Anne de Laval (1385-1466)

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Anne de Laval est née en 1385 et morte le 25 janvier 1466 au château de Laval, dame héritière de Laval, baronne héritière de Vitré, vicomtesse héritière de Rennes, de Châtillon, de Gavre[1], d'Acquigny, d'Aubigné, Courbeveille, dame héritière de Tinténiac, de Bécherel et de Romillé. Héritière de ces titres par la mort successive et accidentelle de ses deux frères, Guy et François.

Sommaire

[modifier] Famille

Elle est la fille de Jeanne de Laval-Tinténiac, veuve de Du Guesclin, qui avait épousé en secondes noces le gouverneur de Bretagne et baron de Laval, Guy XII de Laval († 1412).

[modifier] Conditions du mariage

Pierre Le Baud, dans une chronique[3] indique la succession de Guy XII : Le 25 mars 1403, Guy de Laval, fils de Guy XII, fut ensépulturé, auquel an advint par fortune adverse que ledit Guy (déjà fiancé à mademoiselle d'Alencon), ainsi qu'il s'esbatoit au jeu de paulme avec les nobles jouvenceaulx de son aage, comme il entendoit seulement à son jeu, en reculant pour cuider retourner son esteuf, il tumba à la renverse dedans un puits sans marzelle, ny oncques ne purent, ses gens assistans, mettre remède que là il ne perillast ; car il ne vesquit que huit jours après, de laquelle adventure les dits Guy et Jeanne de Laval, ses père et mère, furent oultre mesure dolents, et tout le cours de leur vie en portèrent tristement la souvenance. Cette adventure ainsi advenue, demeura mademoiselle Anne de Laval, sœur dudit Guy de Laval, seule fille desdits Monsieur Guy et Madame Jeanne, leur présomptive héritière, laquelle fut adoncques demandée à femme, de plusieurs grands princes et seigneurs, mesmement de ducs et de comtes du sang de France; mais entre autres la demanda Jean de Montfort Kergorlay, fils de Monsieur Raoul de Montfort, seigneur dudit lieu de Lohéac et de la Roche-Bernard, auquel mesdits seigneurs et dame de Laval enclinèrent leur courage plus qu'à nul autre. Estoient Jean de Montfort et Anne de Laval de même lignage. [4]

Une des conditions du mariage est que les enfants à naître de ce mariage portent les nom et armes de Laval. La même règle s'était déjà appliquée antérieurement lors du mariage d'Emma de Laval avec Mathieu II de Montmorency. Toutefois, Jean de Montfort renonce lui même de son vivant à son nom pour prendre celui de Guy XIII de Laval, afin d'être associé au pouvoir de son épouse, Anne de Laval.

[modifier] Histoire

[modifier] Succession de Guy XIII de Laval

Pour l'Art de vérifier les dates[5], ces enfants, à la mort de leur père en 1414, étaient mineurs, il y eut procès pour leur tutelle entre Raoul de Montfort, leur aïeul, et Anne, leur mère. Elle fut adjugée à celle-ci, par sentence de la justice du Mans, dont il y eut appel au parlement, qui confirma ce jugement par un arrêt en 1417. Raoul étant mort en 1419, la dame de Laval envoya Thibault de Laval, son cousin , se saisir des châteaux de Montfort et Gaël. Charles et Guillaume de Montfort, frères de Guy XIII, s'opposèrent à cette prise de possession , et se mirent en devoir de venir assiéger Thibault. Pour éviter une guerre, on convint de mettre ces places entre les mains du duc de Bretagne. Ce prince les remit à la dame de Laval.

[modifier] Lutte contre les Anglais

En 1420, les Anglais , maîtres de la Normandie, entrèrent dans le Maine , où ils firent des ravages. La dame de Laval, ayant mis des troupes sur pied, défit, en 1422, un de leurs partis , composé de quatorze cents hommes, au lieu dit la Brossinière.

Icône de détail Article détaillé : Bataille de la Brossinière.

Les principales places de la province se mirent en état de défense ; mais la plupart furent contraintes de subir le joug des Anglais. Le Mans fut pris deux fois ; Mayenne, Sainte-Suzanne , Saint-Célerin, et d'autres, eurent le même sort : Laval resta la dernière. La dame de Laval se voyant menacée , d'un siège, en 1424 manda tous les nobles qui devaient garde à sa ville , de venir faire le service. Mais, nonobstant leur résistance et leurs efforts, la ville fut emportée le 9 mars 1428 (n. st.), et, six jours après, le château fut rendu par capitulation.

Anne de Laval, retirée alors avec Jeanne, sa mère, au château de Vitré, s'obligea de payer une somme très-considérable pour la rançon de la garnison. Cette conquête ne resta pas longtemps entre les mains des Anglais.

En 1429, les sieurs de la Ferrière et du Bouchet, reprirent sur eux la ville de Laval, le 25 septembre, jour qui sera consacré jusqu'au XVIIIe siècle depuis à une procession annuelle, pour perpétuer la mémoire de cet événement.

Icône de détail Article détaillé : Siège de Laval.

En 1431, Anne de Laval, fit bâtir le chœur de l'église abbatiale de l'abbaye de Fontaine-Daniel, qui fut béni dans le cours de la même année, par Adam Châtelain, évêque du Mans.

[modifier] Femme de tête

Elle eut, en 1454, avec Jacques d'Espinay, évêque de Rennes, un démêlé. Après cinq ans de contestations , elle obtint du pape Pie II, une bulle, datée de Mantoue, au mois de janvier 1459 par laquelle ce pontife , pour raison des vexations exercées par l'évêque de Rennes, contre madame Anne, comtesse de Laval, l'exempte, elle, le comte de Laval son fils, et ses autres enfants, leurs serviteurs, domestiques et officiers, de la juridiction dudit évêque, tant qu'il vivra , et les met sous la juridiction immédiate de l'archevêque de Tours.

Tel était le sujet de la querelle : c'était une ancienne coutume qu'à son entrée solennelle dans sa ville épiscopale, l'évêque de Rennes fût porté par quatre barons ; savoir, ceux de Vitré , de la Guerche, de Châteaugiron et d'Aubigné, lesquels , après le festin , avaient droit de prendre son cheval, avec sa vaisselle de cuivre et d'étain. A l'entrée de Jacques d'Espinay, qui se fit le 10 avril 1454, Anne de Laval, comme dame de Vitré et d'Aubigné, avait envoyé deux gentilshommes, pour lui rendre en son nom le devoir accoutumé en pareille cérémonie. Le repas fini, ils voulurent s'emparer du cheval et de la vaisselle de l'évêque. Les gens du prélat s'y opposèrent, et l'on en vint aux coups de part et d'autre : Inde mali labes.

[modifier] Autorité seigneuriale

Anne de Laval, mère du comte Guy XIV de Laval, vivait toujours et continuait d'exercer avec son fils, dans ses terres, l'autorité seigneuriale, partageant même avec lui la dignité comtale. La mort l'enleva, le 28 janvier 1466 ( n. st. ), dans un âge avancé.

[modifier] Décès

La Collégiale Saint-Tugal de Laval, dont elle avait enrichi le chapitre, fut le lieu de sa sépulture. Elle fut enterrée sous une voûte du chœur, dit Charles Maucourt de Bourjolly qui entend par ces mots un caveau[6] Il indique que la sépulture fut faite par Thibault de Luxembourg, Évêque du Mans, venu exprès à Laval, et qu'il était assisté des abbés et des premiers nobles de la province[7]. Pour Isidore Boullier, elle est enterrée avec un habillement religieux[8].

Précédé par Anne de Laval (1385-1466) Suivi par
Guy XIII de Laval
Dame de Laval (1414-1429)
Guy XIV de Laval

[modifier] Notes et références

  1. Gavere est une commune de Flandre-Orientale liée au Comté d'Alost, à ne pas confondre avec Le Gâvre, près de Nantes.
  2. Abbé Angot, « Saint-Gervais et Saint-Protais de Brée, monographie paroissiale. », 1884 [1]
  3. Chronique de Vitré, p. 66 et 67.
  4. Ils descendaient l'un et l'autre de Guy IX de Laval, savoir : Jean à la cinquième génération, et Anne à la troisième.
  5. Chronologie historique des sires, puis comtes de Laval, 1784, t. II, p. 864-875.
  6. C'est une expression dont il se sert plusieurs fois dans le même sens.
  7. Thibault de Luxembourg succéda à Martin Berruyer, mort le 24 avril 1466. Or ce n'est pas lui qui inhuma Anne de Laval, ou il ne fit cette cérémonie que trois on quatre ans après le décès.
  8. Anne était une femme fort adonnée aux pratiques de piété. On sait que c'était, à l'époque où elle vivait, un usage assez fréquent parmi les grands seigneurs et les princes de prendre au moment de la mort l'habit d'un ordre religieux , ou de demander à en être revêtu dans le tombeau. C'est ce qu'avait pu faire la pieuse comtesse. Elle pouvait même être agrégée de son vivant à quelque ordre monastique et alors avoir le droit d'être inhumée avec son habit. Ces aggrégations étaient fort ordinaires. Les personnes qui en faisaient partie formaient ce qu'on appelait un tiers-ordre, et suivaient une sorte de règle, quoique vivant dans le monde. Outre les tiers-ordres des diverses branches de l'ordre de Saint-François, il y avait aussi à Laval un tiers-ordre de Dominicaines ou Jacobines. Du reste , il est constant qu'une véritable religieuse eût été enterrée dans sa communauté , et non point dans un caveau de Saint-Tugal.

[modifier] Voir aussi

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