Edme Castaing

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Edme Castaing (1796–1823) était un médecin français[1] qui est considéré comme le premier meurtrier connu à avoir assassiné des personnes en utilisant de la morphine[2].

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Castaing est né à Alençon en France. Il était le plus jeune des trois fils d'un Inspecteur général des Forêts[3]. Il fit ses études secondaires à Angers où il se montra un élève très brillant puis ses études de médecine à Paris où il obtint son doctorat en 1821. Il s'intéresse à l'anatomie, la botanique, la chimie et surtout aux poisons. Il est décrit comme dévoré d'ambition et menant une vie très libertine au grand désespoir de ses parents. Il était père de deux enfants qu'il avait eus avec la veuve d'un juge. Sa situation financière était très mauvaise et elle fut encore aggravée par le fait qu'il se soit porté garant pour un emprunt de 600 francs fait par un de ses amis en 1818 et qu'il lui fallut rembourser en 1820[3].

[modifier] Meurtrier

Il se lia d'amitié avec deux jeunes frères, fils d'un riche notaire décédé, Hippolyte et Auguste Ballet. Le 5 octobre 1822 Hippolyte mourut brutalement d'une maladie soudaine laissant 260 000 francs à partager entre son frère Auguste et leur soeur. Castaing, qui avait soigné Hippolyte et un autre médecin firent une autopsie qui révèla que le patient était mort d'une pleurésie tuberculeuse[3]. Lorsqu'il fut jugé par la suite on apprit qu'il s'était procuré 600 mg de morphine pour son patient le 18 septembre[3].

Deux jours plus tard, le 7 octobre, Auguste retira 100 000 francs en liquide de ses comptes qu'il remit par la suite à Castaing. Auguste aurait expliqué que cet argent avait été versé comme pot-de-vin au notaire chargé de la succession pour détruire un testament fait par Hippolyte qui favorisait sa soeur[3]. Cependant le 10 octobre, Castaing plaça 66 000 francs en banque, le 11, il envoya 30 000 francs à sa mère et le 14 il donna 4 000 francs à sa maîtresse[3].

Le 1er décembre 1822, Auguste, 24 ans, bien portant, fit un testament qui faisait de Castaing son légataire universel. Ce testament fut déposé chez un notaire le 29 mai 1823. Le même jour, Castaing et Auguste Ballet partirent ensemble passer deux jours à la campagne à Saint Cloud où Auguste tomba malade le 30. Castaing s'était procuré ce jour là 5 grammes de morphine chez deux pharmaciens parisiens lors d'un voyage fait dans la journée[3]. Le lendemain, le 1er juin, Auguste mourut dans de fortes souffrances à l'"auberge de la Tête Noire" où ils étaient descendus. Castaing fut arrêté le jour d'après et une autopsie fut faite. Bien que l'autopsie ne put rien montrer de suspect sur les circonstances de la mort d'Auguste, Castaing ne fut pas relâché.

[modifier] Procès

Castaing fut gardé en prison à Paris pendant les cinq mois que dura l'enquête. Les trois premiers jours Castaing simula la folie mais très rapidement ensuite il retrouva tous ses esprits. Il fut ensuite incarcéré à la prison de Versailles[3].

Son procès commença devant la Cour d'assises de Paris le 10 novembre 1823 et dura huit jours[3]. Il était accusé du meutre d'Hippolyte Ballet, de la destruction du testament de ce dernier et du meutre d'Auguste Ballet. Les trois affaires furent jugées simultanément. L'acte d'accusation comportait une centaine de pages[3].

Castaing fut défendu par deux avocats, Roussel, un de ses anciens camarades d'école et Pierre-Antoine Berryer[3]. Berryer fit part au tribunal de sa propre expérience de la morphine expliquant qu'il avait mis deux milligrammes de morphine dans une cuillère à soupe de lait et qu'il avait trouvé celà tellement amer qu'il avait du le recracher.

On n'avait pas trouvé de morphine à l'autopsie des cadavres mais on ne savait pas la détecter à l'époque et les opinions médicales différaient sur la nature des poisons utilisés dans les deux meutres. Le jury délibéra deux heures. Il reconnut Castaing innocent du meurtre d'Hippolyte mais coupable de la destruction de son testament et coupable (par sept voix contre cinq) du meurtre d'Auguste.

Lorsque le Président de la cour d'assises lui demanda s'il avait quelque chose à ajouter, Castaing déclara:

"Non, monsieur, non, je n'ai rien à dire contre l'application de la peine qui me frappe; je saurai mourir, quoiqu'il soit bien malheureux de mourir, plongé dans la tombe par des circonstances aussi fatales que celles où je suis. On m'accuse d'avoir lâchement assassiné mes deux amis, et je suis innocent... Oh ! oui, je le répète, je suis innocent ! Mais il y a une Providence, il y a quelque chose de divin en moi, et ce quelque chose ira vous trouver, Auguste, Hippolyte. Oh ! oui, mes amis, oh ! oui, mes amis, oui, je vous retrouverai, et je regarde comme un bonheur d'aller vous rejoindre. Après l'accusation qui a pesé sur moi, rien d'humain ne me touche. Maintenant, je n'implore pas la miséricorde humaine, je n'implore que ce qui est divin ; je monterai courageusement sur l'échafaud : l'idée de vous revoir m'encouragera ! oh ! mes deux amis, elle réjouira mon âme, au moment même où je sentirai... Hélas ! il est plus facile de comprendre ce que je sens que d'exprimer ce que je n'ose prononcer..."

.Puis, d'une voix plus faible :

" Vous avez voulu ma mort, messieurs ; je suis prêt à mourir, me voici."

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[modifier] Exécution

Après le rejet de son pourvoi en cassation et une tentative de suicide ratée (un de ses amis lui avait apporté du poison caché dans une montre) il fut guillotiné sur la place de Grève le 4 décembre 1823 à quatorze heure quinze[3].

[modifier] Références

  • Alexandre Dumas - Mes Mémoires - chapître XCI - L'auberge de la Tête-Noire. [1]
  1. The Story of Opium
  2. Mingo, Jack, "Doctors Killed George Washington - Hundreds Of Fascinating Facts From The World Of Medicine", Conari Press (2001). P 104
  3. abcdefghijkl http://infomotions.com/etexts/gutenberg/dirs/etext96/rcrim10.htm Irving, Henry Brodribb, "A Book of Remarkable Criminals"
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