Benjamin Fondane

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Benjamin Fondane est né le 14 novembre 1898 à Iaşi en Roumanie et est assassiné dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau le 2 ou 3 octobre 1944. Il fut poète, dramaturge, critique littéraire, réalisateur de cinéma et traducteur.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Juif roumain né sous le nom de Benjamin Wechsler ou Wexler, il publie de la poésie à partir de 1912 sous le nom de plume de B. Fundoianu. En 1918, il est l'auteur du drame Tăgăduinţa lui Petru.

Après la fin de ses études de droit à l'université de Iaşi, il rejoint Bucarest et devient le centre d'un groupe d'avant-garde qui inclut Marcel Janco, M. H. Maxy, Iosif Ross, Saşa Pană, Ion Vinea, Ştefan Roll et Ilarie Voronca. Il publie dans d'importants périodiques et fonde brièvement en 1921-22 une troupe théâtrale, Insula, influencée par les conceptions de Jacques Copeau.

Benjamin Fondane arrive à Paris en 1923. Il y écrit sa première œuvre en français, Exercice de français, publié en 1925. Il rencontre Tristan Tzara, qu'il interviewe, et il adhère lui-même au mouvement surréaliste, publiant de nouveaux poèmes tel À Madame Sonia Delaunay, partie d'un projet inachevé Ulysse 1927. Il adhère au sous-groupe d'Arthur Adamov.

De culture hébraïque, roumaine et désormais française, il devient Benjamin "Fondane".

En 1924, il rencontre chez Jules de Gaultier le philosophe russe Léon Chestov, qui sera une des rencontres déterminantes de sa vie: les deux hommes se lient d'une amitié forte, et Chestov deviendra le maître de Fondane en philosophie. Fondane écrit alors, notamment dans les Cahiers du Sud, sur Heidegger, Husserl, Nietzsche, Kierkegaard, Freud... et bien sûr, il contribue largement à faire valoir la pensée de Chestov en France.

En 1933, il travaille avec Dimitri Kirsanov à un film expérimental Rapt, libre adaptation du roman de Ramuz La séparation des races. En 1936, il écrit et réalise le film Tararira en Argentine. Sur le bateau du retour, il se lie d'amitié avec le catholique néo-thomiste Jacques Maritain.

Durant les années 1930, Fondane se trouve au cœur de la vie intellectuelle française et même européenne. Pour cet ardent polémiste, la pensée se définissait comme une lutte, comme pour Chestov, qui tient que la philosophie n'était pas une connaissance mais une lutte acharné à la mort pour la Liberté. C'est dans cet esprit que Fondane suscita un débat en 1936 sur l'interprétation de Kierkegaard en France. Il visait plus particulièrement Denis de Rougemont, Rachel Bespaloff ainsi que Jean Wahl.

En 1938, à la mort de Chestov, Fondane est connu comme étant son disciple et est reconnu comme philosophe.

En 1940, Fondane est engagé lors de l'invasion nazie en France. Fait prisonnier, il s'évade, est repris et il est hospitalisé au Val-de-Grâce pour une appendicectomie. Après avoir regagné son domicile, il travaille à son projet Ulysse et à divers essais.

En mars 1944, il est arrêté par la police de Vichy. Ses amis parviennent à obtenir sa libération mais Benjamin Fondane décide de ne pas abandonner sa sœur Line. Il est envoyé au camp de Drancy, puis déporté à Auschwitz par le convoi du 30 mai.

[modifier] Son œuvre

Méconnue du grand public, l'œuvre de Benjamin Fondane est marquée par la multiplicité. Celle des langues puisqu'il écrivit en hébreu, en roumain et en français, celle des domaines d'expression : poésie, philosophie, critique, théâtre et cinéma. Il a abordé de nombreux sujets avec une exigence extrême et la volonté de ne jamais céder à la « finitude » humaine mais au contraire d'affirmer l'homme avec ardeur et espoir. La poésie est au cœur de cette œuvre puisqu'il qu'il était devenu philosophe pour « défendre sa poésie ». Ses livres Rimbaud le voyou (1933) et la Conscience Malheureuse (1936) furent particulièrement remarqués et suscitèrent plusieurs débats[réf. nécessaire].

A la fin de sa vie, sans jamais se détourner de la poésie, il s'intéressa à la philosophie indienne qui avait passionné Chestov, et à la physique contemporaine grâce à sa relation avec Stéphane Lupasco.

[modifier] Citations

Un jour viendra, c'est sûr, de la soif, apaisée,
nous serons au-delà du souvenir, la mort aura
parachevé les travaux de la haine,
je serais un bouquet d'orties sous vos pieds,
alors, eh bien, sachez que j'avais un visage
comme vous. Une bouche qui priait comme vous.

"Préface en prose", L'Exode, in Le mal des fantômes, Verdier Poche, 2006.

[modifier] Bibliographie

  • Rimbaud le voyou, 1933
  • La conscience malheureuse, Denoel et Steele, Paris, 1936.
  • Le lundi existentiel, éditions du Rocher, 1990
  • Baudelaire et l’expérience du gouffre, Complexe, 1994.
  • Le Voyageur n’a pas fini de voyager, Paris-Méditerranée, 2002,ISBN 2904620656
  • Faux-traité d’esthétique, Paris-Méditerranée, 1998.
  • L'être et la connaissance: Essai sur Lupasco", Paris-Méditerranée, 1998, ISBN 284272044X
  • "Rencontres avec Léon Chestov", Arcane 17, 1996, ISBN 2866960033
  • "Au seuil de l'Inde", Fata Morgana, Collection Hermès, 1994, ISBN 2851940988
  • "Le mal des fantômes", Verdier Poche, 2006, liminaire de Henri Meschonnic, ISBN 2864324857

[modifier] Bibliographie critique

  • Olivier Salazar-Ferrer, Benjamin Fondane et la révolte existentielle, Essai, Corlevour, 2007.
  • "Benjamin Fondane", revue "Europe" n°827, Paris, mars 1998.
  • Jean Lescure, "Benjamin Fondane, Le gouffre et le mur" suivi de "Quoi ? L’éternité" et de Monique Jutrin, "Un entretien avec Jean Lescure", Editions Proverbe, Marchainville, 1999, ISBN 2908455331.
  • "Rencontres autour de Benjamin Fondane poète et philosophe". Actes du colloque de Royaumont, avril 1999, Parole et silence,2002.
  • Olivier Salazar-Ferrer, "Benjamin Fondane", éd Oxus, Collection "Les Roumains de Paris", 2003, ISBN 2-848/98-015-X.
  • Monique Jutrin, "Benjamin Fondane ou le périple d'Ulysse", Nizet,1989.
  • Cahiers Benjamin Fondane, Société d'études Benjamin Fondane[1]

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Le site fondane.org de la Société d'études Benjamin Fondane, consulté le 23 mars 2008, semble vide.