Aminoside

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Les aminosides (aminoglycosides) constituent une famille d'antibiotiques actifs sur certains types de bactéries. Ils comprennent l'amikacine, la gentamicine, la kanamycine, la néomycine, la nétilmicine, la paromomycine, la streptomycine (le plus connu, découvert par Selman Abraham Waksman), et la tobramycine. Ceux qui sont dérivés d'espèces de Streptomyces prennent le suffixe -mycine, ceux qui sont dérivés de Micromonospora prennent le suffixe -micine.

Sommaire

[modifier] Structure chimique

Noyau central des aminosides, composé de 2-désoxytreptamine (droite) et de glucosamine (à gauche). Ce noyau central correspond à l'antibiotique néamine. Les autres aminosides sont substitués sur les positions 4 ou 5 de la désoxystreptamine (positions R1 ou R2).
Noyau central des aminosides, composé de 2-désoxytreptamine (droite) et de glucosamine (à gauche). Ce noyau central correspond à l'antibiotique néamine. Les autres aminosides sont substitués sur les positions 4 ou 5 de la désoxystreptamine (positions R1 ou R2).

Les aminoglycosides sont composés de deux à cinq unités de sucres substitués par des fonctions amine (-NH2). La plupart d'entre eux sont construits autour d'un noyau central commun, constitué de 2-désoxystreptamine et de glucosamine (voir figure). Cette structure minimale correspond à l'antibiotique néamine ou néomycine A. La plupart des aminosides utilisés en clinique comportent d'autres sucres aminés, substitués soit en position 4, soit en position 5 du cycle désoxystreptamine. On a ainsi deux familles d'aminosides :

  • Les aminosides 4,6 disubstitués, tels que la kanamycine, la gentamicine ou l'amikacine
  • Les aminosides 5,6 disubstitués, tels que la néomycine ou la ribostamycine.

[modifier] Mécanisme d'action

Aminoglycoside fixé au site de décodage du ribosome bactérien
Aminoglycoside fixé au site de décodage du ribosome bactérien

Les aminosides [1] [2] se lient à la sous-unité 30S des ribosomes des bactéries et interfèrent avec la traduction des ARN messagers en protéines. Plus précisément, la plupart des aminoglycosides se fixent à l'ARN ribosomique 16S, au niveau du site de décodage (site A). Cette fixation ne bloque pas la traduction, mais induit des erreurs dans le décodage des codons effectués par le ribosome. C'est l'accumulation des erreurs dans les protéines synthétisées qui est responsable de la létalité induite par les aminosides, par l'accumulation de protéines aberrantes.

[modifier] Effet post-antibiotique

L'effet post-antibiotique est un phénomène très particulier, observé seulement avec les antibiotiques les plus puissants. Cet effet se produit avec les aminosides: même après que la majeure partie de la dose ait été éliminée de l'organisme, et qu'il ne reste que de faibles traces d'aminoside dans le corps, on observe une inhibition durable de la croissance bactérienne, c'est l'Effet Post Antibiotique.

[modifier] Effets secondaires

Les aminoglycosides sont toxiques chez les cellules eucaryotes. Le principal mécanisme de cette toxicité est le blocage des ribosomes mitochondriaux qui sont également sensibles à l'action de ces composés. La faible perméabilité mitochondriale limite cet effet. Chez l'homme, il existe toutefois une toxicité avérée au niveau des oreilles (ototoxiques) et des reins qui nécessite une surveillance lors de l'administration par voie générale. Les atteintes rénales sont une conséquence de la concentration des aminosides au niveau de cet organe. Les aminoglycosides sont filtrés puis pinocytosés par les cellules tubulaires rénales pour y être détruits dans les lysosomes. Ceci intoxique progressivement la cellule et mène à une nécrose tubulaire.

L'ototoxicité peut être de deux ordres, soit réversible (atteinte de l'équilibre), soit irréversible (surdité). Elle est dose-dépendante[3], mais chez certains sujets prédisposés, elle peut survenir dès la première dose. Ces derniers ont souvent une mutation sur l'ADN mitochondrial, et donc, uniquement transmissible par la mère[4].

[modifier] Précautions d'emploi

On les administre à des doses basées sur le poids corporel. Il faut surveiller le taux plasmatique, la fonction rénale (créatinine) et il peut être pertinent de passer des audiogrammes de contrôle après le traitement.

Les aminosides ne doivent pas être administrés pendant la grossesse (à moins d'extrême nécessité), vu le risque important de rendre le nouveau-né sourd.

[modifier] Voie d'administration

Il n'existe pas de forme orale de ces antibiotiques car ils ne passent pas la barrière digestive. Ils sont donc en général soit administrés par voie intraveineuse, intramusculaire, soit utilisés par voie locale pour le traitement des plaies ou des infections oculaires (sous forme de collyres).

[modifier] Spectre antibiotique

Les aminosides sont actifs contre certains bacilles à Gram négatif, en particulier les entérobactéries et Pseudomonas aeruginosa. La streptomycine est utile pour traiter la tuberculose résistante aux traitements habituels, la spectinomycine vient à bout de la gonorrhée résistante, et la paromomycine est un anti-parasitaire employé contre certaines amibes et le Cryptosporidium.

Comme la plupart de antibiotiques, ils sont sans effets sur les champignons et les virus.

Les aminosides sont sans effet contre les bactéries anaérobies.

[modifier] Lien externe

[modifier] Références

  1. Harrisson Principes de Médecine Interne ISBN 2257175492
  2. BIAM
  3. Bitner-Glindzicz M, Rahman S, Ototoxicity caused by aminoglycosides, BMJ, 2007;335:784-785
  4. Usami S, Abe S, Shinkawa H, Kimberling WJ, Sensorineural hearing loss caused by mitochondrial DNA mutations: special reference to the A1555G mutation, J Commun Disord, 1998;31:423-34