Défense française

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Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.

La défense française est une ouverture du jeu d'échecs.

Très populaire à tous les niveaux de la compétition, la défense française s'obtient après les coups 1.e4 e6. Elle se poursuit dans 90% des cas par 2.d4 d5 qui constitue la partie française

Cette ligne était connue depuis la Renaissance (traité de Damiano). Mais elle est dénommée ainsi en souvenir du match par correspondance en 1834 entre le Westminster Club de Londres contre le Cercle parisien de La Régence. À la première partie, les Anglais tirèrent les premiers par e4, les Français répondirent par le coup inhabituel (à l'époque) e6. La partie se poursuivit par une variante d'échange que les Noirs remportèrent en 30 coups.


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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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Elle est subdivisée en de nombreuses variantes parmi lesquelles :

  • la variante Tarrasch (créée par Siegbert Tarrasch)
  • la variante Winawer
  • la variante d'avance
  • la variante classique
  • la variante d'échange

Sommaire

[modifier] La variante Tarrasch

1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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La défense française après 1.e4 e6 2.d4 d5

Ce coup, qui évite les complications de la variante Winawer, fut une des armes préférées du 12e champion du monde Anatoli Karpov. Sur cette variante, les Noirs ont trois possibilités :

  • 3...c5
  • 3...Cf6
  • 3...dxe4

Le coup 3...dxe4 introduit la variante Rubinstein (elle intervient aussi après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4) qui a la réputation d'être solide mais passive, et qui est parfois utilisée en vue d'obtenir la partie nulle.

Sur 3...c5, le coup naturel 4.c3, qui défend le centre, est fautif : il pourrait suivre 4...cxd4 5.cxd4 Cc6 et les Noirs ont de la pression sur le pion d4 et la possibilité d'isoler à un moment opportun le pion d par un échange en e4. En revanche, les Blancs peuvent soit défendre leur centre par Cgf3, soit chercher à isoler potentiellement le pion d des Noirs par exd5. Une variante typique est 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 exd5 5.Cgf3 Cc6 6.Fb5 Fd6 7.dxc5 Fxc5 8.o-o Cge7 9.Cb3 Fd6

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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Après 9...Fd6

Les Noirs ont un pion dame isolé qui peut être source de problème en finale. Comme souvent dans ce genre de situation, ils ont en contrepartie un jeu de pièces plus libre. Cette position fut ardemment disputée lors du match de finale des candidats Karpov-Kortchnoï de 1974, mais Karpov ne parvint pas à briser la résistance noire. Néanmoins, il n'est pas du goût de tous les joueurs d'assumer une faiblesse structurelle aussi importante qu'un pion dame isolé dès le septième coup. C'est pourquoi les Noirs choisissent souvent, soit d'éviter 3...c5, soit de reprendre en d5 avec la dame. Après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 Dxd5 5.Cgf3 cxd4 6.Fc4 Dd6 les Noirs ont évité toute faiblesse, mais l'exposition prématurée de la dame noire permet aux Blancs de développer plus vite leur jeu. Les Noirs vont entreprendre d'achever leur développement tandis que les Blancs vont tenter de profiter de leur avantage dynamique pour générer des menaces.

Sur 3...Cf6, les Blancs doivent chasser le cavalier noir pour prendre de l'espace ; ils jouent donc e5. Les Noirs rentrent donc leur cavalier en d7. Et les Blancs poursuivent par Fd3 qui permet de placer le fou sur une bonne diagonale (orienté dans le même sens que la chaîne de pions). Les Noirs vont faire monter la pression sur le pion d4 en jouant c5 que les Blancs vont contrer par c3. Les Noirs vont encore menacer la case d4 par Cc6 et les Blancs répondent donc Ce2. Les Noirs jouent Db6 pour la même raison et là, les Blancs jouent Cf3 pour maintenir d4 et les Noirs ont deux possibilités (les coups sont : 1. e4 e6 2. d4 d5 3. Cd2 Cf6 4. e5 Cd7 5. Fd3 c5 6. c3 Cc6 7. Ce2 Db6 8. Cf3 (diagramme)) :

8...f6 
(la suite de la variante est 9. Cf4 cxd4 10. Dh5+ g6 11. Cxg6 hxg6 12. Dxh8 : les Blancs ont gagné la tour noire, mais il devront perdre un temps pour dégager leur dame ; les Noirs ont tout de même beaucoup de jeu malgré la perte de leur tour)
8...cxd4 
(les Blancs reprennent en d4 et les deux camps vont attaquer parallèlement : les Noirs sur l'aile dame, les Blancs sur l'aile roi)


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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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Après 7...Db6

Une quatrième réponse à la variante Tarrasch, 3...Fe7, connaît, depuis la fin des années 1990, une grande popularité. Ce coup paradoxal ne contribue pas immédiatement à l'attaque du centre blanc ; il permet aux Noirs de choisir leur plan de développement après seulement que les Blancs ont un peu plus révélé leurs intentions. Par exemple, dans la variante commençant par 3...Cf6, les Blancs aiment souvent pousser tôt ou tard le pion en f4. Mais après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 Fe7 4.Cf3 Cf6 ce n'est plus possible.

[modifier] La variante Winawer

1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Fb4

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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La variante Winawer après 3...Fb4

Voici la position de base de la variante Winawer. Les Blancs possèdent un cavalier en c3 cloué et n'ont plus la possibilité de pousser leur pion en c3 afin de stabiliser le cas de leur pion d4. Néanmoins, cette variante est très intéressante puisque les variantes sont nombreuses et souvent tranchantes.

Il existe une grande ligne :

  • 4.e5

Ce coup crée une formation de pions blancs qui avec ses homologues noirs ferment le jeu. Néanmoins, dans cette variante l'impossibilité de la poussée du pion c est criante et il doit y être remédié grâce à d'autres points. En effet, le départ du fou f8 cause l'affaiblissement de la case g7, cela permet dans la plupart des variantes à la dame blanche de se placer en g4 afin de contrecarrer les menaces noires à l'aile dame. Après la continuation 4... c5, les Noirs profitent logiquement de l'affaiblissement du pion d4 en l'attaquant de manière directe. Les Blancs répondent dans la majorité des cas par la poussée du pion en a3 5.a3, la pression est très forte et des mesures radicales doivent être prises d'où ce coup de pion. Après les suites forcées 5... Fxc3 6. bxc3, les Noirs ont désormais deux grandes possibilités soit profiter de la structure blanche à l'aile dame très faible par le direct 6... Dc7, soit développer tout d'abord leur aile roi par 6... Ce7 puis profiter plus tard de l'affaiblissement de l'aile dame blanche. Dans les deux cas, les Blancs répondent par 7.Dg4 afin d'attaquer la faiblesse en g7. Cette bataille aile-dame et aile-roi est très tranchante et les deux camps doivent se préparer à un duel intense.

D'autres lignes sont jouables :

  • 4.Cge2 qui laisse le pion e4

Sur 4.e5, les Noirs jouent c5 pour miner la chaine de pions. Les Blancs doivent alors chasser le fou noir qui devient très gênant. Ils jouent donc a3. Les Noirs échangent leur fou en c3 pour créer des pions doublés. Ils peuvent aussi tenter Fa5 et les blancs sacrifient leur pion en jouant b4 pour se débarrasser du clouage et pour ouvrir la colonne b.



[modifier] La variante d'avance

Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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La variante d'avance après 3.e5

Une chaîne de pions a été formée, il faut noter que cette dernière ferme le jeu. Ainsi, dans la plupart des cas, les Noirs peuvent se permettre de retarder leur développement afin de satisfaire d'autres facteurs stratégiques comme l'échange du mauvais fou de cases blanches avec son homologue. Le principe est le même que sur la variante Tarrasch, les Blancs consolident leur chaîne de pions par c3 tandis que les Noirs entament une pression sur le pion blanc en d4 et les blancs défendent de la même façon.

Dans la plupart des cas, les Blancs profitent de l'impossibilité des Noirs d'installer un cavalier sur la case f6 puisque cette dernière est contrôlée par le pion blanc en e5 afin de mettre en place une dangereuse attaque sur le roque noir. Aussi, les Blancs ont la possibilité tout aussi intéressante d'entamer la poussée de leur pion en f5 afin soit d'engendrer d'autres affaiblissements dans la structure noire grâce à la poussée f6, soit échanger en e6 afin de créer une faiblesse durable sur cette case.

En ce qui concerne les Noirs, ils tentent généralement de se créer du contre-jeu à l'aile dame afin de compenser la domination blanche à l'aile roi.

Cette variante a été très jouée par Aaron Nimzowitsch.

[modifier] La variante classique

Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Cf6

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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La variante classique après 3.Cf6

Les blancs poursuivent alors par Fg5 ou par e5.

Après 4.Fg5, si les Noirs jouent 4...Fb4, on a la variante MacCutcheon

[modifier] La variante d'échange

Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.exd5 exd5

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a8 b8 c8 d8 e8 f8 g8 h8
a7 b7 c7 d7 e7 f7 g7 h7
a6 b6 c6 d6 e6 f6 g6 h6
a5 b5 c5 d5 e5 f5 g5 h5
a4 b4 c4 d4 e4 f4 g4 h4
a3 b3 c3 d3 e3 f3 g3 h3
a2 b2 c2 d2 e2 f2 g2 h2
a1 b1 c1 d1 e1 f1 g1 h1
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La variante d'échange après 3...exd5

Cette variante est peu jouée car les Noirs obtiennent facilement l'égalité, notamment grâce à l'échange des pièces lourdes (tours+dame) sur la colonne e qui a été ouverte après l'échange des pions.

Il faut néanmoins noter que cette variante doit être étudiée avec précision puisque dans cette variante en question interviennent souvent de nombreux facteurs stratégiques comme l'échange des fous de mauvaise couleur. Aussi, les positions avec une structure de pions symétrique doivent être joués avec précision, pour preuve, une théorie a été inventée sur ce sujet.