Did Marco Polo go to China ?

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En 1995, Frances Wood, directrice du département de sinologie à la British Library est l'auteur d'un ouvrage, Did Marco Polo go to China ?, dans lequel elle s'interroge sur la véracité du séjour de Marco Polo en Chine. Une grande partie de son argumentation est construite sur des particularités chinoises qui auraient dû surprendre le voyageur vénitien qui pourtant n'en fait aucune mention dans sa relation de voyage, ainsi il ne parle pas de la Grande muraille de Chine, de l'imprimerie, de l'importance du porc dans l'alimentation, de la pêche au cormoran, de l'écriture idéographique, de l'usage courant du thé, des pieds déformés des femmes, alors qu'il disserte sur les diverses variétés de vin chinois, du charbon et du papier monnaie. De plus, alors qu'il prétend avoir occupé le poste de gouverneur de la ville de Yangzhou, il n'est cité dans aucune chronique chinoise.

Pour Frances Wood, Marco Polo serait resté en Perse ou dans la région de la mer Noire où se trouvaient des établissements commerciaux fréquentés par les Polo. Là, il aurait bâti son récit à partir de plusieurs relations de voyage arabes ou perses destinés aux commerçants parcourant la Route de la soie qu'il trouva sur place et des descriptions fournies par des voyageurs. De nombreux auteurs ont depuis critiqué cette hypothèse et Weng Yi a parcouru 20 000 kilomètres dans ses pas. La muraille visible d'aujourd'hui date des Ming (1368-1644). Polo n'a pas bu de thé vert car il vivait avec les Mongols, les maîtres de la Chine, qui avalaient leur breuvage avec du lait. Quant aux femmes chinoises et leurs petits pieds, elles demeuraient cloîtrées. On ne les voyait jamais dans la rue... Surtout, l'hypothèse de Frances Wood se heurte à deux arguments :

  • la chronique vénitienne signale des traces matérielles du voyage de la famille Polo : allusion à des serviteurs "Tartares" dans son testament, deux plaques en or ramenées de l'Empire mongol
  • vu la fréquence des voyages des commercants vénitiens dans la région, on imagine mal que trois représentants d'une famille aussi connue que les Polo aient pu séjourner de 1271 à 1295 dans un comptoir (non compris le premier voyage du père et de l'oncle de Marco, avant celui où il les a accompagnés) sans que leurs compatriotes l'aient su. Ils se seraient aperçus de la supercherie lorsque les Polo auraient prétendu avoir passé tout ce temps en Chine.

En revanche, certaines inexactitudes ou certains "embellissements" du récit de Marco Polo pourraient être dûs à l'influence de son co-auteur. En effet le "Devisement du Monde" a été rédigé en cellule à Gênes. Pris dans une bataille, Marco a dicté ses mémoires à son co-détenu, Rustichello qui était un écrivain professionnel pisan, prisonnier, lui, depuis une guerre entre Gênes et Pise et spécialisé dans les récits merveilleux et les histoires de chevalerie.