Antoine Doinel

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Antoine Doinel est un personnage cinématographique, apparaissant dans cinq films écrits et réalisés par François Truffaut et tous interprétés par Jean-Pierre Léaud :

Sommaire

[modifier] Cycle non linéaire

Le temps, dans le cycle d’Antoine Doinel, n’est pas linéaire. Il se concentre selon un double principe d’accélération et d’étirement : certains moments forts, attendus, sont traités par ellipses, en étant maintenus dans le hors-champ de l’histoire. Baisers volés commence ainsi comme si le spectateur connaissait déjà Christine et sa famille, il n’apprendra à aucun moment comment Antoine les a rencontrés, et c’est toute la relation avec Christine qui va être marquée par ce temps en accordéon : la réconciliation, dans Domicile conjugal, est traitée en ellipse, de même que la rupture définitive dans L’Amour en fuite, alors que le titre pouvait laisser penser que ce serait le sujet du film.

Dans Baisers volés, la caméra est souvent placée dans l’encadrement d’une porte, et Antoine est le personnage qui ferme ces portes, cachant la scène, brisant la continuité du film, contrairement à Christine qui les ouvre.

[modifier] Autobiographie

Les Aventures d'Antoine Doinel, Jean-Pierre Léaud aidant, permettent souvent d'identifier le cinéaste au personnage principal. Truffaut joue de sa ressemblance avec l'acteur, utilise les lieux de son enfance et va même jusqu'à projeter d'épouser Claude Jade.

[modifier] Christine Darbon

Christine Darbon alias Claude Jade apparaît dans la vie d'Antoine dans Baisers volés. En effet, on retrouve Christine dans les films suivants de la saga Doinel : Domicile conjugal (Claude Jade y est Christine Doinel) et L'amour en fuite, où elle redevient Christine Darbon. Truffaut a ainsi l'occasion de peindre trois états, trois âges, de la femme: convoitée et vouvoyée (Baisers volés), mariée et trompée (Domicile conjugal), divorcée mais amie (L'Amour en fuite). Elle est sage et naïve dans "Baisers volés", douce et amère dans "Domicile conjugale", indépendante et déterminée dans "L'amour en fuite"; son personnage change et évolue au fur et à mesure que les épisodes passent, avec une justesse troublante, vers plus de gravité et d'amertume.

Christine se caractérise par ses bonnes manières de jeune fille rangée, la vivacité de son regard, un sens du sacrifice qui n'a rien de « tragique » - la fraîcheur et la vivacité du personnage : Christine Darbon. Antoine et Christine forment le premier couple de cinéma à divorcer par consentement mutuel.

Au sens de l'autobiographie: tandis que Antoine cherche à séduire Christine dans Baisers volés, le cinéaste Truffaut tombe amoureux de l'actrice qui l'incarne. Il songe à se marier avec Claude Jade, et revient brutalement sur sa décision au dernier moment. Christine Darbon laisse une trace inextinguible dans l'œuvre de Truffaut : c'est un personnage qui ne dévoile jamais vraiment ses émotions, dont le sourire triste est la seule arme pour combattre la cruauté de Doinel et dont le regard doux cache difficilement une blessure intérieure.

[modifier] Les acteurs et son maître

Par extension, c'est également le titre générique donné au cycle formé par ces cinq films.

Jean-Pierre Léaud a quatorze ans lorsque François Truffaut le choisit pour jouer le personnage d'Antoine Doinel dans Les Quatre Cents Coups. Depuis ce film Jean-Pierre Léaud est l'enfant (terrible) de la Nouvelle Vague.

Rex Reed disait de l'héroïne du cycle, Claude Jade: « À vingt ans, lorsqu'elle fit sensation dans le film Baisers volés de François Truffaut, Claude Jade était tellement naturelle, simple et élégante. Elle incarnait vraiment le charme et la sensualité à la française. »

Truffaut était pour Léaud et Jade un ami paternel. Claude Jade en interview 2002 : « François a vécu pour le cinéma jusqu'au dernier moment. En 1983, j'ai reçu une lettre déchirante dans laquelle il m'annonçait sa maladie : « J'ai bien failli passer de l'autre côté du miroir mais pas au sens d'Alice au pays des merveilles, plutôt au sens d'Orphée dans les films de Jean Cocteau. » Je l'ai revu quelques mois avant sa mort. Il avait de l'espoir et des films encore plein la tête. Il me manque. »

[modifier] L'influence de Jean Renoir

Dans son introduction à son livre Les aventures d'Antoine Doinel Truffaut écrit : « C'est justement Jean Renoir qui m'a appris que l'acteur jouant un personnage est plus important que ce personnage » et aussi « Antoine Doinel est devenu la synthèse de deux personnes réelles, Jean-Pierre Léaud et moi » tout en reconnaissant que « progressivement Antoine Doinel s'est éloigné de moi pour se rapprocher de Jean-Pierre ».

Le cycle Antoine Doinel met donc en scène des personnages ordinaires (issus de la vie de Truffaut et de Jean-Pierre Léaud) présenté de façon extraordinaire.

Dans les films de Renoir comme La Chienne et Le Crime de Monsieur Lange (1936) le réalisme et l'intimité sont suggérés par l'utilisation de cadres ajoutés comme des portes ou des fenêtres et par l'exploration d'une cour intérieure d'immeuble comme lieu central. Ces deux aspects symbolisent le fait qu'il existe une réalité complexe, au-delà des cadres ou derrière les personnages secondaires qui sont rencontrés régulièrement dans la cour et les escaliers. Cette méthode est reprise dans Domicile Conjugal où Antoine travaille au milieu de la cour et dialogue avec des personnages variés. Cette capacité à communiquer qui progresse au cours du film, marque une évolution dans le personnage d'Antoine Doinel, jusque là plutôt solitaire.

[modifier] Bibliographie

  • François Truffaut, Les Aventures d'Antoine Doinel, Ramsay Poche Cinéma, 1987. Le livre rassemble les dialogues, scénarios, synopsis et notes de travail des différents films de la série Doinel, et s'achève par une interview de Truffaut à propos de L'Amour en fuite.

[modifier] Anecdotes

  • En octobre 2004, France Culture diffuse dans le cadre des Ateliers de Création Radiophonique, le journal d'Alphonse qui se présente comme un inédit de Truffaut et une suite de la saga Doinel. Claude Jade parle son rôle de Christine et le comédien Stanislas Merhar d'Alphonse, son fils. Il s'agit d'un travail d'Élisabeth Butterfly, réalisé avec la complicité d'Eva Truffaut : une mystification en hommage au cinéaste. Le livre d'Élisabeth Butterfly, François Truffaut. Le Journal d'Alphonse est sorti peu après aux éditions Gallimard, avec une préface d'Eva Truffaut : « en créant de toutes pièces ce Journal d'Alphonse, Élisabeth Butterfly aura sans doute restitué à mon père ce qui fait cruellement défaut à tous les hommages qui lui sont rendus : la légèreté et la fantaisie ».

[modifier] Distribution

Les principaux acteurs de la saga Doinel

[modifier] Liens externes