Dogville

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Dogville
Titre original Dogville
Réalisation Lars von Trier
Durée 2h58
Sortie 19 mai 2003 (Festival de Cannes)
Langue originale Anglais
Pays d'origine Danemark Danemark
Suède Suède
France France
Norvège Norvège
Pays-Bas Pays-Bas
Finlande Finlande
Allemagne Allemagne
États-Unis États-Unis
 Grande-Bretagne

Dogville est un film de Lars von Trier réalisé en 2003, avec Nicole Kidman, Paul Bettany, Lauren Bacall, Stellan Skarsgård, James Caan et bien d'autres. C'est une parabole utilisant un décor minimal pour raconter l'histoire d'une jeune fille, Grace, une fugitive se réfugiant dans la ville de Dogville.

Le film est le premier de la trilogie intitulée USA-Land of Opportunities suivi de Manderlay (février 2005), et Wasington (en préparation).

Dogville a fait parti de la sélection officielle du festival de Cannes 2003.

Sommaire

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Dogville
  • Titre original : Dogville
  • Réalisation : Lars von Trier
  • Scénario : Lars von Trier
  • Production : Vibeke Windeløv
  • Musique : Antonio Vivaldi
  • Photographie : Anthony Dod Mantle
  • Film danois
  • Date de sortie en France : 19 mai 2003 (Première)
  • Genre : Dramatique
  • Durée : 178 min. (2h58)
  • Budget : 10'000'000$

[modifier] Distribution

[modifier] Mise en scène

L'histoire de Dogville est narrée par John Hurt en neuf chapitres et se déroule dans un décor minimal : Quelques murs et meubles sont placées sur scène, le reste étant simulé par des lignes blanches tracées par terre, ainsi qu'une légende pour certains objets. Par exemple, les groseilliers sont représentés par des cercles, et le texte "Groseilliers" est inscrit à côté. Si ce type de mise en scène est largement utilisé en théâtre noir , c'est la première fois qu'on peut en voir l'utilisation dans un film. Cette mise en scène a été choisie afin de porter l'attention sur les acteurs et l'histoire.

Le film a été tourné à Trollhättan, en Suède.

L'histoire de Dogville est racontée en neuf chapitres avec une brève description de chaque chapitre donnée avant sa diffusion.

[modifier] Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

[modifier] Prologue

Dogville est une petite ville américaine située dans les Montagnes Rocheuses avec comme voie d'accès une unique route. Le film débute par un prologue dans lequel nous faisons connaissance avec la vingtaine d'habitants qui constitue la bourgarde. Ils sont présentés comme des gens chaleureux dont les petits défauts sont faciles à oublier.

La ville est vue du point de vue de Tom (Paul Bettany), un écrivain en herbe qui tergiverse en essayant de réunir ses concitoyens à des réunions périodiques. Il est évident que Tom veut succéder à son père en tant que guide moral et spirituel de la ville.

[modifier] Chapitre 1

In which Tom hears gunfire and meets Grace (Dans lequel Tom entend des coups de feu et fait la rencontre de Grace.)

Tom fait la rencontre de Grace (Nicole Kidman), qui est poursuivie par des gangsters lui tirant dessus. Grace, une belle mais modeste femme, veut continuer sa fuite, mais Tom lui assure qu'elle ne pourra continuer que difficilement son chemin sur la montagne qui devient dangereux. Pendant qu'ils parlent, les gangsters s'approchent de la ville. Tom cache alors rapidement Grace dans la mine de charbon située à l'entrée de la bourgade. Un des gangsters demande à Tom s'il n'aurait pas vu la jeune femme qu'ils cherchent, qui décline, alors le gangster lui promet une récompense s'il vient à la voir, et lui donne une carte avec un numéro de téléphone auquel il pourra appeler.

Tom décide d'utiliser Grace comme "illustration" pour sa prochaine réunion, une manière de prouver à ses concitoyens qu'ils sont engagés aux valeurs d'une communauté en aidant la jeune femme. Ils demeurent sceptiques, alors Tom propose de laisser à Grace une deuxième chance pour prouver que c'est une bonne personne. Grace est acceptée pour deux semaines, pendant lesquelles Tom lui explique qu'elle doit convaincre les citoyens de la cité de l'aimer.

[modifier] Chapitre 2

In which Grace follows Tom's plan and embarks upon physical labour. (Dans lequel Grace suit le plan de Tom et entreprend des labeurs physiques.)

À la suggestion de Tom, Grace offre ses services et effectue des tâches comme parler à Jack McCay (Ben Gazzara), aveugle, aider à gérer le petit magasin, surveiller les enfants de Chuck (Stellan Skarsgård) et Vera (Patricia Clarkson), etc. Après quelques réticences, les habitants acceptent de l'aider en échange de ces corvées superflues mais qui rendent néanmoins la vie meilleure. Elle devient alors une citoyenne de la ville. Après les deux semaines, tout le monde est d'accord sur le fait qu'elle peut rester.

[modifier] Chapitre 3

In which Grace indulges in a shady piece of provocation. (Dans lequel Grace fait l'objet de provocations douteuses.)

Sur un commun accord tacite, elle continue ses corvées qu'elle fait avec plaisir et est, par ailleurs, payée modestement en retour. Grace commence même à se lier d'amitié avec certains des habitants de Dogville, dont Jack McKay, un vieil homme aveugle qui prétend ne pas l'être ; Grace réussit à lui faire admettre qu'il l'est.

[modifier] Chapitre 4

Happy times in Dogville. (Joyeuse période à Dogville.)

Mais lorsque la police vient à Dogville, et place une affiche Portée disparue de Grace sur l'église, l'humeur générale s'obscurcit. Vont-ils coopérer avec la police ?

[modifier] Chapitre 5

Fourth of July after all. (Le 4 juillet finalement.)

Mais les choses se passent normalement jusqu'au 4 juillet, fête nationale. Tom avoue maladroitement son amour pour Grace, et les habitants lui font comprendre que la vie dans la ville s'est améliorée grâce à elle. Puis la police revient, et poste une affiche Wanted : Grace est recherchée pour une affaire de vol bancaire. Tout le monde convient qu'elle doit être innocente puisqu'à cette date là elle accomplissait quotidiennement les corvées pour les habitants.

Néanmoins, Tom argumente sur le fait qu'étant donné le risque accru que prend la ville à la cacher, Grace doit quid pro quo faire plus de tâches. À partir de là, ce qui était un accord tacite bénévole tend à devenir une contrainte puisque Grace est réticente à cette idée. Toutefois, puisqu'elle est redevable envers Tom, et qu'elle ne veut pas lui déplaire, elle accepte.

[modifier] Chapitre 6

In which Dogville bares its teeth. (Dans lequel Dogville dévoile ses dents.)

À ce stade, la situation se détériore : Durant ses corvées additionnelles, Grace fait immanquablement quelques erreurs, mais les gens chez qui elle travaille sont indifféremment irrités par ce nouveau train de vie et rejettent tout sur Grace. La situation s'intensifie plus ou moins, avec les avances sexuelles de plusieurs des hommes de la ville, et les exigences abusives et asymptotiques des femmes. Même les enfants s'y mettent : Jason, certainement le plus petit des enfants de la ville (10 ans), l'enfant de Chuck et Vera, demande à Grace de lui donner des fessées. Ce, jusqu'à ce qu'elle accepte plusieurs de ces provocations. Par la suite, Chuck, en rentrant chez lui, lui fait chantage : soit elle le laisse la violer soit il donne son foulard (preuve qu'elle est là) au policiers qui sont dehors. Elle accepte le chantage sur le coup, et se fait donc violer. Ces situations l'obligent à se défendre de l'exploitation des autres...

[modifier] Chapitre 7

In which Grace finally gets enough of Dogville, leaves the town, and again sees the light of day. (Dans lequel Grace décide finalement de quitter Dogville afin de voir à nouveau la lumière du jour.)

Après discussions avec Tom sur les possibilités qu'elle a de s'échapper, Grace est blâmée par Vera à cause des fessées données à Jason, et pour faire, soit-disant, de l'œil à son mari Chuck. Vera menace Grace de détruire ses poupées en porcelaine qu'elle a achetées en ville (fabriquées artisanalement) grâce à son maigre salaire (économisé). Grace lui demande grâce, rappelant à Vera combien cette dernière était contente lorsque, autrefois, la fugitive fit comprendre la doctrine stoïcienne à ses enfants. En réponse, Vera défie Grace d'appliquer celle-ci en ne pleurant pas à la destruction de deux de ses figurines (sept en tout), auquel cas elle les détruira toutes. Mais Grace fond en larme, alors Vera les détruit toutes. Le symbole de son appartenance à la ville est détruit, elle sait maintenant qu'elle doit partir. Avec l'aide de Tom et de Ben, le propriétaire du camion des transports, elle tente de s'échapper dans son camion à pommes, opportunité dont Ben profitera pour lui faire payer un supplément en nature (« Ce n'est pas personnel. Je... dois juste appliquer les tarifs »), pour finalement la faire revenir à Dogville sans qu'elle le sache, en prétextant qu'elle s'est cachée à son insu dans son camion.

La ville convient qu'elle ne doit plus s'enfuir. L'argent que Grace a utilisé pour payer Ben a été volé par Tom à son père (sans qu'elle le sache, elle croyait qu'il l'avait emprunté), Grace est accusée. Tom refuse d'avouer sous prétexte que c'est de cette seule manière qu'il pourra protéger Grace sans que ses concitoyens ne le suspectent. De là, le statut de Grace est définitivement considéré comme esclave, car elle est colletée par une chaîne au cou à une lourde roue en métal qui l'empêchera de passer par des chemins non plats (donc hors des frontières la ville). Plus humiliant encore : autour de son collier, une cloche.
Elle est l'esclave sexuel et ménager de toute la ville. Tom est le seul homme de la ville à ne pas la violer.

[modifier] Chapitre 8

In which there is a meeting where the truth is told and Tom leaves (only to return later). (Dans lequel une réunion est organisée où toute la vérité sera dite, et où Tom part (pour revenir plus tard).)

Une réunion est organisée par Tom dans laquelle Grace raconte tout la vérité, tout ce qu'elle aura enduré de la part de tout le monde dans la ville, puis elle part dans sa chambre. Gênée et totalement pas d'accord, la population de Dogville décide qu'il faut se débarrasser d'elle. Lorsque Tom se rend dans la chambre de Grace, il tente de faire l'amour avec elle, étant le seul homme adulte à ne pas avoir eu de relation sexuelle avec elle. Mais Grace refuse. Tom sort, appelle personnellement les truands, et plus tard propose par un vote unanime que Grace doit être enfermée à clé dans sa cabane-chambre.

[modifier] Chapitre 9

In which Dogville receives the long-awaited visit and the film ends. (Dans lequel Dogville reçoit la visite tant attendue et où le film finit.)

Lorsque les gangsters arrivent finalement, ils sont accueillis chaleureusement par Tom, et un comité impromptu composé des autres gens de la ville. Grace est affranchie et on apprend finalement qui elle est vraiment : la fille du patron des gangsters. Elle s'était enfuie parce qu'elle n'aime pas le sale boulot de son père. Son père la confronte dans sa cadillac et lui dit qu'elle est arrogante de ne pas considérer les autres comme elle se considère, du point de vue des bonnes actions/mauvaises actions. Dans un premier temps, elle refuse d'écouter, mais elle regarde les gens de la ville, elle est obligée d'approuver : elle voudrait condamner tous ces gens aux pires punitions si elle les considérait comme eux l'ont considérée, et il serait inhumain qu'il n'en soit pas ainsi.

Alors elle accepte de redevenir la fille de son père, et sa première demande au pouvoir sera d'éliminer la ville. En particulier, elle donne l'ordre de faire brûler les enfants de Vera, et de lui dire que si elle ne pleure pas, ils arrêteront.

Le film se termine dans un crescendo de violence, la ville est brûlée et chaque citoyen de la ville —femmes et enfants inclus— est brutalement assassiné par les gangsters sur l'ordre direct de Grace. Tous, sauf Tom qui est tué par Grace elle-même. Alors que les cendres de Dogville fument derrière elle, elle découvre le dernier survivant de Dogville : Moïses, le chien de Dogville...

[modifier] Analyse

Dogville est une histoire où se représente magistralement l'essence de la condition humaine dans chacun des acteurs du film. De l'humble agriculteur, la professeur érudite ou l'aveugle marginalisé, tous partagent cette tendance, partie intrinsèque de l'histoire et du métaphysique humain, d'utiliser vilement son pouvoir sur les autres. Pouvoir voilé, démasqué par l'épais manteau d'une société endogame et transformée en répression.

On pourrait tracer les histoires de forme séquentielle comme une courbe de Gauss : avec la venue de Grace, la courbe tourne, comme les sentiments et les valeurs positives de la première moitié du film, l'amitié, la bonté, l'espoir ; cette courbe se tord juste au milieu et au commencement de l'affaissement, où croissent ces aspects cachés qui gouvernent les comportements des habitants de Dogville, la répression, l'humiliation et l'abus... Finalement, Grace dit toute la vérité, nature de l'être humain et l'assimilation lorsqu'elle ordonne d'assassiner tous les habitants.

Le rôle de Tom est sans doute remarquable. Donné pour illustrer à la communauté la quête d'une moralité supérieure, il se présente comme un spectateur plus que les faits, incapable de leur faire face et soumis dans une situation hypocrite que malgré tout il ne cherche pas à rationaliser. C'est l'unique qui mourra directement des mains de la protagoniste.

Dogville est un de ces films qui ne laisse indifférent personne. Cet art est de temps en temps exploité, puis apparaît un petit bijou qui démontre que tout n'a pas été inventé. Dogville lance comme un dard l'essence même de l'esprit humain. C'est une allégorie sur la société et, plus largement, sur les états et gouvernements. La marge d'interprétations est étendue et suscite chez le spectateur ces questions essentielles réalisées depuis le commencement des temps et qui nous fait humains.

On parle bien sûr d'une mise en scène détaillée, dans la forme et dans le fond, avec des tendances théâtrales. En référence au décor, toutes les histoires s'étendent depuis le même endroit, Dogville, construite par un décor intérieur d'une forme très particulière : les metteurs en scène ont omis tous les murs et objets superficiels du peuple, et à leurs places, ils ont représenté des lignes tracées sur le sol noir. Chaque zone délimitée est signalée par son nom, comme par exemple “Maison de Tom Edison”, la “Rue de l'Ormeau”, etc. C'est un pari risqué, tant du point de vue esthétique que thématique, mais la magnifique atmosphère décadente et claustrophobe que la scène acquiert font oublier au spectateur le manque des meublage et centrent l'attention sur les personnages et les dialogues. Il n'y a pas un seul détail capricieux, de la lumière aux plans, incluant l'affiche à l'entrée de la mine du peuple dictum ac factum, reflet de l'humeur ironique et noir qui se retrouve dans tout le film.

Une expérience cinématographique de forme singulière, écrite et dirigée par Lars von Trier, cofondateur du mouvement Dogme95. Il n'entrave pas cette œuvre, il n'obéit pas à toutes les règles de son propre manifeste ou simplement, il les a arrangé à sa manière. Entre autres motifs, il a été critiqué très négativement dans quelques secteurs ; mais sa forme avant-gardiste, innovante et toujours polémique de faire du cinéma a récolté de magnifiques opinions parmi les critiques, premier parmi les concours le plus prestigieux et les plus importants, succès auprès du grand public. Sans doute cet auteur, comme tous les artistes qui furent capables de rompre les moules et d'inventer de nouvelles formes, se convertira (ou peut-être l'est-il déjà) en une référence mondiale dans sa discipline[réf. nécessaire].

[modifier] Liens externes


Films de Lars von Trier
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