Amarcord

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Amarcord est un film franco-italien de Federico Fellini réalisé en 1973.

Sommaire

[modifier] Synopsis

En patois romagnol, « Amarcord » signifie à peu près « je me souviens » (en italien, (io) mi ricordo).

Chronique de la vie des habitants d'un bourg dans une province d'Italie (Rimini), au fil des saisons, sous le fascisme triomphant des années 20-30 et vue notamment à travers les yeux de Titta, un adolescent turbulent et attachant, qui pourrait bien être Fellini lui-même.

Titta, un gamin à œil vif, s'échappe souvent de la pétaudière familiale pour aller rôder dans les rues et découvrir le monde. Il rencontre de drôles de gens : un colporteur mythomane, un accordéoniste aveugle, une buraliste à la poitrine accueillante, une religieuse naine, etc.

La vie provinciale en ce temps-là, c'est aussi le péril montant d'une parade fasciste, le fascinant passage, au large, d'un mystérieux transatlantique, des séances de cinéma agitées. Mais tout n'est pas drôle dans cette vie: la mère de Titta meurt, mais il se consolera vite au son de l'accordéon d'une noce campagnarde.

Le fascisme ne nous saute pas aux yeux d'emblée. Les gens sont si débonnaires et si drôles. Le village prépare une fête, on s'assemble sur la place, on apporte des meubles pour le feu de joie, la fanfare joue, les hommes admirent La Gradisca, si belle dans son manteau rouge à col de fourrure noire.

Elle, elle rêve à Hollywood et à Gary Cooper devant le cinéma dont le propriétaire se fait appeler "Ronald Colman".

A l'école, les professeurs sont plus caricaturaux et ridicules les uns que les autres, avec une mention pour celui de Grec qui multiplie les grimaces à chacune de ses démonstrations de bonne prononciation. Les élèves, eux, semblent concourir à qui sera le plus cancre, visages ingrats, corps difformes. Ils passent leur temps en classe à se donner des coups, à péter, à pisser.

Mais, surtout, ils passent leur vie à fantasmer sur les femmes du village et même sur leur professeur de maths. Tous les jours, même sous la pluie, ils rendent visite au "Monument de la Victoire", ange aux superbes fesses nues et rebondies. L'obsession sexuelle et la frustration qu'elle entraîne dominent toute leur vie d'adolescent.

Dans l'observation acide de la province italienne, le dîner familial et la dispute qui l'émaille reste un moment d'anthologie: La mère, Miranda, qui se met à loucher lorsqu'elle crie "Je deviens folle", avant d'annoncer "je vous tuerai tous ! je mettrai de la strychnine dans le potage ! ", tandis que le père, Aurelio, fait mine de vouloir se suicider en s'écartant les mâchoires des deux mains, tous deux incapables d'attirer l'attention de l'oncle ou des enfants qui, habitués à un tel "cinéma" continuent à manger, imperturbables, tandis que le grand-père choisit de sortir péter un bon coup.

Mais le ton devient plus amer à partir de la fête fasciste. Fellini tourne d'abord la manifestation en ridicule, avec les clones du Duce, le défilé au pas de course à la "bersaglieri ", les discours enflammés et convenus. Le ton devient doux-amer lorsqu'est érigé l'immense visage du Duce composé de milliers de fleurs, mais dont les yeux, énormes et fixes, font penser au Big Brother de George Orwell. Et alors que la nuit est tombée et que les réjouissances fascistes se poursuivent, un violon se fait entendre, surgi de nulle part, et égrène les notes de l'Internationale. L'émotion et la poésie se rejoignent en cet instant avant que la comédie ne tourne à l'aigre, car comme nous le montre Fellini sans avoir besoin de nous le dire, la poésie et l'émotion n'ont pas droit de cité dans l'Italie mussolinienne. Un déluge de feu sur le clocher de l'église où se cache le grammophone sacrilège, puis l'interrogatoire musclé à coups d'huile de ricin du père de Titta, viennent soudain nous rappeler à la triste réalité historique.

Amarcord est une chronique de l'Italie campagnarde et fasciste. Une chronique tantôt hilarante, tantôt amère voire inquiétante lorsque les manifestations du fascisme quotidien nous sont montrées dans toutes leurs brutalités. C'est aussi sans aucun doute le film le plus politique de Fellini, peut-être le seul. Mais, ici, le fascisme fait partie du décor, dans un village dont on nous dit que "99% des habitants sont inscrits au Parti".

[modifier] Fiche Technique

  • Titre original : Amarcord
  • Réalisateur : Federico Fellini
  • Sujet et scénario : Federico Fellini et Tonino Guerra
  • Photo : Giuseppe Rotunno
  • Décors et costumes : Danilo Donati
  • Musique originale : Nino Rota
  • Montage : Ruggero Mastroianni
  • Production : F.C. Produzioni (Roma), P.E.C.F. (Paris)
  • Distributeur : Dear International
  • Couleurs
  • Durée: 118 minutes (1h58)
  • Année : 1973

[modifier] Distribution

  • Bruno Zanin : Titta
  • Pupella Maggio : Miranda, mère de Titta
  • Armando Brancia : Aurelio, père de Titta
  • Stefano Proietti : Oliva, frère de Titta
  • Giuseppe Ianigro : Le grand-père de Titta
  • Nandino Orfei : L'oncle de Titta
  • Ciccio Ingrassia : Teo, l'oncle « fou » de Titta
  • Carla Mora : Gina, la domestique
  • Magali Noël : La Gradisca
  • Maria Anotietta Beluzzi : La buraliste
  • Josiane Tanzelli : La Volpina
  • Domenico Pertica : L'accordéoniste aveugle
  • Gennaro Ombra : Biscein
  • Luigi Rossi : L'avocat
  • Gianfilippo Carcano : Le curé, Don Balosa
  • Dina Adorni : Le professeur de Mathématiques

[modifier] Autour du film

  • Lors de sa sortie en Union soviétique deux scènes furent censurées, au grand dam de Fellini, invité officiellement, qui essaya de convaincre les autorités de revenir sur leur décision : la scène de masturbation dans la voiture et la scène chez la buraliste à l'imposante poitrine.

[modifier] Liens externes