Emmanuelle (film)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Emmanuelle est un film érotique français, premier d'une longue série, réalisé en 1973 par Just Jaeckin.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Emmanuelle rejoint son mari Jean en poste en Thaïlande. Le climat, l'inactivité et sa propre nature l'amènent à s'ouvrir à de nouvelles expériences : de sa découverte d'un monde frivole et perverti, constitué par des jeunes européens désœuvrés, à son initiation par un quinquagénaire, Mario, réputé pour ses raffinements érotiques. « Il faudrait mettre le couple hors la loi » se répète en conclusion Emmanuelle.

[modifier] Résumé

Emmanuelle, une jeune femme aisée, rejoint son mari, un diplomate en poste à Bangkok. Le trajet l'ennuie et la belle oisive s'offre à deux passagers sans attendre l'atterrissage. L'ennui persistant, Emmanuelle use sans ménagement de la totale liberté qu'entend lui laisser son mari, soucieux d'amener sa femme à plus d'abandon. Elle fait la rencontre de deux jeunes femmes, Marie-Ange et Bee, qui l'initient aux jeux de l'amour. Emmanuelle découvre donc le goût des très jeunes filles en fleur, puis les séductions du sadisme bien tempéré avec Bee, avant de confier à l'inénarrable Mario, professeur d'érotisme réputé en Thaïlande, le soin de lui faire parcourir toute la gamme des plaisirs...

[modifier] Le projet

L'époque était à la libération des mœurs, mais le film érotique cherchait encore sa place entre une production de plus en plus hard et un cinéma traditionnel qui jouait avec la séduction. Le producteur Yves Rousset Rouard acquit les droits d'un roman à succès d'Emmanuelle Arsan, Emmanuelle, et en proposa l'adaptation à un jeune photographe de charme, Just Jeackin. Celui-ci n'avait qu'une expérience de la photographie et de la publicité. Le casting réunit une jeune actrice inconnue (et pour cause puisqu'il s'agit d'un modèle hollandais dont c'est le deuxième film : Sylvia Krystel) et un acteur de renom (Alain Cuny qui connut son heure de gloire avec Les visiteurs du soir de Marcel Carné).

[modifier] Le film et la censure

Emmanuelle, entouré d'un parfum de scandale, provoqua un vaste débat en France sur la censure des œuvres érotiques. Le film aurait dû, selon la première commission de censure en avril 1974, subir de nombreuses coupes. Cependant, la mort la même année du président de la République française, Georges Pompidou, changea la donne. Un nouveau secrétaire d'État à la Culture, Michel Guy, fut nommé en remplacement de Maurice Druon. Alors que ce dernier était pour la répression, allant jusqu'à l'interdiction et la censure, le nouveau ministre est lui plus modéré et affirmera : « Tous les films doivent pouvoir sortir sans distinction. Je ne me reconnais pas le droit d'interdire à des spectateurs adultes la possibilité de voir les films qu'ils désirent. En 1975, les gens choisissent ce qu'ils veulent voir et je dois les laisser libres ». Suivant la promesse du candidat Valéry Giscard d'Estaing d'abolir la censure, il décide alors de ne plus systématiquement suivre la commission, permettant ainsi au film de sortir en salles au prix de quelques coupes, mineures selon le producteur. Il sera simplement interdit aux moins de 16 ans.

La même aventure arrivera à sa suite, Emmanuelle 2.

[modifier] Le succès du film

Le film sort le 1er juin 1974 dans une combinaison importante (pour l'époque) de 18 salles, soit une capacité de 8 000 fauteuils sur la première semaine (à peu près l'équivalent de L'Arnaque ou du Retour du grand blond qui sortent la même année).

Après une première journée à 15 100 spectateurs à Paris-périphérie, le film réalisa la deuxième meilleure semaine de l'année avec 126 530 entrées. La baisse des semaines suivantes fut minime (105 671, 110 199 et 104 501 entrées). Au bout de 8 semaines, le score était de 745 000 spectateurs Paris-périphérie.

A partir de fin 1975, la loi instituant le classement X va relancer le succès de la production des films érotiques de luxe. En effet, privée de l'accès aux films X marqués d'infamie, une partie du public se retourne vers le film de charme. Emmanuelle devient le symbole du cinéma érotique acceptable.

Précurseur, le film de Just Jaeckin devint l'objet d'un culte à travers le monde. Aux États-Unis, Emmanuelle fut classé X, puis ressortit dans une version expurgée la même année. En 1978, c'était le plus gros succès d'un film francophone sur le sol américain. Le Japon fut également conquis (16 000 000$ de recette).

En France, le succès se transforma en triomphe historique. Au bout de quatre ans, le score était de 2 500 000 d'entrées à Paris et de 7 350 000 sur la France. Emmanuelle fut projeté pendant 553 semaines sur les Champs-Élysées (UGC Triomphe) ; les cars de japonais s'y succédaient et les petits français y accouraient dès qu'ils atteignaient leur majorité. Finalement, le film fut retiré en 1985 en ayant attiré 8 894 000 spectateurs en France. Le score sur Paris intra-muros est éloquent : 2 788 000 spectateurs alors que la population parisienne tourne autour de 2 000 000.

Des suites furent tournées avec toujours Sylvia Kristel en femme qui se libère (d'autres films essayèrent également de surfer sur la vague). Le succès était toujours là, du moins jusqu'au 4e épisode (en 1984) qui marque la dernière apparition de l'actrice hollandaise dans le rôle qui la rendit célèbre :

  • Emmanuelle 2 (557 000 spectateurs sur Paris-périphérie)
  • Good-bye, Emmanuelle (341 000 spectateurs)
  • Emmanuelle 4 (378 000 spectateurs).

Elle s'essaya au cinéma traditionnel (citons l'excellent Alice ou la dernière fugue en 1976) puis disparut. Elle revint dans les années 1990 en guest-star dans une série TV qui évoquait à nouveau les aventures érotiques de l'héroïne d'Emmanuelle Arsan.

Quant à Just Jaeckin, il connut encore le succès tant qu'il ne se détournait pas du genre : Histoire d'O ou Madame Claude. Il ne résista pas à la disparition du genre et abandonna le cinéma après l'échec de Gwendoline en 1984.

Depuis la carrière d'Emmanuelle appartient à la télévision qui le diffuse régulièrement en deuxième partie de soirée...

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Autour du film

  • Ce fut l'un des plus gros succès du cinéma français, attirant dans les salles françaises près de 9 millions de spectateurs et plus de 50 millions dans le monde. Le succès fut tel qu'une salle le programma à Paris pendant 10 ans, proposant en été un sous-titrage en anglais pour les touristes.
  • Ce succès initia durablement une série de films et téléfilms. Voir : Emmanuelle (série).
  • Just Jaeckin se vit confier l'année suivante l'adaptation d'un autre roman érotique célèbre, Histoire d'O, et se spécialisa sur le créneau des films érotiques « haut de gamme », retrouvant Sylvia Kristel en 1981 pour une adaptation de L'Amant de Lady Chatterley.

[modifier] Liens externes

Autres langues