Art fantastique

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L'objectif de ce texte et de ses illustrations est de reconnaître les thèmes principaux dans lesquels se manifeste l'entrée de l'insolite, du décalé, et d'en suivre le cheminement depuis les premiers temps jusqu'à aujourd'hui.

Sans qu'ils en aient conscience, probablement, nos contemporains sont tout aussi accessibles au fantastique que les hommes des époques naïves et des siècles obscurs. Car le fantastique est tout à la fois le durable et le perpétuellement changeant, ce qui tient le plus étroitement aux racines de la pensée humaine, et ce qui reflète le mieux l'évolution et les métamorphoses de cette pensée.

Sommaire

[modifier] Les différents thèmes

  • La nature
  • La mort
  • L'architecture
  • Sortilèges et démons
  • Les métamorphoses
  • Les mondes possibles
  • Le monde intérieur
  • Au croisement du rêve et de la technique
  • Les monstres
  • Les loups garous
  • Les fantômes

[modifier] La nature

Le thème de la forêt et des plantes qu'on y trouve, des animaux qu'on y rencontre est présent depuis la préhistoire. Plus près de nous, il a été représenté par Albrecht Dürer et Albrecht Altdorfer, peintres allemands du début du XVIe siècle.

Albrecht Dürer, Enlèvement sur une licorne, 1516.
Albrecht Dürer, Enlèvement sur une licorne, 1516.

Rodolphe Bresdin et Gustave Doré, tous deux français (XIXe siècle) l'ont perpétué dans leur œuvre. Dans le royaume sans limites de l'insolite, toutes les rencontres sont admissibles parce que les facultés de l'imagination sont illimitée. Jérôme Bosch peut alors montrer l'ampleur de son génie créatif. Il est rejoint dans cette créativité par Tiepolo, Goya et un étonnant Victor Hugo.

Gustave Doré, Orlando Furioso.
Gustave Doré, Orlando Furioso.

[modifier] La mort

La mort a souvent rencontré la peinture, que celle-ci soit encouragée par le Christianisme pour figurer la fugacité de la vie (les vanités) ou bien qu'elle donne la mort en spectacle (danses et carnaval). Hokusai et Dali y excellèrent. Le japonais Hokusaï - le maître des fantômes - fut l'un des peintres de l'au-delà.

Jérôme Bosch, La tentation de Saint Antoine, 1510.
Jérôme Bosch, La tentation de Saint Antoine, 1510.
Pierre Bruegel, La chute des anges rebelles, 1562.
Pierre Bruegel, La chute des anges rebelles, 1562.

[modifier] L'architecture

Architectures fantastiques, fantaisies géométriques et apesanteur, villes baroques, statues et personnages tourmentés ou d'un calme étrange, curieuses rencontres d'êtres ou d'objets, ou franchement trompe-l'œil, tout ceci participe d'une composition de l'espace, du mouvement, de la perception et des sentiments en marge, puis - au fil du temps - à côté d'une expression plus académique. De Antoine Caron (France XVIe siècle), Monsù Desiderio (Italie XVIIe siècle) jusqu'à Paul Klee, Max Ernst, Edward Munch (XXe siècle) il y a une lignée d'artistes, quelques uns seulements étant cités ici, une lignée de créateurs d'une obligation pour ceux qui regardent les œuvres de se projeter et d'interpréter.

Monsù Desiderio, Atlantis.
Monsù Desiderio, Atlantis.

[modifier] Sortilèges et démons

S'il est un thème universel c'est celui du Diable, des sortilèges et des démons. Thème universel dans le temps et dans l'espace : en témoignent le livre des morts (Égypte), le Pazuzu et la Lamasthu (Mésopotamie), le Tukulka et la Charum des Étrusques, la Tentation de Mara du Bouddhisme et les représentations démoniaques, inspirées par la Christianisme, dans les tableaux de Jérôme Bosch, John Martin (Angleterre, début XIXe), Goya, Dali.

Jérôme Bosch, Le jardin des Délices, 1503-1504
Jérôme Bosch, Le jardin des Délices, 1503-1504

[modifier] Les métamorphoses

Les métamorphoses sont une technique multiséculaire de l'art fantastique. Elles consistent à contrefaire les figures vivantes et à leur donner du mouvement. Depuis le Colosse de Rhodes jusqu'à Salvador Dali, on retrouve ces métamorphoses, tout comme dans les œuvres d'Arcimboldo - les fameux personnages faits de fruits, d'animaux, de végétaux, de roches, inspirés par des miniatures orientales - et dans celle de Léonard de Vinci.

Arcimboldo, L'automne, 1566
Arcimboldo, L'automne, 1566

[modifier] Les mondes possibles

A côté du fantastique qui transpose ou invertit les formes du monde connu, il en existe un autre dont les ressources sont infiniment plus vastes : le fantastique qui, ne se contenant pas de réorganiser le monde, crée de toutes pièces des êtres qui n'ont aucune référence au monde visible. Il n'y a de véritable création de "mondes possibles" qu'à partir du moment où la ressemblance avec les objets et les êtres terrestres est effacée. Il est intéressant de noter que la création de ces mondes possibles se produit à la même époque où se développe parallèlement l'art abstrait. On retrouve cette simultanéité dans les œuvres de Yves Tanguy, Joan Miro et Paul Klee.

Yves Tanguy, Le ciel Traqué, 1951
Yves Tanguy, Le ciel Traqué, 1951

[modifier] Le monde intérieur

Expliquer pourquoi le "ce monde là" de l'artiste est celui-là et se manifeste sous cet aspect est encore plus vain que toute tentative d'expliciter l'essence de n'importe quelle œuvre d'art. S'il est permis de supposer que l'influence du milieu - la Toscane du XVe siècle, la Hollande du XVIIIe siècle - a pu jouer un rôle dans la formation de l'esthétique de Paolo Uccello et de Rembrandt, l'apparition d'une œuvre comme celle de Tanguy aux environs de 1920 ne se définit pas par le climat surréaliste qui régnait alors, quoique la lecture des chants de Maldoror et la rencontre d'André Breton n'aient pas été négligeables. De même, un voyage en Afrique, fait en 1930, a pu donner naissance à une évolution stylistique chez Klee mais c'est surtout son voyage intérieur qui est dominant.

Gustave Moreau, L'apparition, Aquarelle
Gustave Moreau, L'apparition, Aquarelle

Si l'on poursuit le thème du voyage intérieur, il faut aborder la différence entre le voyant et le visionnaire. Le premier reçoit et subit sa vision comme un phénomène totalement indépendant de lui, alors que le visionnaire est l'homme qui sollicite la vision en ce qu'il se prédispose afin qu'elle acquièrt son maximum d'efficacité. Il en est ainsi de deux peintres. Le premier, William Blake (Angleterre, début XIIIe) avait une grande familiarité avec le monde des esprits. Quant au second, Gustave Moreau, il a marqué son œuvre de la puissance de ses rêves. Au croisement du rêve et de la technique, le Surréalisme - au début du XXe - a remis en honneur le sujet à une époque où, depuis l'impressionnisme surtout, la seule préoccupation de beaucoup d'artistes était pour les valeurs picturales et les valeurs plastiques de l'œuvre d'art. La plupart des recherches portant sur la forme et sur la couleur excluaient le sujet. Les surréalistes le réhabilitèrent jusqu'à en faire un sujet récurrent comme l'oiseau chez Max Ernst.

William Blake, Hécate, Aquarelle
William Blake, Hécate, Aquarelle

[modifier] Au croisement du rêve et de la technique

Cet art fantastique reste fidèle à la réalité de formes, en jouant de leurs proportions et de leur juxtaposition, à l'exactitude des détails mais en même temps il sature cette réalité de tout le mystère qu'elle contient, en exprime le merveilleux intrinsèque ou explicite. On retrouve ces traits chez Bosch, Bruegel, et jusqu'à Dali en remontant le temps. Cette même filiation sous-tend les œuvres de Boris Vallejo, Rowena Morrill, Di-maccio, John Howe, Peter Gric, Yerka, Siudmak et Michèle Vincent.

Tous perpétuent ce qui à véritablement débuté au XVIe siècle :

"Quoique Savery (peintre flamand du XVIe siècle) soit rangé d'ordinaire parmi les animaliers objectifs et anecdotiques, il lui arrive, notamment dans son "Noé en prières avant le déluge" du musée de Varsovie, de créer une atmosphère surréelle et surnaturelle qui donne à ses tableaux une valeur tout autre que documentaire" Marcel Brion.

Paul Delvaux, L'appel de la nuit, 1938
Paul Delvaux, L'appel de la nuit, 1938

Document realisé à partir de "L'Art Fantastique" par Marcel Brion.

Image:Eglise
Michèle Vincent, La fuite vers l'au-delà, 2001

[modifier] Liens Externes