Alfred Tonnellé

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Alfred Tonnellé, né le 5 décembre 1831 et mort le 14 octobre 1858 à Tours, est un écrivain, poète et pyrénéiste français. En une seule campagne, l'été 1858, il réalise plusieurs premières et laisse un journal qui est une des œuvres majeures du pyrénéisme.

[modifier] Biographie

Fils d'un médecin aisé, Alfred Tonnellé fait des études brillantes au lycée de Tours, puis à Louis-le-Grand à Paris. À vingt ans, il traduit à livre ouvert le grec, l'anglais, l'allemand. Il se passionne pour la philosophie, la musique, la peinture, l'architecture, l'archéologie... Il traduit les ouvrages de Wilhelm von Humboldt. À la mort de son père, il revient à Tours. Trois années de suite, avec son ami Heinrich, professeur à Lyon, il visite l'Allemagne et la Suisse. En 1857, il se rend en Angleterre.

En 1858, il accompagne des amis, la famille Mame, célèbres imprimeurs et éditeurs de Tours, dans les Pyrénées. Quittant Tours le 5 juillet, il gagne Bordeaux en train, puis Toulouse et prend la diligence pour Luchon. Dès son arrivée, il est séduit par le pays. Il se lance immédiatement dans l'activité du touriste ordinaire : les excursions traditionnelles autour de Luchon. Mais rapidement il dépasse les itinéraires conventionnals, trouve des variantes, de nouveaux itinéraires. Le 15 et le 16, il monte à l'Aneto —alors le Néthou— avec Alfred et Paul Mame, et M. Meauzé. C'est la trente-quatrième ascension de ce pic. Le 30 juillet, la famille Mame repart. Alfred décide de rester. Son attention a été retenue par un sommet aigu, à double pointe, qui l'attire invinciblement : la Forcanada, ou Fourcanade, en catalan Mall dels Puys, en aranais Malh des Pois (2881 m), encore invaincue. Le 31, il part, avec les guides Ribis et Redonnet, dit Nate. Le dimanche 1er août, après avoir cherché la bonne voie, il est au sommet. Son prénom sera donné au col qui donne accès au sommet : le col Alfred (2879 m). La descente s'effectue vers Vielha, en val d'Aran. Le 2, ils font le tour du massif de la Maladeta, jusqu'à Benasque, et de là reviennent à Luchon. Le 7, Tonnellé part avec le guide Jean Redonnet, dit Michot, pour Héas et le cirque de Troumouse, d'où il continue vers le Mont Perdu par Gavarnie. À la brèche de Roland, il rencontre deux personnes, dont Henry Russell, avec qui il fait l'ascension. À la descente, il décide de rentrer par l'Espagne, c'est-à-dire la vallée d'Arrasas (aujourd'hui, vallée d'Ordesa), puis les vallées du haut Aragon, région totalement inconnue alors, jusqu'à la vallée de Gistain, celle d'Astos, et retour en France par le port d'Oo.

Le 18 août, il quitte Luchon, avec pour guide un des Lafont-Prince, destination Perpignan, par l'Espagne. Val d'Aran, Andorre, Tonnellé est tenté par l'ascension du Canigou, mais le mauvais temps l'en empêche. Enfin, après maints détours, le 29, il est à Perpignan. Il poursuit son voyage en visitant Narbonne, Carcassonne, Béziers. Son ami Heinrich le rejoint. Le 17 septembre, ils sont à Marseille. Tonnellé est pris par des accès de fièvre, qu'il soigne à la quinine, et qui n'entament pas son énergie. Il continue seul, toujours visitant, et remplissant ses carnets. Le 27 septembre, à Roanne, il est à bout de forces. Il rentre à Tours en train. Une typhoïde s'est déclarée, qui l'emportera le 14 octobre. Il avait vingt-six ans.

Il rêvait d'entreprendre une œuvre, il en laisse une : ses carnets de voyage, tenus au jour le jour, constituent un des plus grands ouvrages du pyrénéisme. Il laisse la première description des Pyrénées espagnoles.

Il laisse un livre original, durable, quarante ans inconnu, mais qui finalement le tirera de pair et le classera pour toujours au premier rang des écrivains pyrénéistes (le lot est enviable) ! (...) Livre écrit d'un style décisif, au moment décisif, avec la poésie des hautes régions, le sentiment religieux sans affectation, la couleur, même l'ivresse des tons rares (si capiteuse !) mais sans recherche « d'épithètes rares ». Tonnellé peint avec le simple et pur français éternel, qui ne vieillit pas. Il a la rapidité et la précision de la vision, la netteté et la fermeté du rendu. Au sens de la sublimité des ensembles il joint ce qui va être désormais la caractéristique des écrits montagnards : la réalité et la vie exprimées par l'exactitude absolue des détails. (Henri Béraldi, Cent ans aux Pyrénées)

[modifier] Œuvres

Publiées après la mort d'Alfred Tonnellé par son ami G.-A. Heinrich.

  • Wilhelm von Humboldt, De l'Origine des formes grammaticales et de leur influence sur le développement des idées. Traduit par Alfred Tonnellé, suivi de l'analyse sur la diversité dans la constitution des langues. Paris, A. Franck, 1859, 77 p.
  • Fragments sur l'Art et la philosophie, suivis de notes et de pensées recueillies dans les papiers d'Alfred Tonnellé, Tours, Mame, 1859
  • Trois mois aux Pyrénées et dans le Midi en 1858, journal de voyage d'Alfred Tonnellé, Tours, Mame, 1859 ; rééd. Monhelios, 2002

[modifier] Sources et bibliographie

  • Henri Béraldi, Cent ans aux Pyrénées, Paris, 1898-1904, sept volumes in-8°. Rééditions par « Les Amis du Livre Pyrénéen », Pau, 1977, puis par la « Librairie des Pyrénées et de Gascogne », Pau, 2001.
  • Le dictionnaire des Pyrénées, encyclopédie France-Espagne, sous la direction d'André Lévy, Éditions Privat, Toulouse, 1999. (ISBN 2-7089-6816-5)