Barthélemy Buyer

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Barthélemy Buyer (1433-1483) est un des pionniers français de l'imprimerie.

[modifier] Biographie

Né à Lyon vers 1433 et mort vers 1483[1]. Son nom d’éditeur demeure jusqu’à ce jour « le plus ancien qui ait jamais été trouvé sur un livre imprimé en France »[2].

Barthélemy Buyer, issu d’une vieille famille consulaire lyonnaise, étudia d’abord à la Sorbonne. On pense qu’il y fit la connaissance de Johan Heynlin et de Guillaume Fichet qui sont considérés comme les initiateurs de l'implantation dans cet établissement de la première imprimerie de France, vers 1470[3]. Pris de passion pour cette nouvelle technique, Buyer installe à son retour, en 1472, sur le quai rive gauche de la Saône[4], dans sa maison, un atelier d’imprimerie après avoir appelé et pris comme associé le maître-ouvrier typographe Guillaume Leroy (dit aussi Guillaume Régis), originaire de la région de Liège, qui avait été l’apprenti des maîtres allemands cités (en note 3). On s’accorde généralement à estimer qu’en pratique, Buyer ne fut que l’homme d’affaires et l’éditeur des ouvrages que Leroy mettait sous presse[5]. Buyer vendait ses livres en même temps que de la papeterie et du matériel typographique.

Les éditions les plus marquantes :

  • « Reverendissimi Lotharii Compendium breve », en 1473, est le premier livre imprimé à Lyon[6].
  • « Le livre des merveilles du monde », en 1475, le premier livre imprimé en français.
  • « La légende dorée » de Jacques de Voragine et traduction de Jean Batallier, en 1476.
  • « Le miroir de la vie humaine », (traduit du latin) de Roderic, évêque espagnol de Zamora, en 1477.
  • « Le guidon de la practique en cyrurgie », de Guy de Chauliac, en 1478, un livre de médecine.
  • « Commentaria » de Bartolus de Saxoferrato, en 1481, une somme juridique très lourde, avec des illustrations techniques sur bois, en aplat.
  • « Le livre de Mandeville », 1481, qui est le dernier ouvrage paru sous son nom d'éditeur.

Sa carrière fut brève mais connut un succès retentissant et une longue succession. Le roi Louis XI et le roi René seraient venus ensemble vers 1476 visiter sa boutique [7]. Dès 1477, il fait travailler le nouvel atelier des allemands Nicolas Philippi (dit Pistoris) et Marc Reinhart. Il étendit son commerce jusqu’à Toulouse (à partir des années 1480) où il posséda même un atelier de presse. Certains auteurs le font pénétrer non seulement le marché français mais aussi les marchés italien (Naples) et espagnol (Madrid).

A partir de 1483, le nom de Barthélemy n’apparaît plus dans l’industrie du livre et les registres consulaires. On présume qu’il décéda à cette époque. Guillaume Leroy, à partir de cette date, ou peu avant, semble s’être mis seul à son compte et pourra se vanter de la première édition du « Roman de la Rose », en 1486, pourvue de gravures in-folio. Il disparaît à son tour de la vie active vers 1488[8] puis des registres après 1493.

De son côté, Jacques Buyer, le frère cadet de Barthélemy, son exécuteur testamentaire, avait repris l’affaire, et paraît avoir fait travailler l’imprimeur allemand Mathieu Huss, établi dans la ville. Ils publieront, dès 1487, « La grant vita Christi et le fameux in-quarto « Tractatus corporis Christi », joliment imprimé en 3 caractères gothiques de différentes grosseurs. Il sera échevin à trois reprises. Ses ouvrages sont connus jusqu’à la date de 1509.

Barthélemy Buyer fut le véritable promoteur de l’imprimerie de Lyon qui comptait une cinquantaine d’imprimeurs à la fin du XVe siècle.

[modifier] Notes

  1. les dates sont imprécises car supposées ou, au mieux, basées sur les dates d’édition des livres, les registres consulaires (Buyer fut échevin comme son père) et quelques actes d’administration. De plus, il y a immanquablement certaines divergences d’un auteur à l’autre
  2. voir colophon.
  3. Gutenberg avait disparu en 1468, et ils avaient fait appel à ses techniciens et disciples mayençais Michel Friburger, Ulrich Gering et Martin Crants.
  4. probablement rue Mercière ou, plus haut, rue Saint-Côme, devenue depuis rue Chavanne.
  5. les ouvrages portent d’ailleurs souvent la mention : « …à la requête de Barthélemy Buyer ».
  6. le « révérend Lothaire » était le cardinal qui allait devenir le pape Innocent III.
  7. Pierre Clerjon, Histoire de Lyon, depuis sa fondation jusqu'à nos jours (1831).
  8. tous les livres de cette époque ne portent pas obligatoirement le nom de l'imprimeur.

[modifier] Bibliographie de référence

  • Auguste Bernard, De l’origine et des débuts de l’imprimerie en Europe, 1853
  • Gustave Brunet, La France littéraire au XVe siècle, 1865
  • Aimé Vingtrinier, Histoire de l’imprimerie à Lyon de l’origine jusqu’à nos jours, 1894
  • Jean Porcher, Humanisme et Renaissance, 1934