Ayizo-gbe

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  Ayizo-gbe
(Ayizo-nu)
 
Parlé en Bénin
Région Afrique de l'Ouest
Nombre de locuteurs ~328 000
Classification par famille

 -  Langues nigéro-congolaises
    -  Langues atlantico-congolaises
       -  Langues voltaïco-congolaises
          -  Langues kwa
             -  Langues gbe
                -  Ayizo-gbe

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
ISO 639-1
ISO 639-2
ISO/DIS
639-3
(en) ayb
SIL AYB
Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

L’ayizo-gbe est une langue parlée au Bénin et en Afrique de l'Ouest.

L'ayizo-gbe est l’une des premières langues du groupe Gbe transcrite en alphabet latin dans l’ouvrage de catéchisme du XVIe siècle connu sous le nom de Doctrina Christiana (1658). Les chercheurs qui ont analysé l’ouvrage ont cru à tort que la langue dont il s’agit serait le gɛngbe ou langue mina d’une part et à défaut, le gungbe dit aussi à raison aladagbe et qui a l’avantage de disposer d’une traduction de la Bible depuis le XIXe siècle (Biblu wiwe lɔ). Or, selon son auteur, la langue africaine de la Doctrina Christina est identifiée comme la langue du Royaume d’Allada, localité qui est reconnue comme pays des populations Ayizɔ installées sur le plateau d’Allada avant les immigrants descendants de l’ancêtre Aja de Tado nommé Agassou (agasuvi lɛ) qui fonderont le royaume et qui seront à l’origine des royaumes de xɔgbonu (Porto-Novo) et du danxomɛ (Dahomey).

Les analyses faites à partir de ces deux erreurs ont eu un peu de succès parce que sur le plan génétique et sémantique partant du vocabulaire de base, il y des similitudes entre les trois dialectes du sous-groupe de langue dénommé plus tard Gbe. En effet, au moment de l’élaboration de la Doctrina Christina, il est fort probable que ni le gungbe, ni le gɛngbe n’était encore des parlers constitués. Cette hypothèse plausible a été émise par le Père Roberto Pazzi qui est l’auteur de travaux remarquables sur l’histoire, la langue et la culture des peuples Aja-Ewe actuellement connus comme les peuples du continuum linguistique Gbe.

La dénomination ayizo a été donnée par les Fon d’Abomey pour nommer les populations du Sud conquise par eux plus tard comme des provinciaux (1924 et 1927), éloignés du centre de la culture et de la civilisation qu’était le plateau d’Abomey. Il les auraient appelés : ayi ɖo zɔ nu , ce qui signifie « habitant des terres éloignées ». En abrégé, l’expression a donné le mot « ayizɔnu ». Il semble que au départ, l’expression ne s’adressait pas à un seul groupe ethnique habitant au Sud de la dépression argileuse de la Lama (ko) qui est la limite Sud du plateau d’Abomey. En effet, l’expression « ayi ɖo zɔ nu », serait l’équivalent de la suivante en relation avec la suivante et dépression : « ko-gudo-nu » qui signifie, "ceux qui habitent derrière la Lama". Les groupes ethnique concernés sont les populations dites Aïzo (ayizo) du plateau d’Allada (alada) et ceux du plateau d’Abomey-Calavi (agbomɛ kaɖafi). L’administration coloniale a assimilé les Tori (tɔlinu) situé entre Alada et Ouidah au même groupe.

Plus tard, les travaux de la commission nationale de linguistique des années 1978-1982 ont montré que dans le département de l’Atlantique au Sud de la dépression de la Lama, on dénombre les groupes ethniques suivants : les ayizonu-konu, les ayizonu-setonu, les ayizonu-tolinu, les xwedanu (ou xwelanu), les xwlanu, et les tofinnu.

La langue dont il est question ici est bien sûr le ayizɔgbe – kogbè dont les locuteurs sont majoritaires dans les communes ci-après du département de l’Atlantique au Sud du Bénin : Allada (alada), Toffo (tɔvɔ), Zè (zɛɛ) ou hwɛzunmɛ). On les rencontre aussi en grand nombre dans les autres communes comme Abomey-Calavi (arrondissements de Zinvié et de Kpanroun), dans les arrondissements de Zinvié et de Kpanroun, à Tori-Bossito dans l’arrondissement de Azohouè (azɔhwɛ), à Kpomassè dans l’arrondissement de Tokpa-Domè.

[modifier] Bibliographie

  • ACCT, 1982 : Atlas et étude sociolinguistique du Bénin, Institut de Linguistique Appliquée d’Abidjan, Université Nationale de Côte d’Ivoire.
  • Capo, Hounkpati B. C. , 1983 : « Le Gbe est une seule langue », Africa, Journal of the International African Institute (IAI) Vol. 53, No. 2. (1983), pp. 47-57, Londres.
  • Capo, Hounkpati B. C., 1988 : Renaissance du Gbe, réflexions constructives sur l’Eve, le Fon, le Gen, l’Aja, le Gun, etc., Hambourg, Helmut Buske Verlag, 234 pages.
  • Cornevin, Robert, 1961 : Histoire du Dahomey, Paris Maisonneuve et Larose.
  • Gbéto, Flavien, 2006 : Esquisse de la tonologie synchronique du Ayizɔ d'Allada, dialecte gbe du Sud-Bénin, Journal of African Languages and Linguistics, Volume: 27, Issue: 2 ; Page start: 29
    [Dans cet article, l’auteur a essayé de montrer que le Ayizo-Gbe, dialecte Gbe parlé dans la partie méridionale du Bénin, région d’Allada, a deux tonalités fondamentales : le ton Haut et le ton Bas (H et B, gbeyiji kpo gbeyido kpo). Les autres tonalités, c’est-à-dire les tons Moyen (M), Bas-Haut (BH), Haut-Bas (HB), Moyen-Haut (MH) et Haut-Moyen (HM), sont des réalisations de ces deux tonalités de base. Il a essayé de démontrer que les tons Haut-Bas de la tonalité des noms sont dérivés par une règle d’insertion du ton Haut lorsque la consonne concernée est une occlusive sourde. Cette tonalité élevée empêche la propagation du ton préfixé Bas par une occlusive sourde. Ce qui est intéressant dans cette langue, c’est que l’application des règles tonologiques dépend de la nature des consonnes. La tonalité Bas-Haut est dérivée par une règle de propagation du ton Bas. La tonalité Moyen-Haut est dérivée par une règle de propagation du ton Moyen tandis que le Haut-Moyen est dérivé par la règle d’insertion du ton Haut et une règle d'assimilation du ton Bas final. La tonalité Moyen est un allotone du ton Bas dans l'environnement d'une tonalité Haut. Michel Ahohounkpanzon]
  • Kluge, Angela (2005) ‘A synchronic lexical study of Gbe language varieties: The effects of different similarity judgment criteria’ Linguistic Discovery 3, 1, 22-53.
  • Kluge, Angela (2006) ‘Qualitative and quantitative analysis of grammatical features elicited among the Gbe language varieties of West Africa’ Journal of African Languages and Linguistics 27, 1, 53-86.
  • Pazzi, Roberto, 1979 : Introduction à l’histoire de l’aire culturelle Ajatado, Lomé, Université du Bénin, Institut National des sciences de l’Education, études et Documents en Sciences Humaines, No 1.

[modifier] Voir aussi