Bois du Cazier

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50°22′50.7″N 4°26′34″E / 50.38075, 4.44278

Chassis à molette du Bois du Cazier Marcinelle
Chassis à molette du Bois du Cazier Marcinelle

Le bois du Cazier est un ancien charbonnage situé à Marcinelle, près de Charleroi en Wallonie (Belgique).

Sommaire

[modifier] Catastrophe dans la mine

Le 8 août 1956, ce charbonnage fut le théâtre de la plus importante catastrophe minière en Belgique causée par un incendie, avec 262 victimes (dont 136 Italiens, 95 Belges, 8 Polonais, 6 Grecs, 5 Allemands, 3 Hongrois, 3 Algériens, 2 Français, 1 Anglais, 1 Néerlandais, 1 Russe et 1 Ukrainien) sur les 274 hommes présents dans la mine.

Le drame a un impact considérable en particulier pour la communauté italienne : souvent, les mineurs calabrais étaient engagés par villages entiers et les veuves sont donc nombreuses dans le sud de l'Italie.

Le puits St-Charles de la SA des Charbonnages du Bois du Cazier était une concession de plus de 875 ha, sous Marcinelle, Couillet, Loverval et Gerpinnes. L'entreprise occupait alors 700 travailleurs de fond et de surface, l'extraction du charbon se répartissant en trois poses journalières.

À l'époque, l'Italie, échange de la main-d'œuvre contre du charbon. En 1956, 47 000 Italiens travaillent dans les mines de Belgique, constituant à eux seuls plus de 30% des mineurs du pays et plus de 50% de ceux de la région de Charleroi.

Actuellement, la mine est un musée dédié à la catastrophe ainsi qu'à l'histoire de la région à travers la révolution industrielle et bien sûr aux charbonnages en général.

[modifier] Déroulement

Vers 8 h 10, Antonio Iannetta, un encageur, commande avec un compagnon, la remontée de wagonnets de charbon vers la surface. Deux chariots sont mal engagés et restent coincés dans une cage à 975 mètres. Ils arrachent une poutre qui sectionne deux câbles électriques à haute tension, une conduite d'huile sous pression et une tuyauterie d'air comprimé.[1]

L'arc électrique enflamme l'huile sous pression pulvérisée jaillissant de la canalisation éventrée et les boiseries prennent feu instantanément. Cet incident survenant dans le puits d'entrée d'air, le feu et la fumée toxique se propagent rapidement dans toute la mine, où des hommes sont enfouis jusqu'à 1 035 mètres sous terre.

L'alerte sera donnée à 8 h 25 par un homme remonté à la surface avec plusieurs de ses compagnons : Philippe Detobel, bouveleur à 1035, René Albert, Robert Barbieux, Carlo Fontaine, Onorato Pasquarelli et Attilio Zannin.

À 9 h 10, le puits d'extraction de l'air est inutilisable. Les câbles de ses cages cèdent peu après.

Deux personnes tentent vainement à 9 h 30, sans équipement, de se frayer un chemin dans un tunnel latéral. Le trou d'homme n'est élargi que 4 h 30 plus tard, pour découvrir plusieurs cadavres.

Une expédition descend vers 15 h 00 par le premier puits et découvre trois survivants. Les trois derniers rescapés seront découverts ensuite par une équipe différente.

Les secours parviennent à sauver quelques vies le jour même et poursuivent leurs efforts pendant deux semaines. Le 23 août 1956 à 3 heures, les sauveteurs déclareront en remontant « tutti cadaveri » (tous morts).

Les sauveteurs de la centrale de Frameries, créée en 1905 au charbonnage du Grand Trait, participèrent aux opérations de sauvetages.

[modifier] Conséquences

Seuls une dizaine de mineurs auront survécu à la tragédie. L'immigration italienne s'en ressentira et la réglementation de la sécurité du travail sera renforcée tant au niveau belge qu'européen.

La catastrophe a ouvert les yeux de la population belge sur les conditions de vie des immigrés italiens, littéralement parqués au pied des terrils, dans des baraquements hérités de la Seconde Guerre mondiale.

Trois ans après la catastrophe, un procès en première instance débouche sur un acquittement général. En appel, une seule peine sera prononcée, celle du directeur des travaux du Bois du Cazier, Adolphe Calicis, condamné à six mois de prison avec cinq ans de sursis. Dans leur arrêt, les juges rappellent que « l'économie, quelle que soit son importance pour le bien général, ne peut prétendre étouffer les autres valeurs, la vie étant le plus grand bien de tous les biens et devant être protégée jusqu'aux limites les plus extrêmes. »

Le site du Bois du Cazier ferme ses portes onze ans plus tard, en 1967. Il a depuis été transformé en musée relatif au passé charbonnier de la région.

[modifier] Commémorations de la catastrophe

Monument dédié aux victimes de Bois du Cazier
Monument dédié aux victimes de Bois du Cazier
Monument dédié aux Italiens morts lors de la catastrophe
Monument dédié aux Italiens morts lors de la catastrophe

En 2006, à l’occasion du 50e anniversaire de la catastrophe, différentes manifestations commémoratives sont organisées au nom du devoir de mémoire sur le site du bois du Cazier, qui aujourd'hui classé et entièrement rénové est à la fois un mémorial et un musée de la mine.

  • La Poste, émet un timbre spécial réalisé d’après un dessin de Calisto Peretti, mis en vente pour la première fois le 5 août sur les lieux du drame.
  • La Monnaie royale de Belgique frappe une pièce d’une valeur faciale de 10 € sur laquelle est représenté le profil de mineur d’après Constantin Meunier anciennement utilisé sur les pièces de 50 centimes de franc belge, sur fond d’une représentation du charbonnage.
  • Un livre, Cazier judiciaire de Alain Forti et Christian Joosten est spécialement édité chez Luc Pire.
  • Quatre expositions sont organisées :
  • Cazier judiciaire, plonge le visiteur au cœur de la catastrophe de ses prémisses à son déroulement et à ses suites.
  • La mémoire en images retrace les réalités de la mine au travers de documentaires et de films de fictions traitant du sujet.
  • Augusto Murer, la mine en dessins, 60 dessins sur le thème de la mine réalisé entre 1950 et 1962.
  • Dans l’intimité de la mémoire, expositions de photographies de l’artiste italienne Marina Cavazza ayant pour sujet l’immigration italienne dans les charbonnages.
  • Un spectacle, Gueules Noires, conçu et mise en scène par Luc Petit(metteur en scène de renommée internationale: Parade Disney Paris, Décrocher la Lune 1 2 & 3, Nocturnales, Opening du Crown Macao, Zarabanda), donné sur le site le 7 août 2006 retrace au travers de tableaux vivants, de sons et de lumières, l’histoire et les réalités de la mine.
  • Différentes émissions, en radio et télévisions sont également programmées.
  • Le 8 août, une Journée du Souvenir est organisée à Marcinelle et sur le site du Bois du Cazier.


[modifier] Les musées du site

En plus de la visite du site des anciens charbonnages et du mémorial, les bâtiments du site du Bois du Cazier abritent les collections permanentes et les expositions temporaires de différents musées.

  • L’Espace 8 août 1956 est dédié à l’histoire de la mine et des mineurs, et en particulier au déroulement de la catastrophe.
  • Le Musée de l’industrie est consacré aux principaux secteurs industriels: les charbonnages, la sidérurgie, la verrerie, les fabrications métalliques, les constructions mécaniques et électriques, la chimie, l'imprimerie, il propose des collections d’objets, d’outillages et de machines qui s’y rapportent. La vie sociale et le monde ouvrier sont également représentés.
  • Dans les Ateliers, forges et marteaux-pilons permettent à des artisans de réaliser des créations originales et d’effectuer des démonstrations du travail de la forge à destination du public.
  • Depuis février 2007, l’ancienne lampisterie à laquelle a été adjoint un nouveau bâtiment de verre et d’acier, accueille le musée du verre de Charleroi dont les collections proposent non seulement un aperçu de l’importante production locale de l’industrie verrière belge du XIXe et du début du XXéme siècle, mais aussi des pièces anciennes de toutes époques et provenance et des créations de maîtres verriers et d’artistes contemporains et actuels.

[modifier] Notes et références

  1. Le Bois du Cazier - La catastrophe

[modifier] Bibliographie

  • Cazier judiciaire - Marcinelle, chronique d'une catastrophe annoncée, par Alain Forti et Christian Joosten, aux Éditions Luc Pire.
  • Tutti cadaveri. Le procès de la catastrophe du Bois du Cazier à Marcinelle, par Marie Louise De Roeck, Julie Urbain et Paul Lootens aux Éditions EPO.
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[modifier] Liens externes