Antoine Gruyer

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Antoine Gruyer, né le 15 mars 1774 à Saint-Germain (Haute-Saône) et mort à Strasbourg le 27 août 1822, est un général d’Empire.

Sommaire

[modifier] Campagnes de la Révolution française

Élu capitaine au 6e bataillon de volontaires de son département, il fait les campagnes de la Révolution française. Il est blessé à Fleurus, et se distingua surtout à l'armée d'Italie.

[modifier] Campagnes napoléoniennes

Blessé et officier de la Légion d'honneur à Austerlitz, lieutenant-colonel des chasseurs de la Garde impériale pendant les campagnes de Prusse et de Pologne, colonel et aide-de-camp du prince Borghèse en 1808.

Le 6 octobre 1813, le baron Gruyer, nommé général de brigade, a deux chevaux tués sous lui en s'emparant du village d'Interbroch près de Tœplitz ; il occupait encore ce poste quand la retraite des 4e, 7e et 11e corps de la Grande Armée, le plaça dans la situation la plus critique. L'ennemi, fort de 40 000 hommes, vint se placer entre lui et les trois corps français ; néanmoins, conservant le plus grand sang-froid, il se mit en retraite, et quoique mitraillé par l'artillerie ennemie, il refusa de se rendre, marcha en carré, s'arrêtant de cent pas en cent pas afin de repousser six mille cavaliers qui le harcelaient. Cerné de toutes parts, ses quatre mille hommes n'avaient plus de munitions et étaient sur le point de se rendre, lorsque le général, qui avait eu trois chevaux tués sous lui, saisit un drapeau, ramène, par une courte allocution, le courage de sa troupe qui, la baïonnette en avant, parvient à se faire un passage. Pendant cette affaire, regardée comme l'une des plus glorieuses de la campagne, Gruyer avait perdu 1 800 hommes et soixante-trois officiers, tués blessés ou faits prisonniers. Blessé à Leipzig, cet officier général se rendit à Luce pour donner des soins à sa santé.

En 1814, Gruyer, à peine convalescent, se battit à Montmirail, à Château-Thierry, à Champaubert et à Montereau. Le 22 février, chargé d'attaquer Méry-sur-Seine, il pénétra dans la ville après un combat meurtrier qui dura de sept heures du matin à cinq heures du soir, et chassa l'ennemi du quartier situé sur la rive gauche. Le général Gruyer voulut profiter d'une victoire si chèrement achetée. Les Russes avaient incendié la ville, il s'empressa de faire jeter dans la rivière les poutres enflammées du pont auquel l'ennemi avait aussi mis le feu, et se disposait à passer la rivière sur celles qu'on avait pu conserver, lorsque l'Empereur, arrivant à Méry, le fit demander et lui dit : « Général, vous appréciez les circonstances, elles sont difficiles et méritent bien les beaux efforts que vous venez de faire ici, et vous êtes déjà récompensé par la bonne besogne que vous avez faite. »

Gruyer poursuivit aussitôt l'ennemi dans l'autre partie de la ville, où le combat recommença avec la même fureur. Un coup de fusil parti d'une croisée atteignit l'intrépide général, il n'en ordonna pas moins la charge en criant à ses soldats : « En avant ! l'Empereur m'a chargé de vous dire que vous avez fait de la bonne besogne ; camarades, achevez votre ouvrage.» Le baron Larrey reçut de l'Empereur l'ordre de panser Gruyer que trente grenadiers transportèrent jusqu'à Paris.

[modifier] Première Restauration

Nommé, en juillet suivant, commandant du département de la Haute-Saône, il occupait ce poste à l'époque où Ney, chargé de s'opposer au progrès de Napoléon Ier, arriva à Lons-le-Saunier (12 mars 1815).

[modifier] Cent-Jours

Gruyer exécuta l'ordre qui lui enjoignait de proclamer le retour de l'Empereur et ne négligea rien pour maintenir la tranquillité publique.

[modifier] Seconde Restauration

Lors de la seconde Restauration, cette conduite lui fut imputée à crime. Arrêté le 13 décembre 1815, il fut condamné à mort le 16 mai 1816 ; mais sa peine fut commuée en celle de vingt ans de réclusion ; sa femme voulut partager sa captivité, et son mari fut obligé de l'accoucher, parce que le colonel Biraque, commandant de la citadelle, avait refusé de faire ouvrir les portes de la prison à la personne chargée d'aller chercher le médecin.

Le général fut rendu à la liberté après vingt-huit mois de détention et mourut à Strasbourg le 27 août 1822. Ses funérailles furent suivies par un public nombreux.

[modifier] Source

« Antoine Gruyer », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)