Alexis Lapointe

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Alexis Lapointe dit Le Trotteur en 1920
Alexis Lapointe dit Le Trotteur en 1920

Alexis Lapointe, dit Alexis le Trotteur (La Malbaie, 4 juin 1860 - Alma, 12 janvier 1924) est un athlète québécois amateur du début du XXe siècle. Il est devenu un personnage du folklore québécois.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Origines

Bien que l'identité exacte de l'homme connu sous le surnom d'Alexis le Trotteur soit sujette à débat, la plupart des historiens s'entendent pour dire qu'il s'agit en fait d'Alexis Lapointe, né en 1860 à Saint-Étienne-de-La Malbaie ou Clermont, dans la région de Charlevoix, dans une famille de 14 enfants. Très tôt, il se distingue comme un original persuadé qu'il était en fait un étalon né sous une forme humaine. Enfant, il fabrique des chevaux de bois et s'amuse à les faire courir. Dès l'adolescence, il se fouette afin de stimuler ses muscles et entreprend de longs voyages dans sa région natale à l'instar de son animal fétiche. Sa famille accepte mal son excentricité : Alexis quitte le toit paternel à l'âge de 18 ans. Il passera le restant de sa vie sur la route.

[modifier] Exploits

Ses exploits physiques ont tellement été amplifiés qu'il devient difficile de séparer la réalité du mythe. Il a affronté à la course de nombreux chevaux, qu'il aurait toujours battus, dont le plus bel étalon du seigneur Duggan de La Malbaie. C'est pour cela qu'on le connait sous divers surnoms : « le Surcheval », « le Centaure », « le Cheval du Nord ».

L'anthropologue Marius Barbeau le décrit comme « simple d'esprit, il avait tout juste assez de flair pour profiter de sa bizarrerie et en battre monnaie. Il devint célèbre à sa manière ».

L'anecdote la plus célèbre à son sujet veut qu'un jour, il se trouvait au quai de La Malbaie avec son père qui devait partir en bateau pour Bagotville, dont le départ était prévu à 11h00. Comme son père refusait qu'il n'embarque avec lui, il lui aurait dit : « Quand vous arriverez à Bagotville, je prendrai les amarres du bateau. » Alexis se serait saisi d'un fouet chez lui afin de se stimuler et aurait entrepris le voyage au trot, soit un trajet de 146 kilomètres. À l'arrivée du bateau à Bagotville à 23h00, soit 12 heures plus tard, Alexis était sur le quai attendant son père.

Il participait à des foires ou à des compétitions où il mettait ses capacités physiques à profit. On disait qu'il pouvait danser sans arrêt toute une soirée et toute une nuit sans se fatiguer. Des courses furent organisées où Alexis Lapointe devait battre à la course des trains ou les premières automobiles qui apparurent dans la région.

Il fut également décrit par l'auteur de l'époque Félix-Antoine Savard comme un habile constructeur de fours à pain.

[modifier] La fin

En vieillissant, Alexis le Trotteur ne peut plus soutenir le rythme de sa jeunesse. Il s'engage donc comme ouvrier. Un de ses collègues de chantier, dont la citation est rapportée par l'historien Serge Gauthier, a dit de lui: « Je l'ai revu dix ans plus tard en Matapédia, où il n'était qu'homme de chantier comme vous et moi. On en parlait bien encore mais comme d'une gloire un peu fanée. Il ne courait plus que comme un moyen cheval, disait-on. ».

Alexis le trotteur meurt écrasé par un train sur un pont, alors qu'il travaille sur le chantier de construction de la centrale hydroélectrique Isle-Maligne. Les opinions divergent sur les raisons exactes de sa mort : soit il aurait trébuché en essayant de distancer le train à la course, soit, amoindri par son déclin physique et une audition déficiente, il n'aurait tout simplement pas entendu le train arrivant derrière lui. L'historien Serge Gauthier parle d'un possible suicide.

[modifier] Après sa mort

[modifier] Sa dépouille

En 1966, sa dépouille est exhumée du cimetière de La Malbaie par le spécialiste de l'activité physique Jean-Claude Larouche afin de l'examiner; il confirmera qu'un entraînement soutenu tout le long de sa vie en avait fait un véritable athlète. Son squelette sera alors confié au Musée du Saguenay-Lac-Saint-Jean à Chicoutimi puis transporté avec le reste des collections du musée à sa fermeture au musée de la Pulperie de Chicoutimi. Une exposition inaugurée en 1999, Alexis le Trotteur : Athlète ou centaure ?, permet de voir son squelette et des objets lui ayant appartenu. Une controverse sur la légalité de l'exhumation et sur la pertinence de conserver sa dépouille dans un musée est née en mai 2006 dans un article du Devoir signé Jean-François Nadeau.

[modifier] Culture populaire

L'histoire d'Alexis le Trotteur a fait l'objet de nombreuses adaptations en contes et en romans. L'historien Serge Gauthier recense à son nom des livres, des films, des noms de rues, des disques et des chansons, un ballet, une bande dessinée, un festival sportif...

Entre 1979 et 1981, il fut le héros de quatre volumes d'une bande dessinée parue aux Éditions Paulines, scénario par Blaise et dessin par Bos : L'Homme qui courait comme un cheval : Alexis le trotteur (1979), Au trot et au galop : Alexis le trotteur (1979), Alexis le trotteur contre Baba (1981) et Alexis le trotteur: le Pony express (1981).

Le groupe de musique québécois Mes Aïeux lui a consacré une chanson sur son album En famille, qui met en parallèle la vie d'Alexis le trotteur et le frénétisme de la vie moderne: Train de vie (le Surcheval) :

Alexis, ralentis
La gloire est un train qui file à vive allure
La crinière au vent, le pied dans l'tapis
C'est sûr, tu vas finir par frapper ton mur
Tu t'essouffles pour épater la galerie

Au début des années 80 dans la petite municipalité de Baie Saint-Paul, au Québec, une troupe d'amuseurs publiques: "Les Échassiers de Baie Saint-Paul", présentèrent aux vacanciers une pièce de théâtre originale, entièrement sur échasses, intitulée: "La légende d'Alexis le trotteur". "Les Échassiers de Baie Saint-Paul" sont à l'origine de la multinationnale du spectacle "Le Cirque du Soleil".

Un projet de film est envisagé.[réf. nécessaire]

[modifier] Sources

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