Césaire Phisalix

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Césaire Phisalix, né à Mouthier-Haute-Pierre (Doubs) le 8 octobre 1852 et mort à Paris le 15 mars 1906, est un herpétologue français qui mit au point le sérum contre les morsures de vipères.

Docteur en médecine et en sciences naturelles, il fut préparateur, puis chef de travaux de zoologie et de botanique à la Faculté des sciences de Besançon et professeur suppléant d'histoire naturelle à l'École de médecine et de pharmacie de Besançon. Il fut ensuite assistant titulaire, puis professeur intérimaire à la chaire de pathologie comparée du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.

Il était l'époux de Marie Phisalix (1861-1946), née Picot, la spécialiste française des animaux venimeux et des venins.


BIBLIOGRAPHIE EXTRAITE DU BULLETIN DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE DE FRANCE n°123 Année 2007 par Christophe CUPILLARD, Président de la Bibliothèque municipale de Mouthier-Haute-Pierre Service d Archéologie de la Direction régionale des Affaires culturelles de la Franche-Comté

Auguste Césaire Phisalix est né le 8 octobre 1852 à Mouthier-Haute-Pierre (25) dans une famille où l'on est vigneron de père en fils depuis le xv ème siècle. Brillant élève, issu d'une modeste famille, il fait ses études au petit séminaire d'Ornans (1865-1870), puis au collège catholique de Besançon (1870 -1873) où il obtient ses baccalauréats. En 1873, il commence ses études de médecine à Besançon en tant qu'élève du service de santé militaire ; il y restera jusqu'en novembre 1875. On le retrouve ensuite à l'hôpital du Val-de-Grâce et il termine sa médecine à Paris où il soutient, en 1877, sa thèse consacrée à "La néphrite interstitielle aigué". Il est alors affecté comme médecin stagiaire à l'école d'application du Val-de-Grâce jusqu'à la fin de l'année 1877.

Nommé médecin aide-major de 2e classe, le 31 décembre 1877, il est envoyé à l'hôpital de la Charité à Lyon. Il y exercera jusqu'au 30 mai 1879 pour retrouver ensuite Besançon où il est nommé médecin aide-major au 4e régiment d'infanterie. Durant cette période bisontine qui s'achèvera à la fin de l'année 1883, il participe, en 1881, à la première campagne de Tunisie, comme médecin du corps expéditionnaire de la brigade J. Vincendon en Kroumirie. C'est pendant ce séjour colonial qu'il contracte une grave maladie qui l'oblige à revenir rapidement en France comme rapatrié sanitaire. Après une convalescence à Roscoff (Finistère), il réintègre ses quartiers d'origine à Besançon. En 1882, il obtient sa licence de Sciences naturelles à Paris, puis en octobre 1883, il est affecté à l'hôpital militaire d'Amélie-les-Bains-Palalda (Pyrénées-Orientales) où il restera jusqu'à la fin mars 1884. Mis en non-activité en mars 1884, pour des raisons de santé, il obtient sa mise à la retraite de l'armée active en 1887. Cette période le voit devenir, en 1884, préparateur à la Faculté des sciences de Besançon. En 1885, il soutient, à Paris, sa thèse de Sciences naturelles intitulée "Anatomie et physiologie de la rate chez les Ichtyopsidés". En 1886, il est nommé professeur suppléant de zoologie médicale à l'École de médecine et de pharmacie de Besançon en remplacement de M. Moquin-Tandon appelé à Toulouse. En 1888, il est nommé chef des travaux de zoologie à la Faculté des sciences de Besançon. La même année, consécration pour lui, il entre au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris en tant qu'aide naturaliste ; il devient assistant en 1892, puis professeur intérimaire en 1897, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. Durant sa période au Muséum, il entame, en 1889, ses premiers travaux sur les venins. En 1894, il découvre avec le biologiste Gabriel Bertrand (1867-1962), les sérums antivenimeux et la sérothérapie antivenimeuse, en même temps qu'Albert Calmette (1863-1933) de l'Institut Pasteur. Cette découverte est récompensée en 1894 par le prix Monthyon décerné par l'Académie des sciences qu'il partage avec G. Bertrand. La même année, le prix Da Gana Machado lui est attribué par l'Institut pour ses recherches relatives aux variations de couleur de la peau des céphalopodes. En août 1895, il épouse à Besançon Mlle Marie Picot dont il avait fait la connaissance à Roscoff. De 1900 à 1905, bien que d'une santé chancelante, il continue ses travaux et ses recherches, secondé par son épouse Marie. Cette activité scientifique soutenue est illustrée par les nombreux articles qu'il publiera jusqu'en 1905. Lors des dernières années de sa courte carrière, d'autres récompenses et distinctions l'attendent: 1898 : Grand prix Bréant de l'Académie des sciences pour l'ensemble de ses travaux sur les venins et les animaux venimeux et pour la découverte des sérums antivenimeux. 1899 : Officier de l'Instruction publique 1900 : Chevalier de la Légion d'Honneur 1903 : Officier de l'Ordre du Lion et Soleil de Perse (à la suite d'une visite du Chah de Perse au Muséum d'Histoire naturelle). Césaire Auguste Phisalix meurt le 16 mars 1906 à Paris dans sa cinquante-quatrième année. Il est inhumé à Mouthier-Haute-Pierre le 18 mars 1906. Docteur en Médecine et Docteur ès Sciences naturelles, Césaire Phisalix, "habile expérimentateur", nous a laissé une oeuvre scientifique de première importance comportant près de 150 publications spécialisées touchant à des domaines variés relevant de la physiologie, de l'embryologie, de la microbiologie, de la pathologie et de l'immunologie (Bochner & Goyffon, 2007).

Image:phisalix01.jpg Figure 1 : Auguste Césaire Phisalix (1852-1906). Ce portrait photographique est exposé dans le musée d'histoire naturelle de Mouthier-Haute-Pierre. Marie Phisalix en a fait don à la mairie au moment de la création du musée en 1907.

"Mais la célébrité de Phisalix est surtout due à ses recherches sur les venins qui le conduisirent, avec G. Bertrand, à découvrir la sérothérapie venimeuse", c'est-à-dire la méthode de traitement des morsures de vipère grâce à l'utilisation d'un sérum antivenimeux inoculé sous la peau du sujet mordu. " De taille moyenne, les yeux bleus, les cheveux châtains, Phisalix portait une épaisse moustache. Il fut décrit comme un personnage bon, modeste et sensible sous une apparence un peu froide (Fig. 1). Durant toute sa vie, il conserva l'amour de son village " (Jaussaud & Brygoo 2004) où il séjournait régulièrement durant l'été dans la maison familiale. Ces retours " au pays ", généralement estivaux, étaient l'occasion de revoir sa famille, ses amis d'enfance, ses voisins et d'autres connaissances plus célèbres comme Ernest Reyer, le compositeur d'opéras, membre de l'Institut. Sa bonté était appréciée par tous : il faisait partie, depuis 1898, du Bureau de Bienfaisance de Mouthier-Haute-Pierre et comme le rappelle son biographe (Noir, 1906), Césaire " était toujours présent pour aider les nécessiteux ". Sa mort prématurée fut, à n'en pas douter, une lourde perte pour son épouse Marie, sa famille, ses amis, les habitants de Mouthier. Ce le fut aussi pour la Science qui perdit un de ses plus grands biologistes. Qui peut dire ce que cet homme remarquable aurait pu créer de nouveau, s'il avait vécu plus longtemps et en bonne santé ? Serait-il devenu aussi célèbre que Louis Pasteur ? À Mouthier-Haute-Pierre, la commune a bien compris qu'en perdant Césaire Phisalix, elle perdait un enfant, un ami et un homme remarquable. Elle a su lui rendre hommage en baptisant de son nom la place publique en 1908 ainsi que l'école publique en 1912. Marie Phisalix, en prolongeant les recherches de son mari, avait su perpétuer son souvenir et c'est ainsi qu'en 1935, Césaire Phisalix a donné son nom à une rue du quartier de Montjoux à Besançon.


pour la bibliographie, se reporter à l'article original dans le BULLETIN n°123 DE LA SOCIETE HERPETOLOGIQUE DE FRANCE