Boule de Suif

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Boule de Suif

Illustration de Boule de Suif

Auteur Guy de Maupassant
Genre Nouvelle
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur G. Charpentier
Date de parution 15 avril 1880

Boule de Suif est une nouvelle de Guy de Maupassant, écrite dans le courant de l’année 1879, rendue publique en 1880, d’abord par une lecture faite en janvier par l’auteur devant ses amis du « groupe de Médan », puis par la publication, au sein d’un recueil collectif de nouvelles titré les Soirées de Médan, le 15 avril 1880.

Des rumeurs font état d’une publication antérieure de la nouvelle dans un journal ou une revue. Cette croyance est fondée sur la première phrase de la préface, qui dit que « les nouvelles qui suivent ont été publiées, les unes en France, les autres à l’étranger. » Aucun élément ne permet toutefois, plus de cent ans après les faits, d’étayer cette croyance en une prépublication de Boule de Suif.

Boule de Suif, des années après sa première publication en œuvre de collaboration, a donné son titre à divers recueils de nouvelles portant le même titre.

Sommaire

[modifier] Le thème de la nouvelle

« Boule de suif […] est un chef-d’œuvre », écrivait Gustave Flaubert. Même si ce n’est pas la première nouvelle de Guy de Maupassant, c’est le récit qui l’a imposé comme un maître. D’abord parue dans le recueil collectif des Soirées de Médan, l’histoire, inspirée d’un fait divers, se déroule pendant la guerre de 1870 : dix personnes fuyant Rouen envahi par les Prussiens ont pris place dans une diligence. Parmi elles, Elisabeth Rousset, une prostituée surnommée Boule de suif à cause de son embonpoint, se donnera à un officier prussien pour sauver les autres voyageurs qui pourtant la méprisent. L’espace clos de la diligence fait ressortir l’hypocrisie et la bassesse des bourgeois. On peut alors différencier plusieurs thèmes apparents dans cette œuvre tels que la guerre, l’alimentation, la liberté...

[modifier] Résumé

Pendant l’hiver 1870-71, la ville de Rouen (Normandie) est envahie par les Prussiens. Pour fuir l’occupation, un groupe de dix personnes prennent la diligence de Dieppe : trois couples (des commerçants, des grands bourgeois, des nobles), deux religieuses et deux marginaux : un « démocrate » et Boule de Suif, une prostituée.

Le voyage s’annonce difficile, la diligence n’avance pas. Les voyageurs ont faim et seule la jeune femme a pensé à emporter des provisions, qu’elle partage généreusement. Les voyageurs font étape dans une auberge à Tôtes (sur le modèle de l’Auberge du cygne), occupée par les Prussiens. Un officier qui occupe cette auberge leur interdit de repartir tant que Boule de Suif n’aura pas accepté ses avances. Patriote, elle refuse, approuvée de ses camarades. Mais ils perdent patience et trament un complot contre elle.

Boule de Suif finit par accepter de se sacrifier et, au sixième jour, la diligence peut repartir. Tous les voyageurs traitent avec mépris celle qui les a libérés, la critiquent et refusent de partager leur repas avec elle.

[modifier] Portrait des personnages (caractérisation directe)

Physiques

Psychologiques

Classe sociale

M. et Mme Loiseau

Lui :

 - taille exiguë

 - ventre en ballon surmonté d’une face rougeaude entre deux favoris grisonnants.
Elle :

- grande, forte, résolue, tête emplie d’opérations d’argent


- voix haute et décision rapide

Lui :

- réputation de filou

- célèbre pour ses farces de toutes natures, ses plaisanteries bonnes ou mauvaises

Elle :

- "eut une angoisse lorsque le patron revint avec quatre bouteilles" [de champagne] "aux mains" (pingre)

- "de la nature des orties" (hypocrite)

Les deux :

- "Cornudet s'aperçut que le ménage Loiseau s'entendait pour tricher" [aux cartes]

Marchands de vin en gros de la rue Grand-Pont

(Représentent les nouveaux riches)

M. et Mme Carré-Lamadon

Lui :

- homme considérable

Elle :

- plus jeune que lui - petite, mignonne, jolie, pelotonnée dans ses fourrures

Elle :

- demeurait la consolation des officiers de bonne famille envoyés à Rouen en garnison

- certain dégoût pour la pauvreté

- Propriétaire de trois filatures de coton

- Officier de la Légion d’honneur et membre du conseil général

(Représentent la bourgeoisie établie)

M. le comte et Madame la comtesse de Bréville

Lui :

-  vieux

- s’efforce de ressembler, par son habillement, au roi Henri IV

Elle :

- grand air

Lui :

- gentilhomme de grande tournure

- Comte et comtesse de Bréville

- Portent un des noms les plus anciens et les plus nobles de Normandie

Lui :

- membre du conseil général

- représentant du parti orléaniste

Elle :

- son salon demeurait le premier au pays

(Représentent la noblesse)

Deux religieuses

- L’une était vieille avec une face défoncée par la petite vérole

- L’autre, très chétive, avait une tête jolie et maladive sur une poitrine de phtisique rongée par cette foi dévorante

Bonnes sœurs

(Représentent le clergé)

Cornudet le démocrate

- grande barbe rousse

- terreur des gens respectables

- inoffensif

- serviable

- démocrate

- possède une assez grande fortune

- célèbre

(Représente les hommes du peuple)

Élisabeth Rousset surnommée « Boule de suif »

- embonpoint précoce

- petite

- ronde de partout

- grasse à lard

- doigts bouffis, étranglés aux phalanges

- peau luisante et tendue

- une gorge énorme

- figure comme une pomme rouge

- yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais

- une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques

- pleines de qualités inappréciables, disait-on

- qualifiée de « honte publique »

-prostituée

(Représente les femmes du peuple)

[modifier] Les recueils de nouvelles

Boule de Suif a ultérieurement donné son nom à plusieurs recueils de nouvelles :

  • d’abord en 1897 (la liste des nouvelles restant à préciser), dans un in-8° de VII+110 pages, orné de compositions de François Thévenot, avec gravures sur bois de A. Romagnol, dans la « Collection des Dix », chez A. Magnier éditeur, Paris ;
  • puis, à partir de 1899, avec la publication d’un nouveau recueil de ce titre chez P. Ollendorff éditeur, Paris, réunissant, outre Boule de Suif, 20 nouvelles publiées, publiée le 15 avril 1880, dans le volume collectif les Soirées de Médan,
  • Une nouvelle édition du recueil de 1897 fut publiée, en 1902, chez le même éditeur (Ollendorff), agrémentée d’illustrations de Jeanniot et de gravures sur bois de G. Lemoine, dans un in-12 de 336 pages.

Divers recueils ont paru dans les décennies suivantes, dans des compositions parfois différentes, agrémentés ou non de nouvelles illustrations.

[modifier] Notes

  1. ne pas confondre cette nouvelle avec une autre nouvelle de Guy de Maupassant, qui porte exactement le même titre, mais dont l’histoire est totalement différente, et qui fut publiée d’abord dans les colonnes de Gil Blas, le 29 mai 1887, puis reprise ultérieurement dans le recueil de nouvelles le Rosier de Madame Husson.

[modifier] Adaptation théâtrale

Boule de Suif a été adaptée, au théâtre, par Oscar Méténier (1859-1913), dans une comédie en 3 actes et 4 tableaux, dont la première représentation eut lieu le 5 mai 1902 au Théâtre Antoine, dirigé par André Antoine (1858-1943), par ailleurs metteur en scène de la pièce. Les décors étaient signés Menessier. On notait dans la distribution : Dumény dans le rôle de Bréville, Matrat dans celui de Loiseau, Luce Colas dans celui de Boule de Suif et Ellen Andrée dans celui de Madame Loiseau.

Le texte de la pièce a été publié, en 1903, chez P. Ollendorff, dans un volume de [6]-87 pages.

[modifier] Adaptations cinématographiques

Ernst Haycox s’inspirera de la nouvelle pour écrire Stage to Lordsburg, qui déplace l’action aux États-Unis. John Ford en fera le western la Chevauchée fantastique. En France, il faut attendre 1945 pour voir cette nouvelle portée à l’écran. Le scénario d’Henri Jeanson, Louis Hée et Christian-Jaque fait directement référence à la situation de 1939-1945. Le film engagé est un hommage à la patrie et à la Résistance. Cornudet devient le symbole du résistant, défendant et consolant Boule de suif. Le comique n’est pas absent de l’adaptation qui se veut une satire des collaborateurs et des occupants, avec une Boule de suif magistralement incarnée par Micheline Presle.

[modifier] Adaptation télévisée

Boule de Suif a aussi été adaptée à la télévision, en 1989, dans un téléfilm musical soviétique titré Руанская дева по прозвищу Пышка (Ruanskaya deva po prozvishchu Pyshka), réalisé par Yevgeni Ginzburg et Rauf Mamedov, sur un scénario de Kim Ryzhov, avec notamment Natalia Lapina dans le rôle de Pyshka (Boule de Suif). Note : IMDb rapporte également, au sujet de cette œuvre, un titre anglophone (A Girl from Rouen Nicknamed Doughnut) et un titre francophone (Boule de Suif).

[modifier] Lien externe

s:

Boule de Suif est disponible sur Wikisource.

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