Arrigas

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Arrigas
Carte de localisation de Arrigas
Pays France France
Région Languedoc-Roussillon
Département Gard
Arrondissement Le Vigan
Canton Alzon
Code Insee 30017
Code postal 30770
Maire
Mandat en cours
Régis Bayle
2001-2008
Intercommunalité Communauté de communes du Pays Viganais
Latitude
Longitude
43° 59′ 24″ Nord
         3° 28′ 52″ Est
/ 43.99, 3.48111111111
Altitude 339 m (mini) – 1 414 m (maxi)
Superficie 20,28 km²
Population sans
doubles comptes
194 hab.
(1999)
Densité 9 hab./km²

Arrigas est une commune française, située dans le département du Gard et la région Languedoc-Roussillon.

Sommaire

[modifier] Géographie

Arrigas est un petit village situé dans le Gard, à l'ouest du département, dans les Cévennes. Ce village fait partie des communes viganaises.

[modifier] Histoire

Arrigas possède de nombreux vestiges mégalithiques: dolmen d'Arrigas, sur la route de Peyraube, dolmen de la Peyre Cabussélado à la limite de la commune d'Arre, 3 menhirs renversés au col de Vernes et plus bas au lieu-dit Troulhas.

Le village est fondé au XIIe siècle par une colonie de moines bénédictins dépendant de Saint-Victor de Marseille: l'église est mentionnée en 1113 et le monastère en 1135. Au XIVe siècle, pendant la Guerre de Cent Ans, l'église est fortifiée.

Pendant les Guerres de religion, la famille d'Albignac, seigneurs d'Arrigas, embrasse la Réforme, ainsi qu'une partie de la population. Mais, très vite, par fidélité au Roi, d'Albignac change de camp. En 1625, lorsque le duc de Rohan soulève les protestants du Languedoc, Charles d'Albignac prend fait et cause pour Louis XIII : son château du Pont d'Arre est pris par les religionnaires, ainsi que l'église fortifiée d'Arrigas qui est presque entièrement détruite. Quelques mois plus tard, au siège de Creissels, Charles d'Albignac stoppe l'avance des troupes de Rohan, ce qui lui vaut d'être élevé par le Roi au rang de baron d'Arre.

Après la destruction du Pont d'Arre, la famille d'Albignac fait construire le château d'Arrigas. C'est là que naît en 1739 Louis-Alexandre d'Albignac, qui sera lieutenant-général des armées du roi, général de division sous la Révolution et l'Empire, chevalier de Saint-Louis et chevalier de la Légion d'Honneur. Après une carrière remarquée, mais brimée, sous l'Ancien Régime, d'Albignac se met au service de la Révolution en acceptant de devenir le premier maire du Vigan (1790) puis en reprenant du service contre les ennemis de la Révolution (camps de Jalès en 1791-1792), à l'armée des Alpes ou à l'armée du Rhin. C'est le plus illustre des enfants d'Arrigas, bien qu'il soit mort dans son hôtel particulier du Vigan, en 1825. A noter l'exploitation d'une mine de cuivre, zinc et plomb de 1896 à 1907 (au lieu-dit Le Teulas) mais qui avait commencé dès l'époque gallo-romaine. Actuellement on peut encore voir des traces de cette exploitation (galeries et restes de bâtiments).

[modifier] Administration

Liste des maires successifs

  • mars 2001 Régis Bayle (PS) réélu le 9 mars 2008 avec 91 % des suffrages exprimés


[modifier] Démographie

Évolution démographique
1962 1968 1975 1982 1990 1999
187 234 199 187 175 194
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

Église Saint Genest. Il ne reste plus rien de l'église d'origine construite au XIIe siècle par les moines bénédictins, si ce ne sont quelques fondations en pierres de taille, au niveau de l'abside. L'église a été rebâtie au XVIIe siècle et elle conserve de nombreux vestiges de cette époque comme le magnifique "cul de four" en pierres apparentes qui constitue la voûte du choeur. Au niveau du mobilier: un autel et une statue de la Vierge, en bois polychrome doré à la feuille d'or, datent de l'époque baroque, ainsi qu'un retable du XVIIIe siècle représentant la nativité et l'adoration des mages. À voir aussi à l'intérieur: le tableau de Saint Guiral, ermite et patron des troupeaux en Cévennes, oeuvre de Camille Firmin (1850); une grande croix de procession en bois polychrome(vers 1815); les livres des chantres en grégorien (1830). En cours de réalisation au fond de l'église, un petit trésor destiné à abriter quelques anciens ornements et quelques pièces d'orfèvrerie dignes d'intérêt.

Castrum de Saint Peyre. En empruntant la route départementale en direction de Peyraube, tourner à droite 1 km après le village, sur la route communale direction Vernes. Arrivé au hameau de Vernes, prendre le chemin à gauche, direction Saint-Guiral. Au bout d'une heure de marche vous arrivez à un gros rocher de granit qui domine toute la vallée: c'est le site archéologique de Saint Peyre. En approchant du Saint-Peyre, et comme l’on quitte le calschiste pour entrer dans le granit, la draille est revêtue d’un pavement de granit caractéristique : il s’agit des « calades » bien connues en Cévennes. Elle conserve ce revêtement magnifique jusqu’au col de l’Homme Mort, avec même un passage, juste avant qu’elle ne débouche au col, où la voie est surélevée par les petits murets de granit qui la supportent, au-dessus d’un paysage de landes absolument grandiose. On est ici à un kilomètre à vol d’oiseau du Saint-Guiral, dont Laurent Schneider vient de confirmer l’occupation dès le haut Moyen-âge.

Le rocher de Saint-Peyre se trouve donc à égale distance du col de Vernes et du col de l’Homme Mort, culminant à 1200 mètres d’altitude environ. Il s’agit d’un site naturel exceptionnel, constitué d’un chaos granitique qui surplombe les vallées d’Aumessas et d’Arrigas avec un point de vue imprenable sur les cascades de Roque Longue, au-dessus du village d’Aumessas. De par sa topographie, le site peut être aisément fortifié et il présente, effectivement, de nombreux vestiges, provenant visiblement de différentes périodes.

Voici une description sommaire du site, en partant des aménagements les plus sommaires pour arriver aux vestiges les plus élaborés :

- Il s’agit en premier lieu du rocher granitique de Saint-Peyre à proprement parler, entaillé, en divers endroits, d’encoches susceptibles de faciliter son escalade. Des cupules ont été creusées à son sommet et une pointe de flèche en silex y a été découverte il y a quelques années. Au nord comme au sud du rocher, sur quelques blocs de granit, il y a présence de ces mêmes mystérieuses cupules ovales ou circulaires creusées dans la roche.

- Datant probablement de la même période, la célèbre « peyre dé l’autar », ou pierre de l’autel druidique, ainsi nommée par les autochtones à cause des élucubrations fantaisistes de l’Abbé Bourilhon ou de Chante. En quoi consiste ce monument ? Il est situé environ vingt-cinq mètres au sud-est, en contrebas du rocher. Il est composé de trois blocs de granit. Le bloc le plus imposant constitue le soubassement du monument. Deux gradins ont été aménagés dans cette masse, l’un de 62 centimètres et l’autre de 70 centimètres de largeur. Dans le dernier de ces gradins, une cupule de grande dimension a été creusée comme pour recueillir un liquide s’écoulant depuis une saignée pratiquée dans la table qui surplombe le monument. Ce « bassin de réception » présente une forme ovale de 41 centimètres pour le petit axe et de 45 centimètres pour le plus long et sa profondeur est de 17 centimètres. Ce bassin disparaît sous la table du monument. Cette table est constituée d’un imposant bloc de granit soutenu par un bloc latéral sur lequel elle s’est affaissée avec le temps. Dans le prolongement du monument, en contrebas des gradins, deux murs parallèles orientés vers le sud-est sont encore bien visibles, avec une porte sur la « façade » ouest. Ces murs s’appuient sur le monument et des encoches de poutres sont taillées juste en dessous des gradins. Des « fonds de marmite » provenant de minerai de cuivre ont été découverts en octobre 2000, affleurants au pied de cet « autel ».

- Un habitat très sommaire témoignant de techniques de construction peu recherchées. Les gros blocs de granit déjà en place, sont complétés par des blocs plus petits et non taillés. Des entailles pour les poutres apparaissent ici et là dans la paroi rocheuse contre laquelle ces fonds de cabanes sont adossés.

- La majeure partie de l’habitat de Saint-Peyre est constituée au contraire de murs réguliers construits en petit appareil de pierres bien équarries, à tel point qu’au début du siècle dernier, les bergers de Vernes ont réutilisé ces matériaux dans diverses constructions du hameau. Du mortier de chaux apparaît même dans certains murs.

Voilà pour la description du site. Que sait-on par ailleurs ?

L’occupation du Saint-Peyre est attestée au Moyen-âge par des sources écrites. Le lieu-dit est alors appelé « rocher des Merlets ». Nous verrons ultérieurement les raisons du changement de nom. Dans une charte datée de 1330, « Aldebert de Cantobre, dict Azemar damoisel, coseigneur du village d’Arrigas et du château de Merlet (…) a recogneu tenir en fief dudit Jean Darmagnac » un certain nombre de droits seigneuriaux dont la haute, basse et moyenne justice, plus une obligation de cinq mois de garde au château de Merlet . Le 9 juillet 1462, son successeur, noble Jacques Azemar, renouvelle la reconnaissance .

Jusqu’en 1675, les comptes-rendus des visites pastorales effectuées par les évêques, ou leurs représentants, dans la paroisse d’Arrigas, mentionnent comme dépendance de l’église Saint-Genest d’Arrigas la chapelle Saint-Pierre des Merlets. Que sait-on de cette chapelle ? A la fin du XVIIe siècle, Jean Recolin, prêtre et recteur de l’église d’Arrigas, intente un procès aux métayers du mas de la Grandesc (en dessous du Saint-Guiral), pour non paiement des droits seigneuriaux qu’ils lui doivent quant à la chapelle « fondée par noble Raimond de Roquefeuil en l’honneur de Saint Pierre sur le rocher des Merlets, juridiction de Vernes » . Par bonheur pour nous, les descendants des protagonistes de cette affaire, la famille Fonzes d’Aumessas, ont conservé quelques manuscrits du procès, dans lesquels de vieilles chartes sont évoquées, voire reproduites, qui situent la fondation de cette chapelle par Raymond de Roquefeuil vers 1262. C’est le vocable de cette chapelle qui, avec le temps, s’est donc imposé pour remplacer l’ancien nom de « rocher des Merlets. »

Voilà de quoi attester la présence d’une chapelle et d’un « château » sur le Saint-Peyre au Moyen-âge. Sans doute faut-il entendre par « château » un vague « castrum », comparable probablement à celui que Laurent Schneider vient de mettre en évidence pour le Saint-Guiral. Les fondations en pierres régulièrement taillées et jointées à la chaux, que l’on devine sous la pelouse de la plate-forme, au sud du rocher, correspondent sans doutes aux vestiges du château ou de la chapelle. Mais que dire de l’habitat situé en contrebas du rocher, côté est ? Il n’a rien assurément d’un « château », pas même d’un castrum. Venu sur le site à ma demande en octobre 2000, Rémi Azémard, professeur agrégé enseignant à l’IUFM de Montpellier, connu pour les fouilles archéologiques d’une nécropole auxquelles il a participé sur le Larzac, déduisait de la forme et de la disposition de l’habitat, la probabilité d’un village médiéval abandonné au XIVe siècle, en relation avec les mines de Peyraube, situées dans la montagne d’Arrigas, en face du Saint-Peyre.

Un faisceau convergeant de preuves semble confirmer cette hypothèse. Tout d’abord, et comme nous l’avons déjà dit, quant à l’ancienneté de l’exploitation du cuivre sur la commune d’Arrigas. Dans la vallée du Villaret, sur l’ubac de la montagne d’Arrigas, un four gallo-romain fut découvert il y a une trentaine d’années lors de travaux routiers. Côté Peyraube, Philippe Galant, archéologue du SRA spécialisé dans l’archéologie minière, a visité le réseau à notre demande en 2004 et il a confirmé dans son rapport la présence de galeries anciennes, probablement médiévales. Les mines médiévales de Peyraube ne sont guère éloignées de Saint-Peyre et elles sont reliées directement au site par un très ancien chemin, qui passe au-dessus de Peyraube, et que les anciens appellent « cami ferrat ». Je rappellerai enfin que nous avons découvert en octobre 2000, lors de notre visite sur le terrain en compagnie de Rémi Azémard, des « fonds de marmite » de minerai de cuivre au pied de la « peyre dé l’autar ». On pourrait rajouter à tout cela la tradition orale des anciens du hameau de Peyraube qui rapportent que leurs ancêtres habitaient il y a très longtemps à Saint-Peyre, et que Saint-Peyre était le village des mineurs. Mais nous quittons-là toute rigueur scientifique pour rejoindre le domaine du légendaire.

La légende ! Voici précisément la dernière dimension du Saint-Peyre, car il n’est pas de lieu aussi favorisé par la nature et par l’histoire qui n’ait suscité l’imagination des hommes. Voici une légende concernant le rocher de Saint-Peyre, colportée par les bergers des alentours il y a encore une trentaine d’années, et rapportée par Adrienne Durand-Tullou : « Selon la tradition, par les nuits de pleine lune, des grondements s’élèvent du rocher et les Mascos – ou les Fobios, selon les interlocuteurs – en sortent et se livrent à des scènes « effrayantes ». Et alors « malheur à ceux qui se trouveraient là ». Un vieux berger, invité à en dire un peu plus, s’y était refusé, nettement en proie à la peur. Pourtant, levant son fouet, il avait indiqué une direction. Comme nous le lui faisions remarquer, il avait baissé la tête et murmuré hâtivement : « Oui, c’est là, il y a le grand fauteuil  ». Saint-Peyre, lieu du sabbat pour les sorcières ?

Nous avons pour notre part recueilli il y a une dizaine d’années une autre légende relative à la chapelle Saint Pierre des Merlets. La vieille dame me rapporta les faits, somme toute récents, avec le ton mystérieux qui convenait à pareille affaire. Depuis toujours, la légende prétend que lorsque la chapelle fut désaffectée, ses cloches furent enfouies sous l’aire de Peyraube et ses ornements, naturellement fort précieux, murés dans une maison du hameau. Dans les années quarante, le curé d’Arrigas, l’Abbé Raymond Martin, convaincu par les propos de sa servante, aurait alors demandé au propriétaire de cette maison de faire des sondages dans les murs de son habitation. Le propriétaire s’exécuta mais il s’arrêta net quelques jours plus tard, refusant de poursuivre. On raconta alors dans le village que des manifestations « bizarres » l’avaient empêché de continuer. Et naturellement, la maison porte malheur. Des légendes comme celle-ci existent dans tous nos villages et elles sont le témoignage des mentalités passées du monde rural. Elles témoignent aussi, parfois, de l’importance, magnifiée par la légende, de lieux oubliés par l’histoire.

C’est le cas du site de Saint-Peyre, aujourd’hui totalement abandonné, même par les troupeaux, et le site archéologique disparaît rapidement sous la progression de la friche. Les chênes poussent dans les murs en pierre sèche, qu’ils font éclater. Les genêts ferment les passages. L’humus, de plus en plus épais, recouvre et fait disparaître les fonds de cabanes. Les sangliers, qui pullulent dans cette région, détruisent les sols. Les randonneurs ont de plus en plus de peine à localiser la « peyre dé l’autar ».

[modifier] Personnalités liées à la commune

Le général d'Albignac.

Louis-Alexandre d’Albignac, est un petit officier de carrière qui, comme beaucoup d’autres soldats issus d’une petite noblesse pauvre (Napoléon Bonaparte), adhère très tôt aux idées nouvelles. Louis-Alexandre est né au château d’Arrigas le 22 mars 1739. En 1755, il s’engage dans le régiment de Hainault. En 1778, alors qu’il est aux Indes lieutenant-colonel du régiment de Pondichéry, il doit tenir tête avec ses 700 hommes à une troupe anglaise de plus de 20 000 hommes: sa résistance héroïque lui vaut d’être élevé par Louis XVI au grade de chevalier de l’ordre de Saint Louis. Lorsque éclate la Révolution de 1789, d’Albignac, déjà en retraite au Vigan, embrasse immédiatement le nouvel ordre des choses . Voici, à ce sujet, ce qu’il écrivait à son cousin Alex d’Albignac, en juillet 1813:

« Piqué de l’injustice que l’ancien gouvernement m’avait fait éprouver (...), je me livrai au premier coup de cloche de la Révolution, dans la seule idée que les anciens abus seraient corrigés (...) Je n’ai jamais trempé dans aucune faction, ni jamais su dans les différents gouvernements que j’ai eus, qu’il se soit répandu une goutte de sang, ni commis par ceux qui étaient sous mes ordres, le moindre pillage » .

Non content d’approuver les idées de la Révolution, il se met à son service. Elu maire du Vigan le 11 mars 1790, il prend le commandement militaire du département du Gard. C’est à ce poste qu’il doit prévenir la naissance des agissements contre-révolutionnaires: les camps de Jalès, Saint-Ambroix et Barjac fourmillent d’ennemis de la Révolution qui préparent l’insurrection. En 1791, le général d’Albignac disperse les conjurés du camp de Jalès et fait arrêter les chefs: le camp de la contre-révolution ne le lui pardonnera jamais. Le 22 mai 1792, le général d’Albignac fut nommé commandant de la réserve de l’intérieur de l’armée du midi: à ce poste, il continua de pourchasser la contre-révolution, ce qui lui valut les félicitations du tribun républicain Boissy d’Anglas. En avril 1792, d’Albignac rejoignit le commandement de l’une des divisions de l’Armée des Alpes, aux côtés de Kellermann. En 1793, aux pires heures de la Terreur, il passa à la prestigieuse Armée du Rhin. Il quitta définitivement le service en 1801 et fut élevé en 1805, par l’Empereur, au grade de chevalier de la Légion d’honneur . Il mourut au Vigan en 1825, dans sa maison de la rue de l’église . Bien qu’aucune plaque, qu’aucun monument ou qu’aucune statue ne perpétue sa mémoire dans notre village, le général d’Albignac est à ce jour le plus glorieux des enfants d’Arrigas et, qui plus est, un héros républicain !

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références


[modifier] Liens externes