Chabin (Antilles)

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Aux Antilles françaises, on appelle chabin ou chabine un individu de type afro-caribéen avec la peau claire.

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[modifier] Sens originel et connotation

Le sens originel du mot chabin est celui d'hybride ovin/caprin. La transposition pour qualifier un être humain était très péjorative, mais par le processus de créolisation le mot à perdu cette connotation au profit d'une autre, plutôt affective.

Ainsi l'homme politique Alfred Marie-Jeanne est surnommé par ses partisans chaben a ce qui signifie le chabin.

Ce terme est répertorié par les dictionnaires de langue créole mentionnant le lexique antillais. Par exemple le Dictionnaire créole / français de Ludwig, Montbrand, Poullet, et Telchid). L'orthographe de ce terme est tantôt chabin/chabine (en français), tantôt chaben/chabin (en créole). Le dictionnaire de Poullet fournit comme exemple « Un nègre à la peau claire et aux cheveux crépus blonds ».

Aux Antilles françaises, on utilise différentes déclinaisons comme chabine dorée (cheveux roux et yeux parfois verts) ou chabine kalazaza (avec des tâches de rousseur) et le terme de chabin s'applique autant à des noirs à peau claire qu'à des métis.

On peut se référer utilement à l'ouvrage de Jean-Luc Bonniol, Professeur d'anthropologie à l’Université Paul Cézanne Aix-Marseille III : "La couleur comme maléfice". Une illustration créole de la généalogie des « Blancs» et des « Noirs », 1992, Paris, Albin Michel, 307 p.

[modifier] Dans la littérature antillaise

Dans la littérature antillaise ancienne, on rencontre des références à de mauvais chabin, ou de chabin sur (acide) manifestant par là l'aigreur ou l'agressivité attribuée au chabin mâle. La chabine, souvent qualifiée de tit-chabine, est particulièrement appréciée pour sa beauté, mais est aussi considérée comme inquiétante ; un dicton régional indique que la chabine « mord les oreilles » (créole : i ka mòdé zòrèy). On retrouve les pouvoirs un peu inquiétants de ces personnages ni blancs ni noirs, qui ont pris des traits d'un côté et de l'autre, non pas pour obtenir une coloration intermédiaire comme chez les classiques métis, mais gardant des traits du noir et des traits du blanc, en quelque sorte juxtaposés : cheveux crépus, mais blonds ou roux, peau claire, mais traits du visage d'un noir, etc.

Dans la littérature (à préciser), les références aux chabins ou chabines n'ignorent pas ces significations fondamentales et quand un auteur place quelque part un chabin ou une chabine, on doit comprendre que le personnage est un personnage inquiétant, doué de pouvoirs étranges, lui-même perturbé par l'arrivée de la nuit, temps de tous les quimbois et des mofwazé (personnes qui se sont métamorphosées, généralement en chien). Sa sensibilité un peu maladive le prédispose aux angoisses et aux actions incontrôlées. On lui attribue classiquement un rôle de méchant.

Dans la littérature enfantine martiniquaise, un chabin est un héros espiègle récurrent de conte, un peu à la manière du personnage de Scapin dans l'œuvre de Molière.

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