Château de Nice

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Le château de Nice est un ouvrage fortifié à vocation militaire, présent du XIe au XVIIIe siècle sur une colline rocheuse, surplombant la baie de Nice. Considéré comme un lieu culte du comté Niçois, la jeune population le connait plus particulièrement sous le nom de "berceau du soleil" pour ses panoramas magnifiques à n'importe quel moment de la journée que ce soit au levé ou au couché du soleil.

Sommaire

[modifier] La colline du château

Le château de Nice au XIIe siècle
Le château de Nice au XIIe siècle

Pour les anciens niçois, le vocable château évoque plus une colline où s’illustra l’héroïne Catherine Ségurane ou un lieu de promenade que le site d’une des plus puissantes fortifications de l’arc méditerranéen.
La colline du château est un grand rocher calcaire culminant à 93m avec un sommet constitué de deux plateaux ; L’un au sud où va s’ériger pendant sept siècles le château, un peu plus bas au nord les premiers faubourgs et plus tard la citadelle.

Les textes[1] signalent un premier développement urbain au XIe siècle avec la présence d’un castrum, d’une cathédrale, et divers habitats sur la plate-forme supérieure. Au milieu du XIIe siècle, un premier faubourg se construit sur le plateau nord, rapidement protégé par une enceinte, et jusqu’au siècle suivant toute la ville de Nice reste confinée sur cet espace collinaire.
A la suite de la dédition de Nice à la Savoie en 1388, le château ( castrum magnum) et les enceintes subissent des modifications et transformations en 1440. La cathédrale est également reconstruite durant ce demi-siècle.
Après les dégâts causés au faubourg nord en 1543 par le siège franco-turc, le duc Emmanuel–Philibert décide un profond remaniement du système défensif et remplace ce faubourg par une citadelle bastionnée, semblable aux ouvrages du Mt Alban et de Villefranche sur mer. Toutes ces décisions à vocation militaire, accélèrent le mouvement, amorcé au moyen-age, de déperchement de l’habitat vers la ville basse (aujourd’hui Vieux-Nice), ainsi que le transfert de la cathédrale Notre-Dame du château vers St Réparate.
A la fin du XVIIe siècle, la ville se pare d’une enceinte aux murs bastionnés et ses travaux se terminent juste avant le siège de 1691 et la prise de la ville et du château par les troupes françaises de Catinat.
Après le Traité de Turin de 1696 et le retour de Nice à la Savoie, le duc fait doubler d’ouvrages annexes (tenailles, demi-lunes) le rempart du XVIe de la forteresse, sur ses flancs les plus vulnérables.
Aujourd'hui, en accèdant à la colline du château, on trouve un terrain de terre plat offrant aux jeunes Niçois la possibilité d'y faire des parties de Football interminables, dont les touristes profitent souvent de l'occasion afin de se mesurer au niveau et à la culture footballistique Niçoise, tout ça sous une vue splendide de la capitale de la côte d'azur.

[modifier] Troisième et ultime siège de la ville de Nice et de sa forteresse.


Les querelles sur la Succession d’Espagne poussent Louis XIV à rentrer en conflit avec Victor-Amédée II .
Et au printemps 1705, les armées du Roi de France commandées par La Feuillade mettent le siège devant les imposants bastions et tours de la ville de Nice, place forte redoutable et débouché stratégique en méditerranée des Etats de Savoie. Après quelques semaines de siège la ville se rend mais le château résiste aux tirs de l’artillerie du duc de Berwick.
Comme une acropole, la citadelle et le château dominent la ville depuis un éperon rocheux ceinturé par une muraille qui devait[2] avoir un périmètre de 2300m et par endroit une huitaine de mètres de hauteur. A l’intérieur de cette première ligne fortifiée, une deuxième muraille encore plus massive et haute, flanquée de tours, délimite la citadelle du château.
Le château est réduit en ruine par 113 canons et mortiers[3] et capitule après 54 jours de bombardements, le 4janvier 1706.

Batteries autour de la forteresse fin décembre1705.
Batteries autour de la forteresse fin décembre1705.


Position des principales batteries fin décembre 1705 autour de la forteresse:
  • N°1 - 6 canons à la hauteur du Boulevard Carabacel.
  • N°2 - 4canons proche de la montée Carabacel.
  • N°3 - 8 mortiers au bas de l’avenue des Arènes.
  • N°4 - 6 canons et mortiers à la place du Pin.
  • N°5 - 6 canons aux angles des rues Scaliero et Orestis.
  • N°6 - 12 canons rue Maeyer.
  • N°7 - 12 canons au niveau de l’impasse Terra Amata.
  • N°8 - 12 canons à l’angle du boulevard Carnot et de l’avenue Lympia.
  • N°9 - 8 canons quai des Docks.
  • N°10 - 6 canons et mortiers boulevard F.Pilatte.


Du 11 novembre 1705 au 4 janvier 1706,[4] les batteries on utilisé: 644296 livres (322148kg) de poudre, 14103 bombes dont 400 de 5 (2,5kg), 5225 de 12 (6kg), 273 de 9 (4,5kg), 8205 de 18 (9kg), et 39045 boulets dont 29157 de 24 (12kg) et 980 de 30 (15kg).

[modifier] Le rasement des fortifications de la ville, de la citadelle et du château.


Dès le 2 janvier 1706, Louis XIV donne l’ordre de détruire et d’araser à l’explosif le reste des monumentales fortifications épargné par les bombardements.
Il confie cette tâche à son conseiller Gayot qui élabore un cahier des charges[5] précisant : " L’entrepreneur devra ouvrir les trous de mines au niveau des rochers ou terrains sur lesquels les murs sont assis, c’est à dire qu’il commencera de la première à la dernière pierre de la fortification afin que rien ne reste. Les murs seront renversés jusqu’aux fondations ainsi que les revêtements des fossés. Les souterrains seront démolis. Les terres du château et de la citadelle seront brouettées jusqu’à 5 relais (100 mètres) de distance et il sera pratiqué de même pour les remparts et bastions de la ville."
Le 12 juillet, les travaux sont adjugés à un entrepreneur auquel il est fourni pelles, pioches, poudres, sacs de sables, etc. Et dès le lendemain, trompettes et roulements de tambours annoncent à la population le calendrier des prochaines destructions, et pendant 6 mois ces tirs de mines ininterrompus vont causer d’énormes dégâts dans le tissu urbain où tout un patrimoine architectural prestigieux disparaissait à tout jamais.


Le Traité d'Utrecht de 1713 rend Nice et son Comté à Victor-Amédée II. Le souverain abandonne l’idée de restituer des fortifications à la ville et délègue son architecte pour élaborer l’extension des faubourgs niçois hors de ses limites historiques.
Après sa destruction, le château va rester, en état de ruines, de longues années jusqu’en 1830 où le roi Charles–Félix ordonne la création sur la colline d’un jardin paysager arboré avec voies d’accès et embelli d’une cascade.
Ce site offrant un panorama exceptionnel sur toute la Baie des Anges devient au XIXe siècle l’endroit à visiter en priorité par toute l’aristocratie hivernante.
Napoléon III, nouveau souverain après le rattachement de Nice à la France sera un des premiers visiteurs à déclarer en septembre 1860 :" C’est le plus beau des paysages qu’il m’ait été donné de voir, c’est admirable."

En 2007, Nice retrouve ses racines lors des travaux du tramways. Des fouilles archéologiques mettent à jour les vestiges de plusieurs siècles d’aménagement défensif proche de la place Garibaldi, et notamment les restes d’une tour médiévale et les épais bastions arasés en 1706.

[modifier] Galerie

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[modifier] Bibliographie

  • Henri Costamagna, « La destruction du château de Nice vue par les contemporains de cet événement (1691-1706) », Cahiers de la Méditerranée (ISSN 0395-9317), vol. 62, 2001 [lire en ligne]

Voir aussi : Nice.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Cartulaire de l'anciènne cathédrale du Château.
  2. Revue Archeam n°11 du Cercle d'Histoire et d'Archéologie des Alpes-maritimes.
  3. Un mortier tire des boulets creux emplis de poudre explosant lors de l’impact. Un canon tire des boulets pleins. En général, les canons utilisaient des boulets dit de 12, chiffre exprimant un poids de 12 livres égal à 6 kilos. Ils avaient une portée de 400 à 700 mètres.
  4. Louis Cappatti et Pierre Isnard : "Le château de Nice", l’Armanach Nissart,1944.
  5. "Du château vers le Paillon :Le développement urbain de Nice de la fin de l’Antiquité à l’Empire." de Luc Thevenon aux Editions-Serre.