Augusta Viromanduorum

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Augusta Viromanduorum est à l'origine de l'actuelle ville de Saint-Quentin (département de l'Aisne, région Picardie).

[modifier] Histoire

Elle a été fondée par les Romains, vers le début de notre ère, pour remplacer l'oppidum de Vermand comme capitale des Viromandui (peuple celte belge qui occupait le Vermandois).

Cette fonction est attestée par trois sources. Au IIe siècle après J.-C., le géographe Ptolémée (II, 9, 6) indique : Μεθ ους Ουιρομανδυες, ων πολις Αυγυστα Ουιρομανδυων : "les Viromandui, dont la ville est Augusta Viromanduorum ». Au milieu du IIIe siècle, deux inscriptions trouvées à Rome, sont dédiées par des prétoriens. La première (Corpus inscriptionum latinarum VI, 32550 = 2822), porte : ex provincia Belgica [civitatis Avg] Veromand (orvm) (les textes entre crochets correspondent à des manques et ceux entre parenthèses à des abréviations : ils sont restitués). La seconde (CIL VI, 32551 = 2821 = H. Dessau, Inscriptiones Latinae selectae, Berlin : Weidmann, 3 t. en 5 vol., 1892-1916, n° 2096), datée de 246, est plus complète : civ(itatis) ex prov(incia) Belgica Avg(vstae) Viromandvorv(orum).

Elle reçut le nom d' Augusta Viromanduorum, l'Augusta des Viromandui, en l'honneur de l'empereur Auguste. Le site correspond à un gué qui permettait de franchir la Somme. Plusieurs routes principales s'y croisaient, venant de Reims, Soissons, Amiens et Cambrai.

Les découvertes et fouilles archéologiques sont encore trop peu nombreuses pour bien connaitre cette agglomération antique. Toutefois, il apparait qu'elle n'occupait qu'une surface de 40 à 60 hectares, ce qui la place parmi les villes "moyennes" de la Gaule.

Sur le plan historique, la principale question est de savoir quel était son statut dans l'Antiquité tardive. En effet, le nom de l'agglomération (voisine de 11 km) de Vermand, qui parait bien provenir de Veromandis est à l'origine d'un débat sur une éventuelle perte du rang de chef-lieu au Bas-Empire. L'archéologie, dans l'état actuel des connaissances (qui reste bien lacunaire, il faut le rappeler) fait pencher la balance en faveur de ce « transfert », car la ville d' Augusta Viromanduorum semble comme désertée au IVe siècle. Au contraire, les vestiges de cette période sont abondants à Vermand, site bien connu dans la littérature archéologique pour ses nécropoles romaines tardives (800 tombes fouillées aux XIXe et XXe siècles). Camille Jullian, dans son Histoire de la Gaule, avait tranché en faveur du transfert, mais cette question reste discutée.

[modifier] Bibliographie récente

Jean-Luc Collart, « Le déplacement du chef-lieu des Viromandui au Bas-Empire, de Saint-Quentin à Vermand », Revue Archéologique de Picardie, 3/4-1984, p. 245-250.

Jean-Luc Collart, « Saint-Quentin », dans Blaise Pichon, Carte archéologique de la Gaule – l’Aisne – 02, Paris, 2002, p. 378-404.

Jean-Luc Collart, avec la coll. de Michèle Gaillard, « Vermand, Saint-Quentin et Noyon : le chef-lieu d’une cité à l’épreuve de la christianisation », dans Alain Ferdière dir., Actes du colloque « Capitales éphémères. Des capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive » Tours 6-8 mars 2003, Tours, 2004, p. 83-102 (Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France ; 25).

Jean-Luc Collart, « Au Bas-Empire, la capitale des Viromandui se trouvait-elle à Saint-Quentin ou à Vermand ? », dans Roger Hanoune dir. « Les villes romaines du Nord de la Gaule. Vingt ans de recherches nouvelles ». Actes du XXVe colloque international de HALMA-IPEL UMR CNRS 8164, Villeneuve-d’Ascq, 2007, p. 349-393 (Revue du Nord. Hors série. Collection Art et Archéologie ; 10).

Jean-Luc Collart, « Recherches archéologiques récentes à Saint-Quentin et Vermand : leur apport à la question de la localisation du chef-lieu des Viromandui dans l’Antiquité », Mémoires de la fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de l'Aisne, tome LII, 2007, p. 9-39.