Château de Maulnes

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Le Château de Maulnes, situé à Cruzy-le-Châtel dans l'Yonne est un château de style Renaissance construit au XVIe siècle.

Sommaire

[modifier] Présentation

Le château de Maulnes est intrigant par plusieurs aspects : il est bâti sur un plan pentagonal régulier, 5 côtés égaux de 17 m environ ; il est construit sur trois sources ; il comprend un bassin (dit aussi nymphée, ou fontaine), pour partie intérieur, pour partie extérieur ; une de ces sources alimente un puits(bouché actuellement) situé au centre de l'édifice, dont le trop-plein se déverse dans le bassin intérieur ; les deux autres sources se déversent latéralement dans le bassin intérieur ; le bâtiment s'articule autour du cylindre du puits, qui sert d'axe à un grand escalier à vis, à la française, escalier qui dessert l'ensemble des cinq niveaux et la terrasse, située au sommet.

Le site appartient au Conseil général de l'Yonne depuis 1997. Le château fait l'objet d'un important programme d'études architecturales, historiques et archéologiques, ainsi que d'un chantier de restauration.

À l'origine, le château comprenait un corps de logis pentagonal, en forme de tour à 5 étages, un bâtiment des communs en forme de fer à cheval, une galerie connectant les deux ouvrages précédents, des murs d'enceinte bastionnés, un jardin. Il n'en subsiste plus que le corps de logis, en relativement bon état, et les vestiges du bâtiment des communs, en cours de restauration partielle. Le tout était bâti en pleine forêt, ce qui contrastait avec les usages de l'époque, qui ne construisait qu'en lisière.

[modifier] Architecture

Le château de forme originale, en pentagone, est unique en son genre[1]. Il comprenait une surface considérable par un mur d'une première enceinte, et un second rempart talutéde protection anti-artillerie comprenant à ses angles des bastionscréneaux de défense, et en son milieu une sorte de bastion demi-circulaire pouvant abriter plusieurs hommes pourvus d'observatoires.

L'entrée du château tournée vers le nord était doté d'une galerie semicirculaire, sur lequel deux grandes portes s'ouvraient sur une cour. Une autre galerie percée de chaque côté de cinq portes, conduisait à l'unique entrée du château.

À l’extrémité de cette dernière galerie et avant le pont levis, s'élevait un troisième mur d'enceinte, qui tour à tour s'arrondissait, ou se développait en ligne droite, en rapport avec les formes du château et des jardins. Chaque angle du pentagone est terminé par une tour carrée en pierre de taille, pourvu d'un escalier circulaire porté sur des colonnes doriques et ajouré par des ouvertures intérieures, tournant autour d'un puits au fond duquel coule une source.

Jacques Androuet du Cerceau en fait déjà l'éloge dès 1576 dans Les Plus Excellents Bâtiments de France et donne un plan ainsi qu'une vue axonométrique. Ce château est un exemple unique de château à plan pentagonal.

Devenu en 1697, propriété de la marquise de Louvois, veuve de François Michel Le Tellier de Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV, le château restera dans la famille jusqu'en 1834. Le dernier des Louvois, ruiné et interné, laissera le château à l'abandon pendant plusieurs dizaines d'années, puis sera lourdement restauré vers 1965.

Classé à l'inventaire des Monuments Historique le 11 juillet 1942, il a été acquis par le département de l'Yonne en 1997 qui a récemment achevé les travaux de restauration.

[modifier] Hypothèses

Beaucoup de questions sont aujourd'hui débattues autour de l'architecture unique de ce château, des motifs de sa construction, de l'identité de son ou de ses concepteur(s).

On peut faire l'hypothèse que ce château de la Renaissance dont on ne connaît pas le ou les architectes, fut commandé 2 fois par Louise de Clermont-Tonnerre, comtesse de Tonnerre : - D'abord vers 1550, avec son premier mari François du Bellay qui va mourir en 1553, leur fils Henri mourant un an après. Ces disparitions expliquent l'abandon du projet dont 3 plans nous sont parvenus par et sous couvert d'Androuet Ducerceau.

Ce "projet primitif", motivé par « l'investissement du ménage Bellay » dans l'exploitation de leur forêt de Maulnes, mis en évidence par les travaux de Alain Noël, peut être attribué à Serlio compte tenu de son caractère de « manifeste maniériste » illustré, reconnu et honoré notamment en 1800 par une gravure de Durand, disciple de Boullée, architectes des "Lumières". Puis ce projet fut repris et réalisé avec le second mari de Louise, Antoine de Crusol.

Les travaux du "chantier initial" sur la base de plans reconstitués par l'analyse archéologique et qui témoignent d'une orientation "hédoniste" et de nombreuses innovations de confort mais aussi de défense, débutèrent en 1566 et s'achevèrent en 1575-76, à la suite de la mort en 1573, après le siège de la Rochelle de Crussol, devenu duc d'Uzés, et l'abandon en 1575-76 de Maulnes par Louise, à nouveau veuve, qui conclura le chantier par des travaux "laissés en plan" ou modificatifs dans le sens de la simplification et n'y reviendra plus, alors qu'elle vivra encore jusqu'en 1596.

Puis interviendront jusqu'à aujourd'hui de nombreuses reprises et démolitions dont rendent compte un certain nombre de documents et cartes dont un examen très approfondi a permis à l'auteur de porter de nombreuses et nouvelles hypothèses sur l'état du chantier à cette date 1575-76.

L'analyse archéologique effectuée par l'actuel propriétaire, le Conseil Général de l'Yonne, montre tant en plans qu'en élévations des différences considérables avec ces plans "primitifs". Ces différences prouvent que dans le respect du "parti pentagonal primitif" les marchés signés par Crussol en 1566, concernent des plans et des élévations très vraisemblablement ré-étudiés par un autre architecte puisque Serlio est mort en 1554. Pérouse de Montclos incline pour Philibert Delorme qui à cette époque est pourtant très occupé par la construction inspirée de Serlio, du gigantesque château des Tuileries à Paris pour la reine Catherine de Médicis.

Une autre hypothèse serait de considérer Primatice comme intervenant à la suite de Serlio. Primatice était en France depuis l'âge de 28 ans, élève de Michel-Ange ; autant architecte que peintre, faisant d'incessantes navettes entre l'Italie et la France, prenant la succession de Serlio à Ancy-Le-Franc, peignant un décor à Tanlay tout proche, c'est un italien très français, comme on peut considérer Delorme comme un français très italien. Ce qui n'exclut aucun autre architecte sinon Ducerceau qui a finalement sauvé Maulnes par ses gravures, mais qui en a fait un compte-rendu tellement vaseux, mélangeant sans vergogne "plans primitfs" (de 1550? par Serlio?) et élévations de 1575 commandées par les Crussol, accumulant sur ses documents les imprécisions et les erreurs, qu'il ne peut sûrement pas en être l'auteur.

[modifier] Histoire

On ne connaît que ses dates de construction (1566-1573). Le début du chantier est connu grâce à deux contrats passés entre un des deux commanditaires et, respectivement, le maître-maçon et le maître-charpentier, qui s'engagent à bâtir un château selon les plans qui leur sont communiqués. On ignore qui est l'auteur de ces plans.

Les commanditaires sont Louise de Clermont, comtesse de Tonnerre, et son second mari, Antoine de Crussol, duc d'Uzès. Tous deux sont des proches de Catherine de Médicis.

Les recherches archéologiques ont confirmé que seul le corps de logis a été achevé, probablement dès 1570. Les travaux ont été interrompus en 1573, à la mort d'Antoine de Crussol. À ce moment-là, le bâtiment des communs était presque achevé, le mur d'enceinte tout juste commencé, le jardin terrassé mais non planté.

D'après les documents subsistants, le château servait à affirmer la présence des seigneurs dans le territoire, à la chasse et à la gestion de la forêt. Le commerce du bois de chauffage vers Paris, acheminé par voie d'eau, fournissait alors une ressource économique importante.

Après la mort de Louise de Clermont-Tonnerre (1596), plusieurs propriétaires privés se sont ensuite succédé. Le bâtiment des communs a été transformé en verrerie (production de bouteilles, occasionnellement vitres) de 1775 à 1844.

[modifier] Château proche

Le Château de Maulnes a été construit à proximité d'une forteresse féodale qui avait été commandée par Marguerite de Bourgogne, fille de Robert II, duc de Bourgogne, qui épousa en 1305 Louis X, dit le Hutin, roi de France. Elle avait richement ajoutée une chapelle, pour racheter ses faiblesses, ce qui ne l’empêcha pas de mourir prématurément.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • M. de Cossé-Brissac, "Châteaux de France disparus", Paris 1947
  • "L'Énigme de Maulne" auteur H.G. (?), pp.100-107, revue Connaissance des Arts, n° 477, novembre 1991.
  • Le Château de Meaulnes en Bourgogne, catalogue d'exposition édition bilingue allemand et français, auteur (collectif) Institut d'Histoire de l'Architecture Aix-la Chapelle /Aachen, 1999 Aachen, 53 pages. Ce document rassemble les plans de niveaux et les élévations de façades avant restauration effectués par des étudiants d'Aix-la-Chapelle. Ces dessins sont d'une précision remarquable.
  • "Maulnes appartenant à Louise de Clermont-Tallart" étude critique et enquête[2] sur les recherches et travaux en cours. Auteur Alain Oudin architecte-urbaniste, Enseigne-des-Oudin, Paris 2006.
  • Maulnes. Archéologie d'un château de la Renaissance, dirigé par Monique Chatenet et Fabrice Henrion, éditions Picard, 2004. ISBN : 2-7084-0725-2

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Le château de Caprarola, également pentagonal, édifié par l'architecte Peruzzi aux alentours de Rome (Italie) est comparable au château de Maulnes. Serlio fut l'élève de Peruzzi, qui travailla non loin de là, à Ancy-le-Franc, pour Antoine de Clermont, beau-frère du duc d'Uzès. C'est pour le duc d'Uzès que le château de Maulnes fut construit.
  2. L'hypothèse est que 3 projets se succèdent 1)"manifeste maniériste" de Serlio? vers 1550? pour les Bellay 2)sur la base du même "parti savant" une construction "hédoniste" pour les Crussol de 1566 à 1573 par Primatice et/ou Delorme 3)Par Louise veuve une seconde fois, qui ne reviendra plus à Maulnes bien qu'elle vive jusqu'en 1596, des modifications banalisantes entre 1573 et 1575-76 pour une "occupation bourgeoise", et paradoxalement, ceci au moment précis de la publication prestigieuse de Ducerceau en 1576.
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47°53′25″N 4°12′52″E / 47.89028, 4.21444