Alfred Guérard

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Pierre Alfred Auguste Guérard (1831-1889), est issu d'une famille de négociants rouennais. Son père, qui habitait rue Bouvreuil, était lui-même industriel, imprimeur en cotonnades d'indiennes. En 1868, Alfred Guérard créa une première raffinerie de pétrole, La Luciline, société en commandite simple dont le siège fut établi à Rouen, 69, avenue du Mont-Riboudet[1]. Elle raffinait le pétrole de Pennsylvanie, acheminé via le port du Havre et destiné à l'éclairage puis, très vite, au chauffage, produisant un combustible également dénommé « Luciline » dont Alfred Guérard avait déposé la marque[2]. La raffinerie se trouvait à l'emplacement de l'actuel « îlot Luciline », à l'ouest de Rouen, lequel recouvre une surface de 8 ha 70 et doit son nom à la société. De même le « passage de la Luciline » commémore-t-il le souvenir de la raffinerie dont il longe, à l'ouest, les anciennes limites. On peut encore y voir quelques maisons construites pour ses ouvriers.

Dès avant 1873, Alfred Guérard adjoignit à son activité de raffinage une fabrique de lampes éoliennes, procédé dont il avait déposé le brevet, lampes qui, au moyen d'un ingénieux mécanisme d'horlogerie, présentaient l'avantage de brûler son carburant sans verre ni fumée et furent donc rapidement adoptées par un large public[3].

Alfred Guérard, ancien élève des Jésuites de Rouen, avait baptisé sa société en s'inspirant du mot latin : lux, lucis : lumière (puisque sa raffinerie produisait, à l'origine, du pétrole dit « lampant », combustible destiné à l'éclairage). Les grands pétroliers transatlantiques arrivaient au port du Havre, où étaient déchargés les barils de pétrole brut. De là, ils se trouvaient acheminés par voie fluviale. La Luciline possédait en effet plusieurs voiliers dont le tirant d'eau leur permettait de remonter la Seine jusqu'à Dieppedalle, à cinq kilomètres en aval de la raffinerie, où furent créés des entrepôts dont la capacité de stockage était de 40.000 barils[4]. Des voiliers, on débarquait les fûts, lesquels étaient ensuite entreposés dans des caves. Le stockage n'allait pas sans dangers. Plusieurs sinistres eurent lieu, notamment en 1878, année au cours de laquelle les entrepôts de Dieppedalle furent ravagés par un incendie.

En 1881, Alfred Guérard céda La Luciline à Alexandre Deutsch, ancêtre de la famille Deutsch de la Meurthe, tout en conservant la fonction d'administrateur-général délégué de la société. À ce titre, ce fut à lui que revint d'inaugurer, en 1886, la raffinerie de Saint-Loubès, en Gironde, nouvellement créée.

Alfred Guérard est cité dans la correspondance de Gustave Flaubert (notamment dans une lettre à sa nièce Caroline, du 5 décembre 1863). Les deux familles étaient liées. Il mourut à Rouen le 26 novembre 1889, en sa maison du 99, avenue du Mont-Riboudet, et repose au cimetière de Bonsecours (Seine-Maritime), où est notamment inhumé José-Maria de Heredia.

Il avait épousé le 3 juillet 1855, à Rouen, Julie Flore Dumont (1831-1891) dont le frère, Henri Dumont (1830-1888), fut administrateur général délégué du Comptoir d'escompte de Rouen. Julie Dumont – elle-même fille d'un négociant rouennais – était arrière-petite-nièce du conventionnel René François de La Primaudière, républicainement dénommé François-Primaudière. Elle donna le jour à quinze enfants, dont dix vécurent.

[modifier] Références

  1. Cf. Indicateurs de Rouen 1869 à 1881, Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime.
  2. Cf. Archives départementales de la Seine-Maritime, Dossier Guérard, 1 mi 1795.
  3. Cf. notamment Jean-Charles Roman d'Amat et Henri Tribout de Morembert, Dictionnaire de biographie française, 1985, article consacré à Alfred Guérard, et Archives de l'Institut national de la propriété industrielle, Paris, brevet no 102825 du 30 mars 1874.
  4. Cf. Frédéric David, Le Quevilly, le dernier pétrolier à voile, Éditions Alan Sutton, collection "Mémoire en images", Saint-Cyr-sur-Loire, 1996.

[modifier] Sources

  • Indicateurs de Rouen, 1869 à 1881, Rouen, Archives départementales de la Seine-Maritime.
  • Archives Départementales de la Seine-Maritime, Dossier Guérard, 1 mi 1795.
  • Jean-Charles Roman d'Amat et Henri Tribout de Morembert, Dictionnaire de biographie française, 1985, notice sur Alfred Guérard.
  • Archives de l'Institut national de la propriété industrielle, Paris, brevet no 102825 du 30 mars 1874.
  • Frédéric David, Le Quevilly, le dernier pétrolier à voile, Éditions Alan Sutton, collection "Mémoire en images", Saint-Cyr-sur-Loire, 1996.