Conatus

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Le conatus est un concept fondamental de l'Éthique de Spinoza. Le terme latin signifie littéralement « effort ».

[modifier] Définition

Pour Spinoza, l'Homme est animé par le conatus, autrement dit il s'efforce « de persévérer dans son être » et donc d'augmenter sa puissance d'agir ou de penser.

« Toute chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être. »
    — Éthique III[1], Proposition VI

« L'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n'est rien de plus que l'essence actuelle de cette chose. »
    — Éthique III, Proposition VII

[modifier] Interprétation

À vrai dire, le conatus n'appartient pas seulement à l'Homme : la Nature (ou Dieu, chez Spinoza les deux notions coïncident, thèse évoquant le panthéisme) en est également marquée, ce qui la rend « naturante » et « naturée » ; naturante en tant que créatrice (non pas dans le sens de la création biblique), naturée en tant que créée (effectuée). La nature naturante correspond à la substance qui est « cause de soi », et la nature naturée comme ce qui découle de la nécessité de cette substance.

Chez l'homme, le conatus s'exprime dans l'âme, mais aussi dans le corps. Le corps cherche l'utile et l'agréable, l'âme, quant à elle, recherche la connaissance pour elle-même.

Le concept de conatus est lié, chez Spinoza au couple joie et tristesse. Tout facteur qui vient augmenter notre puissance d'exister, et donc favoriser notre conatus, provoque chez nous la joie. Inversement, tout facteur réduisant notre puissance d'exister provoque la tristesse.

Comme l'écrit Spinoza dans Éthique III : « On ne désire pas une chose parce qu'elle est bonne, c'est parce que nous la désirons que nous la trouvons bonne ». C'est donc bien le désir qui crée les valeurs et non l'inverse.

Si ce concept devient central chez Spinoza, il avait été également utilisé par René Descartes et Thomas Hobbes avant lui.

En effet, Hobbes a lui aussi utilisé le conatus mais pas dans la même perspective : il ne s'agit que de l'instinct de conservation, un concept statique.

Chez Spinoza au contraire, le conatus est une stratégie dynamique qui dépend du degré d'activité: toute chose s'efforce de persévérer dans son être, c'est à dire dans la direction qui lui est propre, pour accroître sa puissance. Le conatus chez l'individu se traduit donc par l'activité, la recherche de ce qui va accroître sa puissance.

C'est là qu'interviennent les passions, tristes ou gaies, soit « tristesse » et « joie ». Une passion gaie, comme une rencontre heureuse avec une chose (aliment) ou un être, va inciter à renouveler ce sentiment heureux, et va par conséquent avoir un rôle moteur chez l'individu : il devient dynamique, c'est la manifestation du conatus. Il va à présent rechercher des situations heureuses pour renouveler ce sentiment de puissance et en même temps l'accroître.

[modifier] Notes et références

  1. Voir le texte intégral de l'Éthique III sur Wikisource.