Barzaz Breiz

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Séries, premier chant du recueil
Les Séries, premier chant du recueil

Le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagne, sous-titré « recueillis et publiés avec une traduction française, des éclaircissements, des notes et les mélodies originales par Th. de La Villemarqué » est un recueil de chants recueillis dans la partie bretonnante de la Bretagne au XIXe siècle, traduits et annotés par le vicomte Théodore Hersart de la Villemarqué. La quasi-totalité des textes sont issus d'une collecte commencée par sa mère et poursuivie à plus grande échelle par le jeune chartiste.

Barzaz Breiz, en breton, signifie littéralement « Recueil de poèmes de Bretagne ».

Sommaire

[modifier] Diverses éditions

La première édition a été publiée en 1839 à Paris aux Éditions Delloye sous la forme de deux volumes in-12. La même édition porte parfois la date 1840 avec la mention Seconde Edition.

La Villemarqué publie une nouvelle édition considérablement augmentée en 1845. C'est dans cette édition qu'apparaissent les chants les plus fameux, ceux qui feront la gloire du recueil (Gourvil). L'édition de 1845, chez Didier et Cie, porte le plus souvent la date 1846 avec la mention Quatrième Edition. Le livre est ensuite paru, pour la première fois sous la forme d'un seul volume, en 1867 avec une mention : Sixième Edition. Ce tirage comprenait 2000 volumes in-12 et 500 au format in-8. Il n'existe pas de Cinquième édition, du moins est-elle introuvable à ce jour.

La Septième Edition paraît la même année 1867 ; la Huitième en 1883 et la Neuvième (dernière parue du vivant de l'auteur) en 1893. Toutes les éditions parues depuis 1867, sont basées sur la sixième édition. L'édition de 1867 a été réimprimée de nombreuses fois par la librairie académique Perrin (après avoir racheté les fonds de Didier et Cie), sans compter les nombreuses traductions anglaises (Taylor, Fleay...), allemandes (Keller-Seckendorf....), italiennes (Pascoli), polonaises, etc.

En 1981, un nouvel éditeur propose le Barzaz Breiz au format (presque) poche. En fait il s'agit d'un assez gros volume.

En 1989, l'éditeur breton de Lesneven, Mouladurioù Hor Yezh, a fait paraître sous le titre Barzhaz Breizh la seule édition ne comportant que le texte breton, mais transcrit dans l'orthographe unifiée moderne, dite peurunvan. Les nombreuses erreurs du texte breton de La Villemarqué ont aussi été corrigées.

En 1996, Coop Breizh publie une véritable version format poche du recueil sans le texte breton conformément au vœu de Pierre Trépos (Au sujet d'une nouvelle édition du Barzaz Breiz, 1959).

En 1999, les Éditions du Layeur ont publié une réimpression de l'édition de 1867, présentée par Yann-Fañch Kemener, chanteur bretonnant et collecteur important, augmentée de l'avant-propos de l'édition de 1845 et de quelques traductions en vers dues à La Villemarqué. Le principal mérite est d'avoir mis les textes français et bretons en vis-à-vis en assurant une très grande lisibilité. Un disque compact accompagne l'ouvrage procurant une interprétation de 12 des chants par Yann-Fanch Kemener et la Maîtrise de Bretagne, seuls ou ensemble.

[modifier] Rayonnement

Cette œuvre a connu un succès d'estime important auprès de la société littéraire parisienne, s'attirant une célèbre appréciation de George Sand qui mentionna «les diamants du Barzaz Breiz » et compara un des chants du recueil, Le Tribut de Nominoé, à l'Iliade d'Homère, jugeant même le chant breton supérieur au récit antique. L'auteur, qui n'avait que 24 ans, a vu son statut social s'élever et cela lui permit, en approfondissant ses travaux sur la langue bretonne et les vieilles tragédies bretonnes, de devenir une référence incontestée et de s'ouvrir les portes de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1856. Il incita aussi de nombreux chercheurs dont D'Arbois de Jubainville et Luzel, qui allaient sur le tard devenir ses principaux contradicteurs, à se plonger dans les études celtiques.

La postérité du Barzaz Breiz est l'une des plus remarquables qui soit, par ses aspects littéraires, scientifiques et politiques. Il est encore la source d'inspiration d'artistes actuels, notamment des musiciens grâce au fait que la musique des chants est notée dans l'ouvrage.

[modifier] La Querelle du Barzaz Breiz

Bien après la parution, François-Marie Luzel fit une critique en règle du travail de celui qu'il avait suivi pendant un temps, lors d'un congrès savant en 1868. Il estimait que les chants avaient pu être complètement fabriqués à la manière de James MacPherson, car, disait-il, il n'avait jamais lui-même rencontré des versions aussi élégantes et aussi exemptes de mots français. Le problème principal soulevé par ses contradicteurs était que La Villemarqué refusait de montrer ses carnets. Cependant, à la fin de sa vie, La Villemarqué et Luzel se réconcilièrent.

Dans une thèse soutenue en 1959, Francis Gourvil et publiée en 1960 soutenait que le Barzaz Breiz était un faux et que La Villemarqué avait écrit lui-même la plupart des chants les plus remarquables du recueil.

Dans une thèse soutenue en 1974 et publiée en 1989, Donatien Laurent rejette partiellement ces accusations en démontrant l'authenticité de la matière de l'ouvrage grâce à la découverte par le Général de La Villemarqué, en 1964, des carnets de collectage de La Villemarqué. L'hypothèse la plus vraisemblable est que La Villemarqué a procédé à des remaniements dans un but d'enjolivement et d'établissement d'une version-type à la manière des frères Grimm, comme il était d'usage à cette époque. Luzel lui-même s'est livré à de procédés similaires.

[modifier] Musique bretonne

Le Barzaz Breiz a eu une grande influence sur beaucoup de chanteurs et musiciens bretons. Alan Stivell lui emprunte plusieurs musiques et textes (Marv Pontkalleg, An Alarc'h, Silvestrig, Jenovefa, Bale Arzur et Diougan Gwenc'hlan), de même Tri Yann (Distro euz ar Vro-Saoz), Gilles Servat, etc.

[modifier] Citations

  • « L'Europe lettrée se pâma devant la beauté de ces chants populaires collectés dans les campagnes armoricaines. George Sand, notamment, clama son émotion et inventa, pour qualifier ces pièces, l'expression de "littérature orale" : "Une seule province de France est à la hauteur, dans sa poésie, de ce que le génie des plus grands poètes et celui des nations les plus poétiques ont jamais produit : nous oserons dire qu'elle le surpasse. Nous voulons parler de la Bretagne. Mais la Bretagne, il n'y a pas longtemps que c'est la France. (...) Génie épique, dramatique, amoureux, guerrier, tendre, triste, sombre, moqueur, naïf, tout est là!..." (La Filleule) ». Michel Treguer, Espèce d'Homme! Essai sur l'identité, Editions du Temps, 2007.

[modifier] Bibliographie

s:

Barzaz Breiz est disponible sur Wikisource.

Donatien Laurent

  • Aux sources du Barzaz Breiz ArMen 1989

Francis Gourvil :

  • " Théodore-Claude-Henri Hersart de la Villemarqué (1815 - 1895) et le Barzaz-Breiz Imprimeries Oberthur - Rennes. 1960.
  • La question du Barzaz-Breiz ne serait-elle pas encore liquidée ? Recueil de "Polémiques" au sujet du Barzaz-Breiz. Extrait de "La Dépêche de Brest", mars-avril-juin 1930
  • Sur un passage de la neuvième série du Barzaz-Breiz. Imprimerie Granvillaise - Rennes. 1954. Extrait de Ogam tradition celtique
  • La littérature arthurienne dans le Barzaz-Breiz. Extrait des Cahiers de l'Iroise. Brest. 1956.
  • La langue du Barzaz-Breiz et ses irrégularités. Solecismes, syntaxe, tournures insolites. Imprimeries Réunies - Rennes. 1966
  • Nouvelles contributions à l'histoire du Barzaz-Breiz. 1982.
  • L'authenticité du Barzaz-Breiz et ses défenseurs. À la rescousse d'un mauvais livre, Francis Gourvil

Autres : Barzaz-Breiz - Les chanteurs et les puissances morales dans les montagnes, revue du C.G.H..P,numéro 14,juin 2005

[modifier] Lien externe