Injection létale

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L'injection létale est un mode d'exécution qui consiste à injecter plusieurs produits à un condamné pour le tuer. Cette méthode d'exécution est utilisée par la quasi-totalité des États appliquant la peine de mort aux États-Unis. En 2007, sur 42 exécutions capitales, 41 ont été menées à bien par injection létale[1].

Sommaire

[modifier] Histoire

Le docteur Julius Mount Bleyer propose cette méthode d'exécution dès 1888, à New York, mais elle ne fut pas acceptée. Suite aux pressions de la British Medical Association, elle fut également rejetée au Royaume-Uni.

Le premier État des États-Unis à l'adopter fut l'Oklahoma, en février 1977, sous l'impulsion du docteur Stanley Deutsch, suivi du Texas la même année. Ce dernier l'appliqua la première fois le 2 décembre 1982, pour exécuter Charles Brooks. Depuis, la quasi-totalité des États ayant recours à la peine de mort l'utilisent. Elle est considérée par ses partisans comme une méthode moderne et humaine.

De par le monde, de plus en plus de pays l'utilisent. On peut citer notamment la Chine et Taiwan en 1997, le Guatemala en 1998 et les Philippines en 1999. Plusieurs autres pays l'ont adoptée, mais ils ne l'ont pour l'instant pas utilisée.

[modifier] Déroulement

Le condamné est installé et sanglé sur une table matelassée. Dans certains États, les tables sont remplacées par des fauteuils, un peu comme ceux présents chez les dentistes, pour que le condamné soit plus confortablement installé.

Un ou deux cathéters sont ensuite placés sur son bras, ils serviront à injecter les produits. Une série de trois injections est nécessaire pour exécuter le condamné[2] :

  • la première, du thiopental sodique est injecté, elle est destinée à endormir le condamné ;
  • la seconde, du bromure de pancuronium, elle est destinée à paralyser les muscles et provoque un arrêt respiratoire ;
  • la troisième, du chlorure de potassium, elle est destinée à provoquer un arrêt cardiaque.

Le déroulement de ces trois injections a été durant une certaine période entièrement automatisé au moyen d'un engin mis au point par le docteur Fred Leuchter, mais la fiabilité douteuse de l'équipement a entraîné son abandon progressif au profit de l'injection manuelle, réputée plus sûre. De plus, il arrive dans certains cas que des problèmes de dosage surviennent. La personne chargée des injections est alors obligée de recommencer depuis le début.

La mort du condamné survient généralement au bout de 5 minutes.

[modifier] Une méthode contestée

Bien que ses partisans la considèrent comme une méthode qui ne fait pas souffrir le condamné, car dès la première injection le condamné est endormi, ses adversaires la considèrent au contraire comme une des méthodes les plus cruelles.

La première injection est censée endormir le condamné, pourtant en raison de son extrême dosage, le temps d'action est inconnu. Le condamné peut donc être conscient, tout en étant immobile sur la table car paralysé.

Par ailleurs, à très haute dose le bromure de pancuronium donne une sensation de brûlure intense dans les veines où le produit s'écoule. Le condamné peut donc souffrir atrocement tout en suffoquant lentement et cela sans laisser rien transparaître.

Il est déjà arrivé que les produits ne fassent pas correctement effet. C'est ainsi qu'en Oklahoma, Robyn Lee Parks, exécuté le 10 mars 1992, fut pris de convulsions et suffoqua pendant près de 10 minutes avant de mourir.

Si un problème survient durant l'injection, comme le non-écoulement d'un des produits dans les veines, la procédure d'exécution doit être reprise depuis le début. C'est ainsi qu'il est déjà arrivé que certaines exécutions durent jusqu'à une heure et demie, comme ce fut le cas pour Joseph Clark, le 3 mai 2006.

Les problèmes lors de la procédure d'exécution pourraient peut-être être évités si les personnes chargées des injections étaient formées aux soins infirmiers, mais ce n'est pas le cas. L'American Medical Association a interdit aux médecins et aux infirmiers d'effectuer les injections. C'est pour elle une violation du Serment d'Hippocrate. S'ils ne peuvent procéder aux injections ou même poser les cathéters, ils sont autorisés à assister à l'exécution. Il arrive cependant que les cathéters soient mal posées, ce qui a pour conséquence le non-écoulement d'un des produits dans les veines, ou que la pose des cathéters prenne un temps anormalement long, prolongeant d'autant le processus d'exécution[3]

[modifier] Avis des Etats

  • Le 15 décembre 2006, Jeb Bush, gouverneur de l'État de Floride, a prononcé un moratoire sur les exécutions capitales à la suite de l'injection létale opérée sur Angel Nieves Diaz [4]. La méthode est contestée au nom du 8e amendement de la constitution américaine qui interdit les châtiments cruels et inhabituels. Les moratoires permettent aux condamnés de repousser leur mort et de ralentir le rythme des exécutions. Ce moratoire a été arreté en juillet 2007 et decrait se concrétiser par l'exécution de Mark dean schwab le 1er juiller 2008.
  • Le mardi 10 juin, un juge de l'Ohio à ordonné à son état de n'utiliser qu'une dose massive de thiopendal sodique provoquant une overdose dans l'inconscience.

[modifier] Avis de la Cour Suprême

Le 25 septembre 2007, la Cour suprême des États-Unis accepte le recours déposé par Ralph Baze et Thomas Bowling, deux condamnés à mort du Kentucky qui estiment que la méthode d'exécution viole le 8e amendement de la constitution américaine [5]. Excepté une qui eu lieu le jour même, la Cour a suspendu chaque exécution au dernier moment instaurant ainsi un moratoire de facto sur la peine de mort. Certains pensent que[Qui ?] cela signifie le début de la fin de l'application de la peine de mort, d'autres pensent[Qui ?] que cela va provoquer une cascade d'exécution retardées à l'issue de ce moratoire.

Le 16 avril 2008, la Cour suprême a jugé la méthode constitutionnelle, ce qui autorise de nouveau les Etats à l'appliquer [6]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Salles d'exécution sur internet

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes

  1. « Première exécution sur la chaise électrique dans le Tennessee depuis 1960 », dans Le Monde du 12-09-2007, [lire en ligne]
  2. Ellen Goodman, « Les Bourreaux au chômage technique », dans The Boston Globe, article repris dans Courrier international n°887, 31-10 au 07-11-2007, p.20
  3. (en) Ian Fischer, « Merits of Lethal Injection Are Questioned By Its Foes », dans New York Times17 février 1995 [texte intégral]. Consulté le 9 avril 2008
  4. (fr) Corine Lesnes, « La Californie et la Floride suspendent les exécutions capitales par injection létale », Le Monde. Mis en ligne le 17 décembre 2006, consulté le 26 septembre 2007
  5. (fr) L'injection mortelle reconsidérée aux États-Unis, Le Soir et AFP. Mis en ligne le 25 septembre 2007, consulté le 26 septembre 2007
  6. (fr) Etats-Unis: la Cour suprême valide la méthode de l'injection pour les exécutions, 16 avril 2008, AFP. Consulté le 03 juin 2008