Aluku

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Les Alukus — le terme se prononce aloukou — constitue un groupe ethnique du Suriname issu de descendants d’esclaves africains rebelles, les Bushinegues — littéralement, les noirs des forêts, aussi appelés noirs marrons —, qui se sont échappés des plantations hollandaises aux XVIIe et XVIIIe siècles — le Suriname actuel correspond à l'ancienne colonie de la Guyane hollandaise.

Avant eux s'étaient échappés d'autres esclaves : les premiers sont ceux qui formeront le groupe Saramaca, les seconds le groupe Djuka. Les Alukus sont aussi appelés Bonis, du nom de leur premier chef, Boni Bokilifu, un mulâtre lui-même esclave. S'enfonçant, peu à peu, dans la forêt amazonienne, ils finirent par s'installer à la fin du XVIIIe siècle le long des berges de la rivière Lawa affluent du Maroni, formant aujourd'hui la frontière entre la Guyane française et le Suriname.

Au fur et à mesure des brassages entre les différentes populations en fuite ils formèrent une nouvelle ethnie. Les combats menés pour leur liberté contre les troupes hollandaises, mais aussi contre les Djukas et les Saramacas, frères ennemis vivant plus au nord, créèrent un sentiment d'appartenance à un même peuple habitant indifféremment d'un côté ou de l'autre du fleuve, aujourd'hui frontière.

Leur langue traditionnelle est un créole à base anglaise (environ à 90 %). Il est similaire aux langues parlées par les Saramacas et les Djukas. Il y a autant de différence entre l'Aluku et le Djuka qu'entre le français de Marseille et celui de Brest.

Aujourd'hui, la fraction la plus importante et la plus anciennement occupée du territoire traditionnel des Aluku est située dans la région de Maripasoula, se composant des communes et villages de Maripasoula, Papaïchton, Kormontibo, Assissi, Loco, Tabiki, et Goodé en Guyane Française, et Cottica, au Suriname. Une autre partie, très en aval se situe près de l'embouchure du fleuve avec les villages d'Apatou et de Maïman. Il existe aussi une très importante population Aluku à Saint-Laurent-du-Maroni, à Cayenne et à Kourou.

Sur le plan économique, les Aluku traditionnellement s'autosuffisaient, en vivant de cueillette, de chasse, de pêche et de culture nomade situées loin de leur habitation. Cependant, dans leur ensemble, ils semblent avoir passé le point de non-retour vers la société de consommation, de l'économie marchande et de la modernité. De nombreux Bonis sont embauchés, comme conducteurs d'embarcations fluviales (piroguiers) par l'armée de terre, au sein du 9e RIMa. Selon Bernard Delpech, dans Les Cahiers d'Outre-mer, n°182 : ils subissent la « déstabilisation de la base matérielle traditionnelle, transformation des mentalités, altération des règles de vie collective », voir [1].

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