Antoine Martinez

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Antoine Martinez, naît le 11 juillet 1913 à Oran (Algérie), mort le 11 avril 1970 à La Verrière (Yvelines), est un peintre expressionniste français

Il est né à Oran dans le vieux quartier espagnol, d'un père boulanger. Très tôt, il est attiré par la peinture et le dessin : à 10 ans il couvre les murs de la cour de la boulangerie de grands dessins au charbon de plus de 2 m de haut ; à 12 ans il fait le portrait à l'huile de sa grand-mère et prend ses premières leçons de peinture. À 14 ans, il entre aux Beaux-Arts d'Oran où son professeur, étonné par sa précocité picturale, lui conseille d'aller se former à Paris. Inscrit à l'Académie Julian à l'âge de 15 ans, il fut l'élève de Paul Albert Laurens puis de Pougheon. Mais si sa précocité picturale était étonnante, il ne reçut qu’une instruction générale sommaire. C’est plus tard que sa ferveur d'autodidacte le conduisit à la découverte de la littérature, de l’histoire et de la philosophie, sous les conseils de son maître Pougheon qui joue auprès de lui le rôle d'un père spirituel. Très vite il a tout dévoré de la vie des grands maîtres flamands et espagnols.

Entre 1929 et 1931, il reste seul à Paris, ses parents s'étant installés à Nice avant de retourner en Algérie (1931). L'été, il peint des paysages dans le pays niçois, puis des figures et des paysages en Oranie.

En 1932, à 19 ans, il entre à l'École des Beaux-Arts de Paris, dans l'atelier de Devambez. Plusieurs fois logiste au concours du grand prix de Rome, il obtient de nombreux prix. À 20 ans il fait son premier voyage à Madrid : il y découvre sa patrie de sang. Il passe ses journées au Prado, se passionne pour Le Gréco et Goya, admire Velasquez. Le soir, dans l'ambiance madrilène, il retrouve les coutumes et les odeurs des quartiers espagnols d'Oran, lui qui en est si loin à Paris. Il écrit à son père des lettres enthousiastes.

En 1939, il épouse le peintre Alice Richter. La même année, il obtient la médaille d'or au Salon des Artistes Français. Il est mobilisé et échappe de justesse à la captivité pendant l'offensive allemande de juin 1940. Après sa démobilisation en 1940, il retourne en Algérie et expose régulièrement à Oran (galeries "Continental", "Pozzalo" et "Martin") et à Constantine jusqu'en 1945. Sa peinture se vend bien. De retour en France, il obtient, sur concours, la première chaire de peinture à l'École des Beaux-Arts de Toulouse en 1946.

Parallèlement à l'enseignement, il peint beaucoup. C'est une période d'intense activité et de nombreuses satisfactions : il aime cet enseignement qui lui offre l'occasion de transmettre sa passion tout en lui laissant le temps de peindre. Il est très apprécié de ses élèves qui ressentent le feu qui l'anime. Toutes les facettes de sa vie sont centrées sur la peinture. Mais les conditions de logement à Toulouse en cette période d'après-guerre l'obligent à revenir sur Paris où il possède une maison, et à démissionner de l'École toulousaine. Son exposition à la galerie Berheim-Jeune à Paris en 1950 fut prolongée en raison de son succès. Invité en 1952 par la résidence des peintres à Ségovie en Espagne, il y fit grande impression. Il expose régulièrement dans les grands salons parisiens : Indépendants, Populiste, Salon d'Automne, Salon des Tuileries ...

Il se détourne ensuite des galeries d’art et des critiques, et s'enferme dans son atelier à Draveil au milieu des bois. C'est là qu'il réalise la peinture qui lui plaît et non celle qu'on lui demande ; il en sortira des œuvres maîtresses (*). Quelques amis proches viendront lui rendre visite : Emmanuel Roblès, Jean-Louis Bory, Le Docteur Bertrand, le Docteur Noix ... En 1957 il transfère son atelier à Sceaux. Les cours de dessin qu’il dispense à temps partiel dans l'enseignement secondaire lui procurent une indépendance matérielle qu’il apprécie. Il s'engage plus avant dans cette voie en se présentant au concours du second degré du Professorat d'État de dessin où il est reçu largement 1er. Il devient titulaire de son poste.

1957-1969 marque une période de sécurité et de stabilité matérielles.

Il reprend ses recherches sur la couleur qu'il synthétise avec celles sur la forme et l'expression, des périodes précédentes. Il produira alors des œuvres plus épurées. Mais gravement affecté par la mort de son frère en 1961, et par la situation matérielle de ses parents qui ont tout laissé en Algérie en 1962, il est miné par une angoisse et des déceptions intérieures que son entourage n'arrive pas à cerner. Ressent-il sa vie comme un compromis qu'il refuse ?

Il commence en avril 1969, à ressentir des douleurs qui s'accentuent fortement à partir de septembre. Elles sont reconnues par les médecins pour être d’origine nerveuse ou psychique mais il se refuse à faire la cure psychanalytique qui lui est conseillée. En janvier 1970, il entre à l'Institut Marcel Rivière, à La Verrière dans les Yvelines pour y être soigné. Il y meurt le 11 avril d'une cause inconnue et imprévue des médecins, peut-être d'une anorexie poussée à l'extrême.

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