Caspar David Friedrich

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Autoportrait vers 1810
Autoportrait vers 1810

Caspar David Friedrich (Greifswald (Poméranie suédoise), 5 septembre 1774 - Dresde, 7 mai 1840), est le chef de file de la peinture romantique allemande du XIXe siècle.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né le 5 septembre 1774 à Greifswald, Friedrich étudia à l'Académie des beaux-arts de Copenhague. En 1798, il s'installa à Dresde où il devint membre d'un cercle artistique et littéraire, empreint des idéaux du mouvement romantique. Ses premiers dessins explorent des thèmes qui reviennent par la suite tout au long de son œuvre : plages rocailleuses, plaines monotones et landes, chaînes montagneuses infinies et arbres tendus vers le ciel.

Ses premières peintures à l'huile datent de 1807 ; l'une d'elles, la Croix sur la montagne (v. 1808, Staatliche Kunstsammlungen, Dresde) est représentative de son style. S'écartant audacieusement du symbolisme religieux traditionnel, son œuvre est presque entièrement composée de paysages ; sa représentation du Christ en croix, vu de derrière et sur un fond de coucher de soleil en montagne, se trouve presque noyée dans le cadre naturel. D'après les propres écrits de Friedrich, tous les éléments de la composition ont une signification symbolique. Les montagnes sont des allégories de la foi ; les rayons du soleil couchant symbolisent la fin du monde préchrétien et les sapins représentent l'espoir. Les tonalités souvent froides, l'exposition claire et les contours contrastés des tableaux de Friedrich mettent en relief l'aspect mélancolique, les sentiments de solitude et d'impuissance de l'homme face aux forces de la nature, que le peintre a voulu exprimer tout au long de son œuvre (l'Arbre aux corbeaux, v. 1822, Musée du Louvre, Paris). Devenu membre de l'Académie de Dresde, il exerça une grande influence sur d'autres peintres romantiques allemands. Bien que sa réputation se soit ternie après sa mort (7 mai 1840, à Dresde), ses images suscitent toujours une certaine fascination aujourd'hui.

[modifier] Les débuts

Entre 1781 et 1791, les membres de sa famille décèdent un par un. En 1781, il perd sa mère et sa sœur Elisabeth. En 1787, c'est son frère Christopher qui décède accidentellement lors d'une noyade sur la mer baltique (en faisant du patinage). Et en 1791, sa sœur Maria. Cela va influer sur l'un des deux thèmes de sa peinture, la mort ; l'autre étant la nature et le respect de celle-ci.

Il étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Copenhague de 1794 à 1798, suite à quoi il s'installe à Dresde, en Saxe. Après quelques portraits, Friedrich s'oriente vers la carrière de paysagiste, et travaille sur des paysages de la Baltique, notamment l'île de Rügen.

Cependant, même si sa méthode de travail se fonde sur l'observation attentive de la nature, Friedrich, influencé par sa foi et la philosophie romantique, cherche rapidement à donner une dimension spirituelle à ses tableaux. Sa première grande peinture est le fruit d'une commande passée par le comte de Thun-Hohenstein qui cherche à orner un autel : Le Retable de Tetschen (1808). Par sa conception radicalement nouvelle qui place le paysage au centre d'un sujet religieux, Friedrich déclenche une polémique sur l'utilisation allégorique et mystique du paysage.

[modifier] Le succès

1810 est une année charnière pour Friedrich, qui reçoit la visite de Goethe. Il expose également pour la première fois deux œuvres à l'Académie de Berlin, Le Moine au bord de la Mer, et L'abbaye dans une forêt de chênes. C'est un tel succès que le roi Frédéric Guillaume III de Prusse les achète. En guise d'anecdote, Le Moine au bord de la Mer aurait tellement impressionné Karl Friedrich Schinkel (le grand architecte du classicisme prussien) que celui-ci aurait abandonné la carrière de peintre pour s'adonner à l'architecture. L'année 1810 est également l'année de sa première toile inspirée par ses randonnées dans les montagnes proches de Dresde (les monts Métallifères), Matin dans le Riesengebirge. S'ensuivront de nombreuses toiles ayant pour motif des montagnes de ce massif, perdues au milieu de brumes ou de nuages, tel un de ses tableaux les plus connus, Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1817).

En 1817, Friedrich se lie avec Carl Gustav Carus (1789-1869), savant et peintre romantique, qui publie Neuf lettres sur la peinture de paysage. Dans ces lettres, on retrouve en substance l'idée que l'homme contemplant l'écrasante puissance du paysage naturel n'effectue pas seulement une démarche esthétique mais également mystique. C'est clairement une vision similaire qui guide Friedrich, qui fait de l'écrasement de l'humain devant la grandeur de la nature comme manifestation de Dieu, un des thèmes récurrents de son œuvre.

[modifier] La « tragédie du paysage »

A partir de son mariage (le 28 Mai 1818), la peinture de Friedrich se diversifie et inclut désormais de nombreuses figures féminines. La palette s'éclaircit également, comme si sa vie de couple l'éloignait pour un temps des sujets sombres et pessimistes qui jusque-là avaient dominé son œuvre. En 1820, Friedrich reçoit le Grand Duc Nicolas (1779-1845), futur Tsar de Russie, qui lui commande un tableau devant représenter un paysage nordique dans son « effroyable beauté ». Ce tableau, Le naufrage de l'Espoir (1820), aujourd'hui disparu, a longtemps été confondu avec un tableau de 1823/24, La Mer de glaces. Ce tableau qui dépeint le naufrage d'un bateau écrasé par des blocs de glace renoue avec le thème de la mort et de la Nature toute-puissante. C'est en voyant ce tableau lors d'une visite à l'atelier de Friedrich en 1834, que le sculpteur français David d'Angers aura un mot célèbre sur « la tragédie du paysage ».

[modifier] Fin de carrière assombrie

Friedrich connaît ensuite un désintérêt progressif pour son œuvre et les problèmes financiers apparaissent en même temps que les problèmes de santé. Après une crise d'apoplexie en 1835, il abandonne la peinture à l'huile, puis progressivement le dessin qu'il arrête en 1838. Il meurt dans l'indifférence générale le 7 mai 1840, à Dresde. Son œuvre sera longtemps oubliée des critiques d'Art et son importance ne sera véritablement reconnue qu'à partir de la seconde moitié du XXe siècle.

[modifier] Son œuvre

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Caspar Friedrich aura fait plusieurs œuvres toutes très sombres. Voici quelques thèmes de ses œuvres :

  • La couleur violette
  • L'affinité avec la nature
  • Le destin
  • L'arrière-plan/ l'infini
  • Le fini
  • La neige
  • La nuit

[modifier] Peintures (sélection)

Kreidefelsen auf Rügen, 1818
Kreidefelsen auf Rügen, 1818
  • L'été / Der Sommer (1807), Munich
  • Tombeau hun sous la neige / Hünengrab im Schnee (1807), Dresde
  • Le Retable de Tetschen / Das Kreuz im Gebirge (1808), Dresde
  • La Croix Surplombant la Mer Baltique / Wallraf-Richartz-Museum (1808), Köln
  • L'abbaye dans une forêt de chênes / Abtei im Eichwald (1809), Berlin
  • Le moine au bord de la mer / Der Mönch am Meer (1809), Berlin
  • Paysage de montagne avec arc-en-ciel / Landschaft mit Regenbogen (1810), Essen
  • Paysage d'hiver avec Eglise / Winterlandschaft mit Kirche (1811), Dortmund
  • Matin dans le Riesengebirge / Morgen im Riesengebirge (1810), Berlin
  • Croix dans la montagne / Kreuz im Gebirge (1812), Düsseldorf
  • Le tombeau des héros antiques / Grabmale alter Helden (1812), Hambourg
  • Chasseur dans la forêt / Der Chasseur im Walde (1814), coll. particul.
  • Le voyageur au-dessus de la mer de nuages / Der Wanderer über dem Nebelmeer (1817), Hambourg
  • Falaises de craie sur l'île de Rügen / Kreidefelsen auf Rügen (1818), Winterthur
  • Deux hommes contemplant la lune / Zwei Männer in Betrachtung des Mondes (1819), Dresde
  • Sur le voilier / Auf dem Segler (1819), St Petersbourg
  • La brume s'élevant dans le Riesengebirge / Riesengebirgslandschaft mit aufsteigendem Nebel (1820), Munich
  • Paysage champêtre, le matin / Einsamer Baum (1822), Berlin
  • Femme à la fenêtre / Frau am Fenster (1822), Berlin
  • L'arbre aux corbeaux / Der Kränenbaum (1822), Paris
  • Crépuscule en bord de mer / Mondaufgang am Meer (1822), Berlin
  • La mer de glaces / Das Eismeer (1823/24), Hambourg
  • Le Watzmann / Der Watzmann (1825), Berlin
  • Les ruines d'Eldena / Ruine Eldena (1825), Berlin
  • Chêne sous la neige / Eichbaum im Schnee (1829), Berlin
  • La grande réserve / Das grosse Gehege (1832), Dresde
  • Les âges de la vie / Die Lebensstufen (1835), Leipzig
  • Vue sur Arkona (ou Arcona) au lever de la lune / Blick auf Arkona mit aufgehenem Mond, sepia (1803)
  • Femme au soleil couchant / Frau vor untergehender Sonne (1818)
  • Paysage marin au clair de lune / Meeresküste bei Mondschein (1831), Berlin

[modifier] Liens externes