Chaise électrique

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La première chaise électrique, qui a été utilisée pour exécuter William Kemmler en 1890
La première chaise électrique, qui a été utilisée pour exécuter William Kemmler en 1890

La chaise électrique est un instrument d'application de la peine de mort par électrocution, inventé et utilisé essentiellement aux États-Unis. Elle a été développée à la fin des années 1880 par Harold P. Brown, sur la demande de Thomas Edison, alors que les États-Unis cherchaient une alternative moins cruelle et plus efficace à la pendaison.

Sommaire

[modifier] Principe et procédure

Le condamné à mort est assis et ligoté sur une chaise spéciale. On lui applique des électrodes sur certaines parties du corps, généralement sur une partie du crâne rasée, et une jambe. Une meilleure conductivité est assurée par la mise en place d'éponges imbibées de solution conductrice (électrolytes) entre les électrodes et la peau ; auparavant, on se contentait de bien mouiller la zone de contact.

Puis une forte différence de potentiel est appliquée entre les électrodes, résultant en un fort courant électrique dans le corps et une électrisation. Les modalités ont varié au fil du temps mais restent basées sur des cycles automatiques. Une première électrocution de 2000 volts pendant une dizaine de secondes permet de diminuer les résistances de la peau, et d'entraîner une perte de conscience. Puis après une pause de quelques secondes, le courant est envoyé à nouveau pendant une vingtaine de secondes, avec une tension abaissée à environ 500 volts afin d'éviter que le corps, dont la température peut atteindre 59°c, ne prenne feu[1].

Les fonctions vitales du condamné sont ensuite vérifiées afin de s'assurer qu'il est bien mort.

[modifier] Usage

Le premier condamné mort exécuté sur la chaise électrique fut William Kemmler, le 6 août 1890. Dans les années qui suivirent, plusieurs États américains adoptèrent ce moyen d'exécution, qui resta le plus employé jusqu'à ce qu'elle soit remplacée principalement par l'injection létale dans les années 1980. La chaise électrique a également été utilisée aux Philippines.

En 2005, selon le Death Penalty Information Center, 154 exécutions par électrocution ont eu lieu aux États-Unis depuis 1977[2].

Les condamnés à mort peuvent choisir entre l'injection létale et l'électrocution dans sept États : Alabama, Arkansas, Caroline du Sud, Floride, Kentucky, Tennessee et Virginie. Depuis 1977, 8 personnes ont effectivement choisi l'électrocution[2].

Deux États prévoient l'électrocution comme solution de repli dans le cas où l'injection létale serait jugée inconstitutionnelle : l'Illinois et l'Oklahoma[3].

La cour suprême du Nebraska a officiellement aboli l'usage de la chaise électrique le 8 février 2008 jugeant que cette méthode représente un traitement cruel et inhabituel (cruel and unusual punishment), interdit par le 8e amendement à la constitution américaine[3]. Le Nebraska était le dernier État américain à imposer cette méthode aux condamnés à mort. Depuis la fin du moratoire sur la peine de mort aux États-Unis en 1976, le Nebraska a exécuté trois prisonniers[3].

[modifier] Controverses et abandon

Il y eut, par le passé, des accidents, notamment dus à la mise en place incorrecte de la solution conductrice ou à des contacts défectueux dans les électrodes. Dans ce cas, le condamné subit des chocs électriques répétés alors qu'il reste conscient, son agonie se prolonge, et ses chairs au contact des électrodes peuvent brûler et dégager de la fumée.

Le Texas abandonna la chaise électrique en 1982, pour la remplacer par l'injection létale. Par la suite l'usage de la chaise diminua dans tout le pays.

Les exécutions ratées dans l'État de Floride, en 1990[4], 1997 et 1999 ont attiré l'attention des médias. Pour ces raisons, la chaise électrique, initialement inventée comme devant être un moyen d'exécution moderne et propre, a été très contestée puis abandonnée dans la plupart des États qui l'utilisaient encore.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. La chaise électrique sur le portail d'information sur la peine de mort. Chiffres de juin 2005.
  2. ab (en) http://www.deathpenaltyinfo.org/executions.php
  3. abc (en) Adam Liptak, « Nebraska's Top Court Forbids Electrocution », The New York Times. Consulté le 09-02-2008
  4. Report Information, Amnesty International