Coquillard

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Les coquillards sont à l'origine de faux pèlerins de Compostelle qui vendaient des coquilles Saint-Jacques prétendument rapportées du pèlerinage.

Dans l'argot du XVe siècle, ce terme désigna d'abord les escrocs et les faussaires avant d'être adopté par une bande de brigands organisés qui sévit en Bourgogne du milieu des années 1440 à 1455, date du procès de quinze des leurs à Dijon. C'est par ce procès et notamment par l'instruction qui compile le jargon coquillard que l'on connaît cette bande et son mode opératoire.

Il semble avéré, notamment par les écrits postérieurs à cette date de François Villon qui semble les avoir fréquentés, que la bande a subsisté et essaimé après ce procès pour former des pègres locales. Le terme « coquillard » se généralise à toutes ces bandes locales.

Enfin, ce terme désigne de nouveau au XVIIe siècle de faux pèlerins qui abusent de l'hospitalité des monastères et se livrent parfois au brigandage.

Ces quatre acceptions du terme, somme toute assez différentes, ont eu tendance à créer par agglomération une image d'Épinal du coquillard qui est souvent décrit comme étant un faux pèlerin brigand du XVe siècle, alors que la réalité est plus complexe, les coquillards de Villon n'ayant jamais été de faux pèlerins, par exemple.

Sommaire

[modifier] Les brigands du XVe siècle

[modifier] Naissance des bandes organisées

L'essoufflement de la guerre de Cent Ans qui débute dès le traité d'Arras (1435) – mettant fin à l'engagement bourguignon – et se prolonge par la trêve de 1444, ainsi que la formation d'un embryon d'armée de métier jette sur les routes des dizaines de milliers de mercenaires désœuvrés. Ne connaissant que la guerre, ils subsistent en mettant à sac les provinces françaises. Si bon nombre d'entre eux finissent par retourner dans leur pays d'origine (30 000 sont renvoyés par le roi en Suisse et en Alsace après la trêve de 1444), d'autres s'organisent en bandes et se livrent à toutes sortes d'activités criminelles (vol, faux-monnayage, triche organisée, prostitution et proxénétisme...). Ils sont alors rejoints par des miséreux souvent issus de milieux artisanaux, estudiantins (PassetoutGrain,...) voire monastiques. Ainsi, les caïmans s'installent à Paris, et les coquillards dans le grand est du Royaume de France.

[modifier] Organisation

Dans la bande primitive, un "roi des coquillards" régnait sur une organisation pyramidale ou chacun avait un rôle défini. Les aveux lors du procès de 1455 nous permettent de connaître mieux cette organisation, ses rouages et ses modus operandi.

[modifier] Le jargon coquillard

Nous l'avons vu, les minutes de leur procès de 1455 compilent une partie du jargon coquillard -que Villon utilisera plus tard dans ses ballades en jargon- langage qui avait une vocation cryptique et de reconnaissance. Loin d'être anecdotique, cette source documentaire est très précieuse pour l'étude de la bande. Elle permet tout d'abord de connaître assez précisément le champ des exactions auxquelles se livraient les coquillards. D'autre part, par l'étude étymologique de leur vocabulaire, on a une idée assez précise des origines géographiques et sociales des membres de la coquille.

Au vu du large champ lexical qu'elle a suscité dans le jargon, l'escroquerie (« charriage ») semble être l'activité principale de la bande. Un « planteur » (faussaire) fabrique un « plant » (faux lingot, bijou ou pierre). Un « dessarqueur » repère un « duppe » (victime potentielle) et lui touche discrètement quelques mots à propos du « plant ». Intervient alors le « baladeur », beau parleur qui vend ou met en gage le « plant » au « duppe » suivi du « confermeur de balade » qui vient confirmer les dires du baladeur et assurer ainsi la transaction.

Quelques autres mots et expressions utilisés par les coquillards :

- Arques : dés à jouer / Aubert ou Caire : argent / Bazir : estourbir, tuer quelqu'un d'un coup de la tête / Becquer : regarder, dévisager / Blanchir la marine ou la rouhe : échapper à la justice et à "la question" après avoir été pris / Envoyeur : meurtrier / Feullouze : la bourse / Gaffres : sergents / Godiz : « c'est un homme qui a argent et est riche » / Jour : torture / Moucher la marine : dénoncer un complice, moucharder / Taquinade : cartes à jouer

[modifier] Bibliographie

  • Lazare Sainéan (Lazar Saineanu), Les sources de l'argot ancien, Éditions Champion, Paris, 1912.
  • Pierre Guiraud, "Le Jargon de Villon ou le Gai savoir de la Coquille", NRF, Ed. Gallimard, 1968.

[modifier] Voir aussi


Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle

Voies principales : Via Turonensis | Via Lemovicensis | Via Podiensis | Via Tolosane | Camino Navarro | Camino Aragonés | Camino Francés

Voies secondaires : Voie de Soulac | Chemin du Piedmont | Camino del Norte | Voie du Baztan | Via Domitia | Via Gebennensis | Via de la Plata


Pèlerin de Saint-Jacques | Saint Jacques apôtre | Saint-Jacques-de-Compostelle | Codex Calixtinus | Aimery Picaud | Miracle du pendu-dépendu | Coquillard


[modifier] Liens externes

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