Cesare Ripa

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Cesare Ripa (né aux alentours de 1555 à Pérouse - † 1622 sans doute à Rome), auteur italien du XVIe siècle, amateur d'art, érudit et auteur de l'Iconologie (Iconologia overo Descrittione dell'Imagini universali) (Rome, 1593), livre d'emblèmes extrêmement influent à son époque.

Sommaire

[modifier] Biographie

Tout jeune, Cesare Ripa entre à la cour du cardinal Anton Maria Salviati avec la fonction d'écuyer tranchant.

Membre de l'Académie dei Filomati et des Intronati de Sienne (sociétés d'érudits qui se consacrent à l’étude d'œuvres littéraires classiques et de pièces anciennes), il aurait eu des contacts avec l’Accademia degli Incitati à Rome où il résida entre 1611 et 1620.

[modifier] Œuvre

[modifier] Iconologia

En 1593, il fait paraître le recueil d'allégories, Iconologia[1]. L'œuvre est publiée à Rome chez l'imprimeur Heredi di Giovanni Gigliotti ; elle est dédicacée au cardinal Salviati. Les sources littéraires de l’œuvre sont les Hieroglyphica de Pierio Valeriano, l’Emblematum libellus d'Andrea Alciato, le Discorso sopra le medaglie degli antichi de Sebastiano Erizzo et les Pitture d'Anton Francesco Doni.

L'œuvre, qui a pour ambition de servir aux poètes, peintres et sculpteurs, pour représenter les vertus, les vices, les sentiments et les passions humaines, est une encyclopédie où sont présentées par ordre alphabétique des allégories telles que la Paix, la Liberté ou la Prudence, reconnaissables aux attributs et aux couleurs symboliques. Ainsi cette description de l'Astrologie tirée de l'édition parisienne de 1643 :

Cette figure de l’Astrologie est tirée de la description que plusieurs excellents Poètes en ont faite. Elle a un habillement bleu, des ailes au dos, un Compas en la main droite, & en la gauche, un Globe celeste. Elle est vestuë de bleu pour nous apprendre, qu’elle a la contemplation des Cieux, & des Estoilles, qui leur servent d’ornement ; ainsi en est-elle couronnée.[2]

L'édition de 1593 ne comporte pas d'illustrations, mais elle est suivie en 1603 d'une nouvelle édition qui comporte 150 gravures sur bois, certaines dues au Cavalier d'Arpin[3].

[modifier] Rééditions

Le succès de l'œuvre est tel que les éditions, les traductions et les imitations se succcèdent.

En 1603 le texte est réédité à Rome par Lepido Faci et dédicacé à Lorenzo Salviati, avec 400 articles supplémentaires et de nombreuses gravures sur bois. Il existe plusieurs exemplaires de cette édition, notamment à à la bibliothèque nationale de Paris ( Bnf, cote Z-3605 ) et celle de l'Arsenal ( RES 4-BL-5093 ). Les dessins ayant servi aux gravures seraient en grande partie de la main du cavalier d'Arpin.

En 1611, paraît une nouvelle édition à Padoue chez l'imprimeur Pietro Paolo Tozzi, avec un nombre encore plus important de gravures sur bois. En 1613, le livre est réédité par Heredi di Matteo Florimi à Sienne sous le titre Nuova Iconologia, avec une dédicace à Filippo d’Averardo Salviati et l’ajout de 200 nouvelles illustrations de l’auteur. La dernière réédition (de Pietro Paolo Tozzidate) paraît en 1618 à Padoue.

Après la mort de Cesare Ripa, paraissent en 1625 la Novissima Iconologia (Tozzi, Padoue) et, en 1630, la Più che novissima Iconologia, publiée par Donato Pasquardi, avec des ajouts de Giovanni Zaratino Castellini.

[modifier] Influence

Vermeer, Clio, détail du tableau Le peintre dans son atelier
Vermeer, Clio, détail du tableau Le peintre dans son atelier

Le livre de Cesare Ripa est une compilation savante de motifs antiques et ésotériques. Il va servir de manuel de référence à plusieurs générations de poètes et d'artistes[4]. Un des exemples les plus connus est le tableau de Vermeer représentant le peintre et son modèle vêtue en Clio, muse de l'histoire. La jeune femme porte la couronne de lauriers qui signifie la gloire de ceux qui sont dignes de passer à la postérité, la trompette de la renommée, et le volume dans lequel sont consignés les faits par les historiographes. On retrouve l'influence de Ripa dans un autre tableau de Vermeer, l' Allégorie de la foi (1671 ou 1674) au Metropolitan Museum of Art de New York.

Le livre aura également une grande influence dans les arts appliqués, par exemple la tapisserie[5] et l'architecture[6]. La décoration du palais de Versailles, notamment, devra beaucoup à L' Iconologie de Ripa[7], qui fournira aussi des modèles pour les costumes allégoriques portés par les danseurs lors des ballets et des fêtes données par le jeune Louis XIV.

Pour les utilisateurs, c'est une source d'inspiration, mais également une encyclopédie iconographique savante qui leur fournit des dizaines de motifs dont la présence est attestée chez les auteurs classiques. De nombreux artistes s'en inspireront, notamment le peintre baroque Antonio Cavallucci, dont le tableau l'Origine de la musique est inspiré de l'ouvrage de Ripa.

[modifier] Traductions

Les traductions qui sont éditées dans toute l'Europe attestent la popularité de l'œuvre :

[modifier] Sources

[modifier] Critique

L’Iconologia de Ripa a été l’objet d’une importante étude d’Émile Mâle, publiée en Italie dans l’ouvrage L'art religieux au XVIe siècle[8]. Un autre travail important est celui d'Erna Mandowsky[9]. On y trouve une longue liste de monuments pour la décoration desquels on reconnaît l’utilisation des définitions des allégories de Ripa.

En 1992, paraît une édition commentée de l'Iconologia[10].

[modifier] Articles

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cesare Ripa ».
  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Cesare Ripa ».

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

Virginie Bar : L'Allégorie au grand siècle : fortune de l'"Iconologie" de Cesare Ripa et Jean Baudoin. Virginie Bar, La peinture allégorique au Grand Siècle, 402 p., 215 ill. env., Editions Faton

[modifier] notes

  1. Iconologia overo Descrittione Dell’imagini Universali cavate dall’Antichità et da altri luoghi
  2. Iconologie, Paris 1643, Emblème XV, Astrologie
  3. Utpictura18 : Religione (Ripa, 1603) - Chevalier d’Arpin
  4. Voir par exemple l'auto portrait d'Artémisia Gentileschi commenté [1]
  5. "Les quatre parties du monde", l'une des collections remarquables du Musée du Nouveau Monde de La Rochelle.
  6. Il inspire par exemple de nombreux retables baroques de Savoie [2], des éléments de décoration du Palais de Justice de Dijon ([3]
  7. ([4] ou [5])
  8. Chapitre 9 : Lo spirito del XVI secolo continua. L'Allegoria.
  9. (Ricerche intorno all’Iconologia di Cesare Ripa, in «La Bibliofilia», vol. XLI (1939), Leo S. Olschki, Florence)
  10. (ISBN 8878192694)

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