Canaux martiens

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Carte de Mars par Giovanni Schiaparelli
Carte de Mars par Giovanni Schiaparelli

La croyance en l’existence des canaux martiens dura de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle et marqua l’imagination populaire, contribuant au mythe de l’existence d’une vie intelligente sur la quatrième planète du système solaire. Leur observation, qui n’a jamais fait l’unanimité, provenait d’une illusion d'optique, phénomène fréquent dans les conditions d’observation de l’époque.

Sommaire

[modifier] Naissance du mythe

Canaux de Mars par Percival Lowell
Canaux de Mars par Percival Lowell

Le terme italien de canale était utilisé dès 1858 par Angelo Secchi pour désigner ce qu’il pensait être de larges étendues d’eau comme Syrtis Major. En italien, le mot canale désigne aussi bien un canal artificiel qu’un chenal naturel[1]. Giovanni Schiaparelli fut le premier à observer à l’occasion de l’opposition de 1877 une formation rectiligne qu'il appela canaux (canali), sans s’avancer dans un premier temps quant à leur interprétation ; ils furent par la suite aperçus par d’autres. L’astronome irlandais Charles E. Burton en fit l’un des premiers croquis, puis ils apparurent sur des cartes martiennes, entre 60° N. et 60° S (région équatoriale).

Durant l’opposition de 1892, William Pickering observa depuis Arequipa des groupes de taches ou cercles noirs à leur jonction, évoquant des lacs. À l'occasion des oppositions de 1892 et 1894, la fonte des calottes polaires semblait s’accompagner d’un virage au verdâtre d'une partie importante de la surface. C’est Percival Lowell qui fut le promoteur principal de l’hypothèse des canaux d’irrigation. Il était convaincu de l'existence sur Mars d'habitants qui luttaient contre la sécheresse et la désertification en irriguant les terres jusque dans les régions équatoriales à partir de la fonte des calottes polaires, grâce à un système de pompes et d'écluses. Journaux et magazines relayèrent l’hypothèse. Il réalisa des cartes montrant les canaux et établit également en 1896 une carte de Mercure avec des canaux similaires à ceux de Mars. L'équipement de son observatoire en nouveaux instruments, notamment photographiques, permit à partir de 1905 d'obtenir des clichés relativement nets. Lowell distingua une quarantaine de canaux, puis par la suite jusqu'à 400, dont certains semblaient se dédoubler. Selon lui, il s'agissait de prévention en cas de trop haut débit. Il publia ses travaux sur Mars dans trois ouvrages : Mars (1895), Mars and Its Canals (1906) et Mars As the Abode of Life (1908).

[modifier] Le mythe démonté

Néanmoins, dès 1894, certains émettaient des doutes sur la nature des « mers » martiennes et la présence d’eau sur la planète. Des astronomes comme Edward Barnard n'avaient d'ailleurs jamais observé les dits canaux. En 1903, Joseph Evans et Edward Maunder entreprirent une expérience avec comme sujets de jeunes écoliers et montrèrent que ces canaux pouvaient être le résultat d’une illusion d'optique.[2] En 1909, Eugène Antoniadi, à l’origine partisan de l’hypothèse des canaux, procéda à une observation depuis l’Observatoire de Meudon et vit bien des taches mais aucun réseau géométrique.[3] La crédibilité de leur existence était sérieusement entamée et le monde astronomique n’en parla bientôt plus, bien qu’ils restent populaires auprès du grand public et que Lowell n'ait jamais renoncé à prouver la présence d'eau liquide sur Mars. Les photos de la surface martienne prises par la sonde spatiale Mariner 4 en 1965 confirmèrent la sécheresse de la surface.

[modifier] Références

  1. (fr) (it) Définition de canale sur le dictionnaire Français-Italien Larousse.
  2. (en)Joseph Evans et Edward Maunder (1903) "Experiments as to the Actuality of the 'Canals' observed on Mars", MNRAS, 63 (1903) 488
  3. 1910AN....183R.221A Page 221/222

[modifier] Sources

(en) Martian canal et Percival Lowell (13-02-2007)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes