Capitulaire De Villis

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Le capitulaire De Villis ou plus exactement le Capitulare de villis vel curtis imperii (ou imperialibus) est une ordonnance royale datée de la fin du VIIIe siècle ou du début du IXe siècle. Charlemagne y édicte à l'intention des villici, les gouverneurs de ses domaines (villæ, villis) un certain nombre d'observances et de règles. Il ne s'agit pas (comme il est trop souvent dit) de simples recommandations mais de règles strictes à respecter scrupuleusement, sous peine de lourdes sanctions (amendes, révocation, emprisonnement, bannissement…) car ce texte est une ordonnance royale dont l'application concrète sera contrôlée sur le terrain par les missi dominici (les envoyés du seigneur).

Ce texte est surtout connu par ses capitules (articles) 43, 62 et surtout 70 qui y décrivent une liste d'une centaine de plantes, arbres, arbustes ou simples herbes dont la culture est ordonnée dans les jardins royaux. Par cette longue ordonnance de 120 articles (les fameux capitulæ), Charlemagne entendait, huit siècles avant Sully, réformer entièrement l'agriculture et l'administration de ses domaines, immenses puisqu'ils s'étendaient de l'Allemagne à l'Espagne. Domaines, dont, il faut bien dire, que certains, notamment à l'Ouest, en Francie, étaient connus et reconnus pour être fort mal gérés et entretenus.

À l'inverse, il serait par trop inexact et restrictif de réduire ce texte de 120 articles à ces seuls trois articles !

Sommaire

[modifier] Alcuin, auteur du Capitulaire De Villis ?

L'auteur et la date de ce long texte, dont le seul exemplaire, encore existant est conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel, en Allemagne nous sont (comme c'est souvent le cas pour les manuscrits carolingiens) malheureusement inconnus.

Il est évident, que cette Ordonnance, véritable somme, éminemment technique, d'une quarantaine de pages, n'a certes pu être écrite, in extenso, par Charlemagne bien que celui-ci l'ait voulu, aux plans politique, économique et culturel. Cependant, certains auteurs pensent qu'il aurait pu participer à certains articles comme la vénerie ou la fauconnerie.

Ce texte, qui s'intéresse et décrit minutieusement mille choses et activités : les métiers, les tissus, la chasse, la boucherie, la médecine, et surtout la botanique, l'agriculture et l'alimentation, mais aussi l'autorité dévolue à la reine, l'enseignement et la création d'écoles, etc. n'a pu, non plus à l'évidence, être écrit par un seul homme, mais bien mieux par une équipe complète. Équipe qui devait obligatoirement être dirigée par un (ou des) chef(s) fort compétent(s). C'est une œuvre collective : l'une des premières du genre.

Pour tenter d'attribuer une paternité à ce fameux capitulaire, il ne reste que les érudits, les savants de l'époque au premier rang desquels arrivent les moines.

Selon les spécialistes de la question, ce serait, pour sa plus grande partie, l'œuvre d'un de ses grands scribes. On penche aujourd'hui pour Alcuin.

[modifier] L'article 70

Bien que l'identification des espèces précises ne soit pas toujours aisée, la longue énumération des 94 plantes (73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles et tinctoriales), que les domaines royaux se doivent de cultiver est contenue dans les chapitres 43, 62 et surtout 70 donne des indications précieuses sur les fruits et légumes cultivés à l'époque en France.

[modifier] Les herbes

Chap. 70. Nous voulons que l'on cultive dans le jardin toutes les plantes, à savoir : lis, roses, fenugrec, costus [balsamite ?], sauge, rue, aurone, concombres, melons, gourde [sorte de cucurbitacée], dolique, cumin, romarin, carvi, pois chiche, scille (oignon marin), iris, estragon, anis, coloquinte, chicorée amère, ammi, chervis, laitue, nigelle, roquette, cresson [de terre ou nasitort], Bardane, menthe pouliot, maceron, persil, ache, livèche, sabine, aneth, fenouil, chicorée, Dictame, moutarde, sarriette, nasitort, menthe, menthe sauvage, tanaisie, cataire, Grande camomille (ou centauré), pavot, bette, asaret, guimauve, mauve, carotte, panais, arroche, blette, chou-rave, chou, oignons, ciboulette, poireau, radis [ou raifort], échalote, cive, ail, garance, cardon, fève, pois, coriandre, cerfeuil, épurge, sclarée.

Et que le jardinier ait au-dessus de sa maison de la joubarbe.

Ainsi, pour la première fois, les différents jardins des moines sont clairement nommés et situés dans l'espace, de même leurs attributions et leur contenu sont définis et même, pour certains, détaillés. On obtient ainsi trois sortes de jardins différents :

[modifier] l'herbularius ou jardin des simples

C'est en général, et à la fois, un jardin de plantes médicinales, aromatiques et condimentaires, pour la simple et bonne raison que la plupart des plantes alimentaires sont aussi des remèdes;

[modifier] l'hortus ou potager

(littéralement l'"enclos").

[modifier] le viridarium ou verger

("vergier" en vieux français) planté de vigne, de charmille et de buis, il peut aussi évoluer en jardin d'agrément. Il doit contenir plusieurs exemplaires des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier.

Mais les moines, qui étaient fins, savaient aussi, peut-être qu'ils pouvaient planter des rhubarbes au pied des noyers et faire courir la vigne dans les pommiers...

[modifier] Le Capitulaire de nos jours

Aujourd'hui beaucoup de monastères possèdent un jardin (plus ou moins) conformes au Capitulaire. Citons, outre Corbie :

[modifier] Voir aussi

Capitulaire | Liste des plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis

[modifier] Liens externes

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