ELF (moto)

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Le pétrolier français ELF s'engagea en compétition moto dans les années 70 et 80, avec des solutions techniques particulièrement innovantes, protégées par 18 brevets.

Le jeune ingénieur André de Cortanze travail pour Renault et son programme de Formule 1. Il est également fan de moto. Il s'aperçoit très vite qu'il y a un énorme fossé entre les techniques appliquées à la Formule 1 et à la moto. Les ingénieurs qui conçoivent les motos n'innovent plus depuis longtemps. Le cadre tubulaire ressemble toujours à celui de son ancêtre, le vélo, et en conserve le manque de rigidité. La fourche qui doit assurer à la fois le guidage et l'amortissement est, d'un point de vue mécanique, une aberration.

Les dirigeants de ELF demande donc à de Cortanze de créer une moto regroupant les innovations de la F1.

Le cadre est supprimé, le moteur assure la rigidité, les suspension s'ancreront dessus. La fourche aussi est remplacée, par un double triangle superposé et un système de levier et biellettes pour la direction. Pour abaisser le centre de gravité et faciliter la mise sur l'angle, le réservoir d'essence est placé sous le moteur. Le carénage intégral est donc de mise pour présenter le meilleur coefficient de pénétration dans l'air possible.

S'adjoignant les services du dessinateur Daniel Tréma ,la gestation de la première moto durera 3 ans. En 1979 apparait donc la ELFx. Elle un moteur Yamaha de 750 cm³ à refroidissement liquide. Les meilleures pièces sont utilisées, les freins sont estampillés Lockheed, les suspensions De Carbon F1. Pour une moto aussi innovante, il faut un pilote de talent. C'est Michel Rougerie qui est choisi pour mettre au point la machine.

Les solutions retenues rendent la moto trop délicate à piloter et les ingénieurs doivent encore travailler.

L'ingénieur japonais Hirimajiri, ayant participé au développement des Honda de F1, se montre très intéressé par le projet et propose un partenariat. Honda fournira des moteurs.

En 1980, apparait donc la ELFe, muni d'un moteur d'un litre. Elle est conçu comme une véritable machine d'endurance. Son carénage a été étudié en soufflerie. Les pilotes officiels sont Christian Le Liard et Walter Villa. Malheureusement, les contraintes auxquelle les suspensions soumettent le moteur porteur influent sur celui-ci, et la fiabilité s'en ressent. De nombreuses casses émaillent la saison, et les résultats sont moyens.

Mais, les avancées techniques sont néanmoins impressionnantes. Après une visite à Paris, Soïchiro Honda s'en prendra même à ses nombreux ingénieurs qui, en dix ans, avaient moins innovés qu'un ingénieur et un dessinateur français.

La réduction de la limite de cylindrée pour les machines d'endurance met fin à la carrière de la ELFe. Qu'à celà ne tienne, l'écurie engagera une moto en Championnat du monde 500 cm³. La ELF2 est présentée à l'occasion du Grand Prix de France au Castellet en 1984. Elle a été réalisée en seulement trois mois. Le moteur Honda est une trois cylindres en V, deux temps de 120 chevaux. La moto ne remportera pas de points, bien qu'ayant un très bon comportement.

En 1986, Serge Rosset intègre l'équipe de développeur. André de Cortanze part chez Peugeot, participer au développement de la Peugeot 205 Turbo 16. La ELF3 est la remplaçante de le ELF2. La ELF3 remporte sa première victoire au Grand Prix de Macao, pilotée par Ron Haslam.

La même année, Tréma reçoit un très grand honneur, il est le premier étranger à obtenir le droit de travailler dans les bureaux d'étude Honda. La ELF4 en résulte, équipée d'un quatre cylindres en V.

En 1987, ELF cède 13 des 18 brevets qu'ils détiennent à Honda, avec, par exemple le système de monobras arrière. On retrouve cet héritage dans les monobras des VFR RC36 et RC46.

La même année, la ELF5 prend la suite de la ELF4, avec le même moteur. Le manque de puissance du moteur et les soucis de santé de Ron Haslam ne permettent à l'écurie que de se hisser à la onzième place du championnat du monde.