelle son art, bien que dominant sur l'échiquier congolais durant les années 70 et 80 ne porte plus son homme.

Evoloko « l’homme » fut connu pour son humilité touchante et son sens d’abnégation d'une timidité aiguë [1]. Par contre, Evoloko « le musicien » fut orgueilleux, dominateur et centré sur lui-même. Il était manifestement ignorant et à contre-courant de l'histoire. Evoloko en effet, celui qui fut jadis la superstar et le modèle de référence pour toute une génération, à une époque mémorable de l'histoire de la République Démocratique du Congo (RDC), est aujourd'hui vaincu au chapitre de l'intemporel.

Né à Kinshasa le 20 mai 1954, alors que le Congo belge allait bientôt connaître de profonds boulversements sociaux, culturels et politiques, Evoloko comme la majorité des jeunes Congolais de son époque, bénéficia d'une éducation catholique et fréquenta le collège public Athenée de Kalina, rebaptisé Athenée de la Gombé en 1971. Son éducation catholique et son bref passage à l'athénée de la Kalina marqueront profondement l'œuvre artistique du musicien, qui articule mieux que quiconque les paroles de la bible dans ses chansons. Il fit ses débuts dans Zaïko Langa Langa, alors qu'il n'avait que 15 ans. Il était alors, et de loin, le plus jeune du groupe à côté de Jules Shungu Wembadio alias Papa Wemba ; Simon Mavuela, Siméon ; Joseph Nioka Longo alias Josart ; Gina ÉfongéGina wa Gina ; Bénoit Boziana Alias Benz Bozi ; Félix Manuaku Waku alias Pépé Felie Zamanguana Enoch ; Paul Ilo Pablo; Matima ; Teddy Sukami ; etc. Ces jeunes furent alors encadrés par D.V. Muanda, qui est le fondateur de l'orchestre Zaiko Langa-Langa en 1968.

[modifier] La superstar

Dès ses débuts, Evoloko étonne par son talent naturel. Mais il approche la musique avec timidité et il est un peu réticent comme s'il pressentait que son destin était ailleurs que dans la musique. Il adorait chanter. Il s'amusait et aimait l'attention que le public lui portait. Il hésitait entre faire la musique, poursuivre les études ou devenir prêtre, Mais c'est la musique qui finira par le choisir, alors qu'il n'y prêtait pas vraiment attention. À 18 ans, Evoloko Anto Lay-Lay]] fut une superstar qui brillait dans tout Kinshasa. Pour beaucoup de ses pairs, et pour la jeunesse congolaise, Evoloko fut l'idole, le modèle à suivre et le leader incontesté du groupe Zaiko. Jusqu'au moment où il le quitta pour la première fois en 1974, les mélomanes kinois ne faisaient pas vraiment de distinction entre ce jeune garçon et le groupe Zaiko Langa-Langa. En fait, il n'y eut pas place à l'équivoque : Zaiko fut Evoloko. Il était beau, dynamique, talentueux et surtout il inventait par sa façon de s'habiller, par son rythme Cavacha ; et ses chansons et son look attirerent irrésistiblement tous les jeunes Congolais de l'époque. En fait, de 1970 à 1975, Evoloko s’imposa en prenant tout naturellement sur ces collègues de Zaïko Langa Langa. Il fut alors le jeune premier à qui tout Kinshasa voulait ressembler.

Durant les cinq premières années de l'orchestre Zaïko Langa Langa, Evoloko commanda le groupe car la première cuvée de Zaïko Langa Langa porta son estampillage. Sa seule présence fut le moteur qui faisait tourner Zaïko Langa Langa. Le succès qu'il connut auprès des jeunes et de ses chansons mélodieuses allaient bientôt en faire une légende. Il lança sucessivememt des chansons telles que Francine Keller, Charlotte à dieu na Athenée, Ami Bakumba, Belinda Ya Mbongo/Onassiss, Eluzam et Mbeya-Mbeya qui furent considérées parmi les meilleures chansons des années 1971, 1972, 1973 et 1974 et demeurent des classiques de la musique congolaise moderne. Alors que ces chansons atteignaient le hit du succès jamais enregistré auparavant, les éditions Parions-ou-Mondengé, qui commercialisaient la production discographique de Zaiko Lanaga-Lanaga à l'époque, lui offrirent une voiture neuve en guise de reconnaissance pour son talent. Il n'avait alors que 19 ans et c'était du jamais vu!!!

Mais le succès et l'argent eurent bientôt raison du jeune talentueux musicien. En 1974, il quitta Zaïko Langa Langa pour former le groupe Lokole Isifi avec Mavuela, Papa Wemba et Bozi Boziana. Il sortit les chansons Mondo-Mondo, Sambolé, Tour-à-tour et chanta Omanga et Amazone aux côtés de Papa Wemba. Son talent de grand chanteur ne fut pas dementi. Mais le jeune Evoloko voulait être le seul patron et ne s'entoura d'aucun manager (Impresario). Cette grossière erreur stratégique se révélera plus tard bénéfique pour Papa Wemba.

En 1975, après une dispute pour le leadership du groupe Lokole Isifi, Mavuela, Papa Wemba et Bozi quittèrent Evoloko pour former le Yoka Lokolé. Ce dernier re-baptisa son groupe Isifi Melodia et recruta de jeunes musiciens telque Djanana, Vadio Mambenga, Lifelo Moto-moto, Popolipo, etc. Malgré le succès de leurs chansons comme Muana ya Suka (Djanana), Amundalasini (Evoloko) et Adolofina (Vadio Mambenga), Toto (Evoloko), les nouveaux musiciens d'Evoloko furent incapables de rivaliser avec Wemba, Mavuela et Bozi. Ceux-ci furent d'ailleurs rejoints en 1976 par Jo-Isa et le terrible Mbuta Mashakado. Evoloko tanta de contrer d'une part le puissant Yoka Lokolé et d'autre part un Zaïko Langa Langa renouvelé avec des recrues tels que Bimi Ombalé, Linkiga et Lengi-Lenga et des chansons à succès comme Élo (Nioka Longo), Nadie (Lengi Lenga), Sangela (Teddy Sukami), Lisapo (Bimi Ombalé), etc. qui furent dansées dans tout Kinshasa au rythme de choc-choqué.

[modifier] Point de salut hors Zaiko Langa-Langa

En tant qu'ancien du l'orchestre Zaïko Langa Langa, les débuts de Evoloko, dans ce groupe legendaire en 1969 le marquèrent indélébilement et il devait y rester éternellement identifié.

En 1976, alors que l'orchestre Isifi Melodia d'Evoloko mourait à petit feu, Evoloko lui-même eut du mal à retrouver le succès. Curieusement, le coup fatal qui lui fut porté vint non pas de Zaiko Langa-Langa, mais de son ami Shungu Wembadio, considéré jusqu'à l'époque comme étant le maillon le plus faible de la chaîne des musiciens de la première génération de Zaïko Langa Langa. En 1977 effet, Shungu Wembadio, devenu Papa Wemba créa son propre orchestre, le Viva-la–Musica. Le succès soudain de Viva-la–Musica marqua la rupture avec le style fiesta d'Evoloko et l'introduction du style rumba de Papa Wemba, ce qui eut finalement raison de Isifi Melodia. Ainsi, Papa Wemba détrona pour toujours la place qu'Evoloko avait occupée huit années auparavant. La référence de kinois à la rue Wafania, n° 6, Yolo-Nord, fief d'Evoloko, céda la place au puissant Village Molokai où trônait désormais Papa Wemba son chef coutumier.

De 1977 à 1979, Evoloko perdit ses éléments les plus prometteurs au profit de de Papa Wemba. Son Isifi Meliodia fut donc condamné et finit par disparaître. En se cherchant un nouveau souffle, Evoloko voyagea en Europe pour les études, mais il retourna aussitôt à Kinshasa. En 1979, il chanta sans grand succès avec les Casques-bleus, - (on peut voir ici que l'idée de ba croix rouges se poindre, ce qui deviendra plus tard l'emblème des langa-langa stars). Tel un mauvais sort qui s'acharnait sur lui, il sut que pour lui point de salut en-dehors de Zaïko Langa Langa. Il décida donc d'implorer le retour dans Zaïko Langa Langa auprès de DV Muanda. Celui-ci n'avait pas le choix. La vague Viva-la-Musica qui avait déjà emporté le Isifi Mélodia et Yoka Lokole menaçait dangereusement Zaiko. Ce dernier en était même réduit à rechercher de la visibilité en s'affichant au groupe comic du trio Mangobo Monzali et Lokuli.

Evoloko fut donc très vite reintégré dans l'orchestre Zaïko Langa Langa. Encore une fois, il y apporta tout son immense talent. En fait tout semblait comme si Evoloko avait repris son succès là où il l'avait laissé en 1974 dans Zaïko Langa Langa. Bien entendu, avec la réintégration d'Evoloko Zaïko Langa Langa retrouva le succès et freina la menace que représentait Viva-La-Musica. En moins de deux ans, Zaiko produisit des chansons mémorables telles que Femme ne pleure pas (Manuako Pépé Felie), les sept sacrements (Evoloko), Obie (Nioka Longo), La Blondé (Bimi Ombalé), mais surtout Fièvre-Mondo (Évoloko), qui fut couronnée meilleure chanson de l'année 1980.

Le succès retrouvé ramena aussitôt son lot de problèmes pour Evolovo. Il refusa de jouer le deuxième ou troisième rôle derrière Nioka Longo. Après tout, celui-ci n'était même pas dans l'attaque chant, lorsque Evoloko régnait sur Zaiko au début des années 70 et d'ailleurs, il était la principale raison du succès de l'orchestre Zaiko en 1980-81. Mauvais calculs en effet, Evoloko décida encore une fois de quitter l'orchestre Zaiko, attiré par les promesses de Kiamuangana Verkys.

[modifier] L'éphémère Langa-Langa stars

En 1982, alors qu'il dominait encore une fois la scène musicale congolaise, Evoloko se laissa impliquer dans une conspiration concoctée par Kiamuangana Verkys pour enlever les meilleurs éléments de Viva-la-Musica et de Zaiko Langa-Langa et créer l'orchestre Langa-Langa Stars pour lequel Evoloko serait le meneur. On les appela les sept patrons et Evoloko devint le patron des patrons. Il se retrouva donc à la tête d'un des groupes musicaux les plus forts, mais aussi les plus éphémères de l'histoire de la musique congolaise. Les Langa-Langa Stars comptèrent en effet des musiciens tels que Dindo Yogo, Kisangani Espérant Djengaka, Djanana, Bozi Boziana, Roxy Tshimpaka et Djomali. Ce groupe fut un énorme succès notamment avec les chansons telles que Leya (Evoloko), Cherie Bakutu (Djomalie), Tantine Betena (Dindo Yogo), Solanga (Djanana), Tête africaine (Kisangani Esperant), La minionna (Bozi Boziana), Requiem (Evoloko), Soleil Adiata (Evoloko), Parapluie (Djanana), Moyeke (Evoloko), Péché Mortel (Kisanga Esperante) etc.

Néamoins les Langa-Langa Stars constituaient un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire de la musique congolais. Evoloko qui jadis dominait par son talent naturel, allait régner sur un orchestre qui lui était servi sur un plateau par Kiamuangana Verkys. Dès 1983, les patrons de Langa-Langa Stars commencèrent un par un à quitter le groupe, alors que le Choc Stars et Victoria Eleison prenaient désormais l'initiative musicale dans Kinshasa. L'épisode Langa-Langa Stars se termina donc avec le départ de Dindo Yogo pour Zaiko et le fracassante départ de Djanana et de Djomali, deux inconditionnels d'Evoloko, pour le groupe Choc stars en 1985.

[modifier] L'exile

L'histoire se répéta donc pour Evoloko. De 1986 à 1989 il s'employa à sauver ce qui restait de Langa-Langa Stars avec les recrutements de Mazeya, Coco Anana et de Dicky-le-roi. Evoloko chanta Rose de Paris, Doné, Fleure de Bangui et autre belles chansons, mais ses Langa-Langa Stars furent à leur tour condamnés à disparaître comme Isifi Mélodia en 1978. Sauf que cette fois-ci Evoloko lui-même se fit hara-kiri en s'exilant en Europe, comme en 1978 après la mort de Isifi Melodia. Il faut dire que la pression fut énorme. Le prévisible dénouement fut par ailleurs précipité par l'inexorable migration du marché de la musique locale congolais vers Paris et Bruxelles où Papa Wemba et Koffi Olomidé étaient déjà maîtres des lieux et solidement installés.

En Europe son objectif ne fut pas clair. Néanmoins il essaya d'y bâtir une présence. Alors il collabora avec Souzi Kaseya pour sortir 1989 l'album Mbongé. Ce dernier fut un succès considérable. Le problème était qu'Evoloko en tant que vedette avait moins de succès que son album. Souzi Kaseya qui en était le directeur artistique et promoteur était plus orienté vers le marché antillais où Evoloko était un parfait inconnu. Il decida de tenter la stratégie qui avait réussi pour Papa Wemba, celle de chanter avec Stravorss Niarcoss. Il chanta aussi avec Papa Wemba lui même dans l'album B-52. Toutes ses tentatives ne permirent pas à Evoloko de se bâtir une présence en Europe. Il commença alors ce qu'il appellera lui-même la traversée du désert. Un désert sans fin...

[modifier] L'éternel Perdant

Evoloko appartient à la classe musicale du fiesta, un style rythmique très apparenté à rythme Soul américain. (On se souviendra de la frappant similitude de ses mouvements de dance avec ceux du roi du soul, l'americain James Brown). Avec sa voix aiguë et limpide, très charmant, il est parvenu à créer toute une école. Ses pairs reconnaissent en lui, un des pionniers de la musique africaine moderne et la musique congolaise lui doit beaucoup.

Il est vrai que de nombreux musiciens congolais ont fourbi leurs armes à ses côtés avant d’atteindre aujourd’hui les rivages où ils sont. On citera des musiciens tels que Bozi Boziana, Djanana, Dido Yogo, Kisangani Espérant, Dindo-Yogo, Ben Nyamabo, etc. devenus de grandes vedettes après avoir évolué aux côtés d'Evoloko. Pourtant, Evoloko l'artiste apparaît pour bien de ses pairs comme un éternel perdant ! L'homme est conscient de son inimaginable échec. On l'entend en éffet chanter à qui veut l'entendre: « ...mokolo na ko zuwa, bayamba nga mpé lokola bango... » (le jour que je réusirai, on m'aclammera comme eux...). Eux auxquels il se refère sont bien évidemment les Papa Wemba, Nioka Longo , Koffi Olomidé, Bozi Boziana, etc. face auquels il a perdu le combat pour la gloire, l'amour des Congolais et la reconnaissance de ses pairs. Fait à noter : parmi les jeunes musiciens de la première génération qui ont quitté l'orchestre Zaïko Langa Langa, Evoloko est le seul à y être retourné, pour le quitter à nouveau, mais sans pouvoir maintenir un orchestre à lui. C'est pour cette seule raison que l'image du perdant lui colle à la peau.

[modifier] La décheance

L'exil Européen d'Evoloko durera quinze années, à travers lesquelles il deviendra la risée de la communauté congolaise de Paris et Bruxelles. En 2004 Il decida de retourner à Kinshasa, espérant relancer sa carrière. Mais Kinshasa tout comme le Congo ont bien changé. La ville est littéralement assiégée par de petits groupes musicaux contrôlés par des gros noms comme Papa Wemba, Madilu System, Koffi Olomidé, Nioka Longo, Tabou Ley, et bien sûr Verkys sans oublier les pôles des Wengé musica qui sont autant d'obstacles contre un éventuel retour d'Evoloko. Il faut aussi dire que la presse locale et l'opinion publique congolaise lui ont toujours été défavorables. Soulignons qu'une grande partie de cette opinion publique ne voit Evoloko le musicien qu'au sein de l'orchestre Zaiko. Nombreux aussi sont ceux qui ne lui ont jamais pardonné d'avoir comploté avec Verkys pour mettre fin à Viva la-Musica. Evoloko vit actuellement à Kinshasa où il purge une peine de 10 ans de prison pour une affaire de viol.

[modifier] Discographie

[modifier] Notes et références

[modifier] Liens externes