Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili

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Le coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili a été dirigé par Augusto Pinochet, nommé le 23 août 1973 général en chef des armées à la suite de la démission de Carlos Prats, par le président socialiste Salvador Allende lui même. Il a suspendu la constitution, interdit les partis politiques et les syndicats opposants, remplaçant le gouvernement démocratiquement élu par une dictature militaire.

Ce coup d'État a eu lieu dans un contexte de crise politique, sociale et économique du Chili, avec une opposition entre le pouvoir exécutif et les pouvoirs législatif et judiciaire.

Le rôle exact des États-Unis demeure encore aujourd'hui objet de débat. Souvent allégués, les appuis apportés aux militaires le 11 septembre 1973 n'ont jamais été démontrés, et toujours démentis.

Sommaire

[modifier] Circonstances

[modifier] Contexte politique

Au début du XXe siècle, le Chili connaît une industrialisation rapide soutenue par la forte croissance économique des États-Unis, grands importateurs de la principale ressource du pays : le cuivre. Cette dépendance envers les États-Unis provoque une dure répercussion de la crise économique de 1929 au Chili. Une certaine sensibilité sociale se développe alors. Dès 1938 le Frente Popular arrive au pouvoir. Le Chili se lance alors dans une série de réformes, impliquant un rôle accru de l'État dans l'économie, une législation et une protection sociales.

Lors du scrutin présidentiel de 1958, Jorge Alessandri est élu en étant soutenu par les partis de droite. Dès 1960, il doit affronter une forte agitation sociale et lors des élections de 1964, Salvador Allende (coalition socialo-communiste) s'oppose à Eduardo Frei Montalva (démocrate-chrétien). Celui-ci est soutenu par le centre et la droite, ainsi que par les États-Unis, qui financent sa campagne électorale fondée sur l'anti-communisme. Frei gagne les élections, puis engage des réformes touchant les syndicats, l'éducation, agriculture, et les services sociaux. Mais il doit faire face à l'opposition du Congrès, qui ne le soutient plus ; de ses propres partisans, qui doutent de sa réforme agraire ; et lutter contre une inflation importante.

[modifier] Le scrutin serré de 1970

La Constitution interdit à Eduardo Frei, très populaire, de concourir. Le communiste Pablo Neruda retire sa candidature et forme avec les autres partis de gauche l'Unité Populaire. Cette nouvelle alliance des gauches présente le socialiste marxiste Salvador Allende pour candidat unique et prône d'importantes réformes, « une révolution par voies légales », telles que l'expropriation des grands propriétaires terriens et des nationalisations d'entreprises.

Se présentent également Rodomiro Tomic pour la démocratie-chrétienne et Alessandri pour les conservateurs, Ce dernier avait déjà été élu président en 1958.

   Candidats   Votes  %
Allende 1,066,372  36.29% 
 Alessandri  1,050,863 35.76%
Tomic 821,350 27.95%
Total    2,943,561    Source: PDBA

Les résultats sont très serrés : 27,95% pour Tomic, 35,76% pour Alessandri et 36,29% pour Allende. Puisqu'il n'y a pas de majorité absolue, et comme le veut la constitution, c'est au Congrès qu'il revient de choisir celui qui sera élu à la présidence. Sous l'impulsion des démocrates-chrétiens, le parlement adopte alors plusieurs amendements constitutionnels visant à limiter les pouvoirs du futur gouvernement et, avec le vote des démocrates-chrétiens, élit Allende président de la République par 153 voix contre 53 voix à Alessandri.

Le nouveau président est investi dans ses fonctions le 4 novembre 1970 et met rapidement en place le programme de l'Unité populaire.

[modifier] Crise économique

Des difficultés d'approvisionnement, l'inflation galopante (508% en 1973 contre 35% en 1970[1]), les difficultés de la politique économique et les grèves placent le Chili dans une situation difficile. La forte augmentation de salaires (salaire minimum relevé de 35%) provoque d'abord une hausse de la consommation bénéficiant à la production industrielle, mais ensuite relance l'inflation à partir de 1972 (alors qu'en 1971, la hausse du coût de la vie n'avait été que de 20 %, soit la moitié de l’augmentation des années précédentes). Les catégories sociales menacées par des nationalisations se révoltent.[2], notamment les grands propriétaires dont les possessions doivent être nationalisées sans contrepartie sérieuse.

Je T@iime fOrt mOn chErii

À partir de 1972, l’économie chilienne commence à sombrer, l'inflation s'envole alors que le pays connait pour la première fois une pénurie des produits de première nécessité. Ainsi, le prix du cuivre baisse de moitié alors que 8000 ouvriers du cuivre se mettent en grève à Chuquicamata. En mai, des grèves massivement suivies éclatent dans les secteurs de l’électroménager, des boissons gazeuses et des charbonnages. En août 1972, 150 000 commerçants manifestent dans les rues de la capitale chilienne pour protester contre l’inflation, et le 10 octobre, la confédération chilienne des transports paralyse le pays pour protester contre la nationalisation annoncée par le gouvernement de leur secteur d’activité.

[modifier] L'opposition institutionnelle à Allende

Entre novembre 1970 et septembre 1973, le président Allende forme six gouvernements, à la suite la plupart du temps de la destitution de ses ministres par le parlement.

Néanmoins, le 22 août 1973, les chrétiens démocrates (centre) et les membres du Parti National (droite) de la chambre des députés constatent qu'ils ne disposent pas en l'état des moyens constitutionnels pour destituer le président Allende et votent par 81 voix contre 47 une résolution intimant à l'armée de mettre fin immédiatement à ce qu'ils appellent des violations de la Constitution et de restaurer le droit, l'ordre constitutionnel et les bases essentielles de la démocratie.[3]

Se basant sur le résultat des élections de mars 1973 par lesquels la majorité des électeurs chiliens avaient voté pour les partis appelant à la destitution du président chilien, la résolution déclarait que le gouvernement d'Allende recherchait à « […] conquérir un pouvoir absolu à la fin évidente de soumettre tous les citoyens à des contrôles politique et économique des plus stricts par l'État [avec] le but d'établir un système totalitaire ». La plus grande critique consistait dans l'absorption par l'exécutif des prérogatives législatives et judiciaires.

Plus particulièrement, le régime était accusé de :

  • diriger par décret en contournant le système législatif
  • ne pas appliquer les décisions judiciaires prononcées contre ses partisans ou contrariant ses objectifs
  • diverses pressions économiques et policières envers les médias
  • permettre à ses partisans de défiler armés tout en empêchant à ses opposants de se réunir légalement
  • réprimer illégalement la grève de El Teniente

La résolution condamne enfin « le développement, sous la protection du Gouvernement, des groupes armés qui, en plus d’attenter à la sécurité du peuple et ses droits et à la paix de la Nation, sont destinées à se battre contre l’armée ». Les efforts d'Allende pour réorganiser l'armée et la police en lesquelles il ne pouvait faire confiance, furent décrits comme « tentative notoire d'utiliser l'armée et la police à des fins partisanes, détruire la hiérarchie institutionnelle et infiltrer politiquement leurs rangs ».

Auparavant, le 26 mai 1973, la Cour suprême avait déclaré inconstitutionnelles et illégales de nombreuses dispositions prises par le gouvernement. Le 2 juillet 1973, le contrôleur général des comptes dresse le même constat.

[modifier] Les prémices du putsch

Le 2 novembre 1972, Allende nomme Carlos Prats, chef des armées et allié politique, au poste de ministre de l'Intérieur, amenant ainsi à politiser l'armée.

Statue de l'amiral José Toribio Merino située au musée naval et maritime de Valparaíso.
Statue de l'amiral José Toribio Merino située au musée naval et maritime de Valparaíso.

Lors des législatives de 1973, l'Unité Populaire fait campagne sur un programme de transformation révolutionnaire de l'économie et de la société chilienne alors que l'opposition rassemblée a pour seul programme la destitution du président Salvador Allende et l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle. L'unité populaire obtient 43,4% des suffrages, ce qui la dote de 8 députés supplémentaires, contre 57% à l'opposition. Celle-ci rate cependant de peu son objectif de faire destituer légalement le président Allende en ratant de peu les 60% des voix qui lui auraient permis constitutionnellement de renverser le président chilien. Le président chilien a encore la possibilité d'ouvrir son gouvernement au centre et de se rapprocher des démocrates-chrétiens pour débloquer la situation en formant un gouvernement d'union nationale. Mais ses partisans voient plutôt une approbation de la politique gouvernementale dans la progression de la gauche lors de ces élections et aucun geste d'ouverture n'est effectué. Si Allende semble chercher des solutions politiques, il est débordé par les milices de l’extrême gauche qui veulent la révolution et par l’extrême droite qui recherche l'affrontement[réf. nécessaire].

Bien qu'il ait sauvé le gouvernement d'un premier putsch en juin 1973 (un régiment de chars s'en était pris au palais présidentiel, la Moneda), le général Prats doit démissionner suite à de nouvelles grèves dans les professions libérales et chez les camionneurs, ainsi qu'à la grogne du parti du Pouvoir Féminin. Il est remplacé par Augusto Pinochet.

Le 9 août 1973, Allende fait l'ouverture attendue mais en direction seulement de l'armée qu'il fait entrer davantage au gouvernement en nommant le général César Ruitz aux Travaux publics (le ministère concerné par les transporteurs privés), l’amiral Raoul Montero aux Finances. Ils démissionneront dans les jours qui suivent.

Pour débloquer la situation, le président Allende envisagea pour le 12 septembre, un discours aux Chiliens par lequel il devait annoncer un référendum sur une nouvelle organisation économique du pays.

[modifier] L'implication des États-Unis

L'élection d'Allende prend le gouvernement américain par surprise, les services prévoyaient en effet une victoire d'Alessandri, conformément aux analyses de nombreux spécialistes. En conséquence de cette fausse estimation, les États-Unis n'avaient engagé des fonds que dans une mesure beaucoup plus faible qu'en 1964. Les États-Unis s'étaient refusés à soutenir Alessandri, se contentant de quelques campagnes contre Allende et non en faveur du candidat conservateur. Quand le gouvernement prend la mesure du problème, il est trop tard. Le président Richard Nixon est « hors de lui » et décidé à agir[4].

Le gouvernement des États-Unis réprouve l'expropriation de grandes compagnies américaines du cuivre[5] et de l'instauration d'un deuxième régime marxiste hostile dans sa zone d'influence. Les États-Unis diminuent l'attribution de crédits mais poursuivent les programmes en cours dont celui de l'armée chilienne (interrompu pendant l'élection) et offre par ailleurs des stages aux officiers chiliens.

[modifier] L'hostilité de l'administration Nixon

L'administration Nixon est fondamentalement hostile au gouvernement socialiste d'Allende dès son élection. Cette hostilité ressort notamment du memorandum[6] transmis à Nixon le 5 novembre 1970 par Henry Kissinger, alors Conseiller à la sécurité national. Peter Kornbluh, chercheur au National Security Archive[7], qui a participé à une campagne pour la déclassification des archives de la CIA, déclare à Libération : « si les États-Unis n'ont pas directement participé au complot du 11 septembre 1973, ils ont tout fait pour préparer le coup d'État contre Allende ».[8] Deux documents déclassifiés de la CIA montrent qu'en 1970, le président Nixon souhaitait que Allende soit renversé, en étranglant l'économie et en déclenchant un coup d'État[9]. Henry Kissinger explique la virulence de Nixon par sa fureur d'avoir été tenu à l'écart et n'avoir pas eu l'occasion de prendre la moindre décision pour prévenir la victoire du candidat marxiste. L'attitude officielle retenue est cependant « froide mais correcte », afin d'éviter une confrontation qui renforcerait Allende[10].

Selon une retranscription d'écoutes publiée par le National Security Archive, Henry Kissinger, devenu secrétaire d'État américain, dit au président Nixon, le 16 septembre 1973, en parlant du coup : « Du temps d'Eisenhower, nous aurions été des héros. », puis : « Nous les avons aidés à créer les conditions au mieux »[11].

[modifier] L'instabilité encouragée

Dès mars 1970, la commission 40 du Conseil national de sécurité américain avait mis en place un vaste programme en faveur de Frei, président en exercice et adversaire d’Allende. Selon William Colby, directeur de la CIA de 1973 à 1976, la CIA aurait eu pour mission de déstabiliser le régime chilien afin « d'alimenter un climat propice au coup d'État » [12], affirmant que sept millions de dollars avaient été dépensés par la centrale dans ce but. Le mouvement de la grève des camionneurs qui paralyse le pays en octobre 1972 aurait été soutenu financièrement par la centrale de renseignement américaine. Réagissant aux nationalisations effectuées par le gouvernement d'Allende, plusieurs firmes américaines dont ITT apportent leur concours à cette stratégie[13].

Entre la date de l'élection présidentielle et l'intronisation d'Allende, les États-Unis cherchent dans la précipitation un moyen de prévenir l'accession au pouvoir de celui-ci. Attribuant la victoire d'Allende à la division du camp démocrate, elle-même due à l'impossibilité constitutionnelle pour Frei de se représenter immédiatement, les États-Unis réfléchissent à différentes maneuvres à travers une approche officielle (Track one) et une approche officieuse (Track two) qui court-circuite le ministère des affaires étrangères auquel Nixon ne fait plus confiance. Ils cherchent dans un premier temps à faire désigner Alessandri par le Parlement, qui démissionnerait immédiatement pour que se déroulent de nouvelles élections auxquelles Frei pourrait cette fois participer, une présidence intermédiaire s'étant écoulée. La sédition au sein de l'armée chilienne est également encouragée. Le 22 octobre 1970, le chef d'état-major chilien René Schneider, susceptible de s'opposer à un coup d'État, est tué lors d'une tentative d'enlèvement ratée par des éléments séditieux menés par le général Roberto Viaux, en coordination avec le mouvement nationaliste Patrie et Liberté. Kissinger rapporte que cette action, vouée à l'échec, avait pourtant été décommandée et n'avait pas bénéficié d'appui américain. Un autre groupe, constitué d'amateurs, avait agi quelques jours auparavant avec l'accord de la CIA mais sans que la Maison blanche soit avertie : il échoue au point de n'être jamais en mesure de passer à l'action[14].

En ce qui concerne le coup d'État proprement dit du 11 septembre 1973, il n'existe aucun élément permettant d'affirmer que les États-Unis y ont directement participé. Si l'administration Nixon fut enchantée du coup de 1973, le rapport de la Commission Church, en 1976, a conclu que les États-Unis n'avaient pas eu de rôle direct dans l'événement.

[modifier] Le coup d'État

[modifier] Septembre 1973

Le passage à l'acte est prévu le 9 septembre par les chefs de l'armée de terre et de mer pour le 11 septembre 1973.

En septembre 1973, comme chaque année, l'US Navy et la marine chilienne organisent des manœuvres communes. Les troupes d'infanteries de marine passent ainsi la journée du 10 septembre 1973 avec quatre navires de la Navy au large de Valparaiso ce qui leur fournit un alibi afin de ne pas attirer l'attention sur les préparatifs du putsch.

De retour à Valparaiso, les troupes d’infanterie de marine coupent les communications. L'amiral loyaliste Monteiro est placé en état d'arrestation. À 3h du matin, le 11 septembre, Valparaiso est aux mains des putschistes sans coup férir.

À 6h du matin, l'opération militaire s'étend à tout le pays et se réalise sans résistance, à l'exception de Santiago.

Le 11 septembre 1973, à 9 h du matin, la Moneda(siège de la présidence chilienne) est assiégée par l'armée de terre sous le commandement du général Pinochet[réf. nécessaire]. Salvador Allende est retranché, depuis 7 heures du matin, dans le palais présidentiel, avec 42 de ses gardes fortement armés. Le vice-amiral Patricio Carjaval lui propose alors par téléphone un sauf-conduit pour quitter le Chili sain et sauf avec sa famille. Mais il refuse, convaincu que c'est un piège. Il fait néanmoins évacuer sa famille et le personnel.

Peu avant midi, deux chasseurs de l’armée bombardent la Moneda à coups de roquettes. Les chars suivent peu après. À 14h, le palais est envahi mais Salvador Allende est déjà mort. Il se serait suicidé à l'aide d'une arme automatique que Fidel Castro lui avait offert.

La junte militaire, dirigée par un conseil de quatre officiers, met alors officiellement à sa tête le général Pinochet[réf. nécessaire]:

  • Augusto Pinochet pour l'armée de terre (30 000 hommes) ;
  • Gustavo Leigh Guzmán pour l'armée de l'air (9 000 hommes) ;
  • José Toribio Merino Castro pour la marine (15 000 hommes) ;
  • César Mendoza Durán pour la police nationale appelée carabineros (30 000 hommes).

À sa prise de pouvoir, Pinochet fait en sorte d'être seul à la tête du conseil et est proclamé président de la république. Il s'attache aussitôt à consolider son pouvoir.

Le 13 septembre, la junte dissout le congrès, suspend la constitution et interdit les partis politiques, y compris ceux qui ont acclamé le coup d'État deux jours plus tôt.

Le stade national est temporairement transformé en une immense prison ; 130 000 personnes sont arrêtées en trois ans, dont des milliers dans les premiers mois. Les exécutions qui suivent le coup d'État sont alors très nombreuses. Une note interne à la junte militaire établit à 320 le nombre des exécutions ayant eu lieu dans la période du 11 au 30 septembre. Le département américain lui-même intervient pour demander que les exactions cessent mais celles-ci continuent durant la fin de l'année 1973.

En faisant du général Pinochet le chef suprême de la nation en 1974, la junte n'envisage pas de rendre à brève échéance le pouvoir aux civils et la constitution de 1925 n'est pas prête d'être rétablie[réf. nécessaire].

Le Congrès fermé, les syndicats interdits, la presse censurée, l'armée concentre dorénavant tous les pouvoirs. Gouvernant à l'aide de décrets, le régime se constitutionnalise en 1980 et reste autoritaire avec un président qui nomme les ministres, contrôle l'appareil judiciaire et commande les armées.

[modifier] Après le coup d'État

[modifier] Régime militaire d'Augusto Pinochet

Icône de détail Article détaillé : Régime militaire d'Augusto Pinochet.

[modifier] Rapports sur le régime Pinochet

Selon la commission vérité et réconciliation de 1991, la dictature aurait fait 2 279 morts et disparus dont 641 morts « dans des conditions non élucidées » et 957 « détenus disparus. Cette estimation aurait été portée à 3 197.

Près de 150 000 personnes ont été emprisonnées pour des motifs politiques, et dix-neuf l'étaient encore à la fin de 1993. Selon un rapport remis au président Ricardo Lagos dans les années 2000, près de 27.255 personnes ont été torturées.

Il y a eu 160 000 exilés politiques[réf. nécessaire].

Cités par une dépêche de l'AFP le 11 décembre 2006, voici le profil des victimes dressé par les rapports de deux commissions officielles, celle de la Vérité et Réconciliation (1991) et celle sur la prison politique et la torture (2004), également connus sous le nom des présidents des commissions, respectivement Raul Rettig et Mgr Sergio Valech :

  • Total des morts et disparus de la dictature militaire : 2.279
  • 94,5% étaient des hommes (2.153) (rapport Rettig)
  • 97,76% étaient Chiliens (2.228) (rapport Rettig)
  • 17,8% (405) appartenaient au Parti socialiste, 16,9% (384) au Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, extrême gauche) et 15,5% (353) au Parti communiste. Quelque 46% d'entre eux n'avaient pas de passé militant connu (rapport Valech)
  • Sur 33.221 personnes arrêtées entre 1973 et 1990, 27.255 ont été reconnues comme victimes de prison politique et de torture par la Commission sur la prison politique et la torture (rapport Valech).
  • 68,7% d'entre elles (22 824) ont été arrêtées en 1973
  • 87,5% (23 856) étaient des hommes
  • 44,2% (12 060) avaient entre 21 et 30 ans et 25,4% (6.913) entre 31 et 40 ans

[modifier] Le Chili aujourd'hui

Depuis 1990, le Chili est redevenu une démocratie, régie par la constitution de 1980. Mais les Chiliens restent divisés dans leur rapport au coup d'État et au général Pinochet[15].

Cependant, des personnes accusées de crimes restent libres et des corps de disparus, peut-être enlevés par les « caravanes de la Mort » n'ont pas encore été retrouvés. Ainsi, des femmes de disparus se sont regroupées, demandent justice et réclament du gouvernement des enquêtes approfondies.

Le général Pinochet est mort en décembre 2006 à l'âge de 91 ans, sans jamais avoir été jugé pour les exactions commises sous son régime. Il reste l'une des personnalités les plus controversées du Chili. Si la politique économique qu'il a engagée est saluée par la majorité de la population chilienne[16], les atteintes aux droits de l'homme pendant les 17 années de son règne ont fait de lui un symbole des dictatures d'Amérique du Sud, bien que son régime ne fut sur ce continent ni le plus long (Paraguay, Brésil, Cuba), ni le plus répressif (Argentine).

[modifier] Notes

  1. MEMO - Le site de l'Histoire
  2. Raymond Aron, in Mémoires
  3. Texte complet de la résolution de la Chambre des Députés du 22 août 1973
  4. Henry Kissinger, À la Maison blanche 1968-1973, Fayard, p694 et 695
  5. Memorandum of Conversation with Anaconda Copper Executives, 17 August 1971
  6. Memorandum du 5 novembre 1970
  7. Institution de recherche dépendant de l'Université George Washington à Washington DC.
  8. [1]
  9. Le Monde, "Quand Nixon voulait étrangler le Chili" 11.12.1998. Voir aussi Le Monde, "Des archives confirment le rôle de la CIA dans le renversement de Salvador Allende" 16.11.2000.
  10. Henry Kissinger, À la Maison blanche 1968-1973, Fayard, p703
  11. National Security Archive The Kissinger Telcons , retranscription complète de cette écoute
  12. William Colby, 30 ans de CIA, 1978
  13. Peter Kornbluh, The Pinochet file
  14. Henry Kissinger, À la Maison blanche 1968-1973, Fayard, p700
  15. Article du Monde du 13 décembre 2006 intitulé La disparition du général Augusto Pinochet ravive les divisions entre les Chiliens.
    Voir les sondages de l'institut Mori dont celui du 17 au 24 novembre 1998. Selon ces sondages, un tiers de la population soutient fermement le général et un tiers lui est résolument hostile. Un dernier tiers, plus indifférent à sa personne, tout en étant très réservé voire hostile à la méthode dictatoriale de gouvernement, parait plus enclin à légitimer son coup d’État ou reconnaître les résultats de sa politique économique.
  16. Sondage réalisé du 14 au 15 décembre 2006 et paru dans le journal la Tercera selon lequel 63% des chiliens considéraient que les gouvernements du Général Pinochet étaient les initiateurs du développement économique actuel du Pays. Selon le même sondage, 33% le considérait comme le principal responsable des violations des droits de l'homme durant le régime militaire, 36% le considérait comme en partie responsable, 28% le considérait comme vaguement impliqué et 3% le considérait comme totalement innocent.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Documentaires

  • Salvador Allende, documentaire de Patricio Guzmán, 2004.
  • Héros fragiles, documentaire d'Emilio Pacull (beau-fils de Augusto Olivares, directeur de la télévision nationale lors du coup de 1973), 2007.

[modifier] Liens externes