Antonio Meucci

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Antonio Meucci
Antonio Meucci

Antonio Meucci (né le 13 avril 1808 à San Frediano près de Florence en Italie, mort le 18 octobre 1896 aux États-Unis) est un inventeur italo-américain, notamment connu pour la place d'inventeur du téléphone que quelques auteurs revendiquent pour lui. Son rôle dans l'histoire du téléphone a été officiellement reconnu le 11 juin 2002 par la Chambre des représentants des États-Unis : « Expressing the sense of the House of Representatives to honor the life and achievements of 19th Century Italian-American inventor Antonio Meucci, and his work in the invention of the telephone. » [1]. Mais Alexandre Graham Bell reste reconnu comme l'inventeur du téléphone, et il n'existe sur ce point aucune controverse au sein de la communauté des historiens des techniques.

Sommaire

[modifier] Biographie

Antonio Meucci étudia la mécanique avant de travailler comme technicien dans différents théâtres jusqu’en 1835, année où il déménagea à Cuba pour continuer dans le théâtre.

Il inventa une méthode pour galvaniser le métal, qu’utilisa alors l’armée à Cuba. Il travailla aussi durant dix ans sur une méthode efficace de traitement de certaines maladies par électrochocs, puis, en 1849, imagina les bases du téléphone et développa un prototype, dont rien n'indique cependant qu'il fonctionnait[2].

Il partit en 1850 à New York pour promouvoir ses inventions, sans grand succès. C'est au cours de ces années qu'ils construisit son prototype de téléphone, le "Telettrofono".

Le 12 décembre 1871 il fonda la Telettrofono Company avec trois associés , et le 28 décembre il protègea son invention par un "avertissement de brevet", formule renouvelable, plus économique qu'un brevet.

En 1874 il serait rentré en contact avec la compagnie Western Union, dans l'espoir de voir son prototype développé et commercialisé, mais la compagnie ne donna pas suite. Deux ans plus tard, en 1876, Bell déposa son brevet. Convaincu de s'être fait voler son invention, Meucci lui intenta un procès. Le procès dura jusqu’en 1896, date à laquelle la mort de Meucci mit fin aux procédures, sans que la paternité de l'invention du téléphone lui soit reconnue.

Aujourd'hui, son nom est plus généralement associé à celui du célèbre Garibaldi, dont il fut l'ami à partir de 1860.

[modifier] La controverse de paternité

Jusqu'en 1989, personne n'avait jamais remis en question la paternité de Bell sur l'invention du téléphone. Cette année-là, Basilio Catania[3], ancien directeur général de la CSELT (l'agence de recherche et de développement des télécoms italiennes), découvre les travaux d'Antonio Meucci, alors qu'il est ingénieur du théâtre à Florence.

Basilio Catania développe alors toute une théorie autour d'une éventuelle spoliation de Meucci par Bell. L'appareil construit par Meucci, le "Télettrophone", aurait bel et bien fonctionné. Il l'aurait en particulier réalisé en 1850 pour communiquer entre son bureau et la chambre de sa femme, paralysée par des crises d'arthrite.

Dix ans plus tard, il en aurait fait une démonstration à son ami Enrico Bendelari, et l'expérience aurait été relatée par un journal new-yorkais de langue italienne, L'Eco d'Italia.

Puis vint le moment de la prise de contact avec Edward B. Grant, vice-président de la Western Union Telegraph Company, en vue d'une démonstration. C'est à partir de ce moment-là que, selon Catania, la spoliation aurait commencé. Grant aurait offert à Meucci d'utiliser ses locaux et d'y entreposer son matériel, et lui aurait demandé d'examiner les plans de son invention. Une fois ceux-ci en sa possession, Grant aurait systématiquement repoussé la date de la démonstration.

Au cours des deux années qui suivirent, Meucci ne put jamais réaliser sa démonstration, et finit en 1876 par perdre ses droits sur son invention, ne pouvant, par manque de moyens, renouveler l'avertissement du brevet.

C'est aussi pendant ces deux années que Bell aurait volé l'invention de Meucci, toujours selon Basilio Catania. Ce dernier met en effet en avant que Bell aurait travaillé dans le laboratoire où Meucci avait entreposé ses appareils.

En mars 1876, Graham Bell déposa le brevet du téléphone, puis expérimenta son appareil à l'exposition internationale de Philadelphie en 1876. Puis vint le grand succès de Londres où il installa un téléphone à la Chambre des communes. Les protestations de Meucci auraient dès lors été vaines, face à la richesse et à la puissance grandissante de Bell.

Pour soutenir cette thèse, Catania s'appuie également sur les travaux d'une commission d'enquête dont l'attention aurait été attirée par les plaintes de Meucci pour ententes illicites : il aurait existé une connexion secrète entre des employés de l'office des brevets et la compagnie de Bell. Et celle-ci s'était engagée à rétrocéder à la Western Union 20% des bénéfices de l'invention, le téléphone.

Cette controverse de paternité n'a reçu strictement aucun écho au sein de la communauté des historiens des sciences et des techniques qui, lorsqu'ils la connaissent, la tiennent pour tout simplement farfelue. Elle est assez typique de ces très nombreuses théories marginales qui visent à remettre en cause une grande figure de l'histoire au profit d'un héros méconnu, et qui reposent sur l'idée qu'il y aurait une véritable origine des grandes inventions qu'il faudrait révéler, ce qui dénote une certaine incompréhension de ce qu'est l'histoire des sciences et des techniques.

Mais si cette controverse est ignorée de la communauté scientifique, elle a connu un certain écho dans le grand public, et en particulier chez la communauté italo-américaine de New York. Cent cinquante ans après l'arrivée de Meucci à Manhattan, cette communauté a finalement réussi à convaincre Rudolph Giuliani, maire de New York et lui-même d'ascendance italienne, de réhabiliter Meucci en faisant du 1er mai 2000, le Meucci Day. De surcroît, comme il est indiqué dans l'introduction, son rôle dans l'histoire du téléphone a été officiellement reconnu en 2001 par la Chambre des représentants des États-Unis. En France, cette thèse à également été médiatisée en 2007 par un journaliste, Jean-Baptiste Giraud[4]

[modifier] Œuvres de fiction

Antonio Meucci a inspiré un film et deux téléfilms :

  • Antonio Meucci, film d'Enrico Guazzoni, Italie, 1940 [1] ;
  • Antonio Meucci cittadino toscano contro il monopolio Bell, téléfilm de Daniele D'Anza, Italie, 1970 [2] ;
  • Meucci, téléfilm de Fabrizio Costa, Italie, 2005 [3].

[modifier] Anecdotes

Dans Le parrain: volume 3 de Francis Ford Coppola, le prix Meucci, récompensant l’italo-américain de l’année à New York est remis à Michael Corleone, par Joe Zaza dans les premières scènes du film. [5]

[modifier] Notes et références

  1. Conclusion de la résolution 269 du 11 juin 2002 de la chambre des représentants des Etats-Unis (107th CONGRESS, 1st Session, H. RES. 269, June 11, 2002]
  2. L'historien Kenneth J. Lipartito explique ainsi : « Lawyers who tried to litigate his patent caveat found that, quite simply, his invention did not and could not be made to transmit speech, or anything else. » (Kenneth Lipartito, The American Historical Review, Vol. 100, No. 2, p. 641.
  3. Basilio Catania, travaux de Basilio Catania sur Antonio Meucci
  4. Dans un essai intitulé Les grands esprits ont toujours tort — De Galilée à Diesel, les savants maudits qui ont changé notre vie, éd. du Moment.
  5. The Godfather : Part III Francis Ford Coppola U.I.P États-Unis : 25 décembre 1990

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes