Alexander Vertinski

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Alexandre Nikolaïevitch Vertinski est l’un des plus grands chanteurs russes du XXe siècle. Sa vie a des allures de roman.

Sommaire

[modifier] Enfance

C’est à Kiev qu’il naît, en 1889. La mort précoce de ses parents le jette à cinq ans dans une enfance misérable. Il vit alors chez sa tante et découvre le monde de la faim, du froid et des coups. Seule la vie de bohème viendra le tirer de cette enfance à la Dickens : à cause de ses mauvais résultats, il est successivement chassé de son lycée puis de la maison familiale.

Le jeune Alexandre commence alors à fréquenter ce monde du théâtre qui l’attire depuis sa tendre enfance. Le décor : un petit cabaret de Kiev dans lequel il vient consommer bières et journées avec des amis. Il en profite pour écrire : en 1912 paraissent quelques-unes de ses nouvelles. Il vit alors de petits boulots et finit par partir tenter sa chance dans la capitale.

[modifier] Moscou, la guerre, la Révolution

En 1913, on retrouve Alexandre au petit théâtre de miniature Mamonov, à Moscou. Il y donne des petits shows humoristiques, sur des textes qu’il a lui-même écrits. Cette nouvelle vie moscovite a du bon : il y retrouve sa sœur, donnée pour morte par sa tante, et devenue actrice. Et cette nouvelle vie moscovite a aussi du mauvais : la cocaïne devient le quotidien des deux Vertinski.

Puis vient la guerre. « Frère Pierrot » troque alors le cabaret pour l’infirmerie et devient expert des bandages. Tandis qu’il quitte le monde de la cocaïne pour le front, sa sœur s’y perd et succombe d’une overdose. De retour à Moscou, Alexandre affirme un peu plus sur scène son personnage de « Pierrot russe ».

Mais après la guerre qui a une première fois interrompu sa carrière, la Révolution vient suspendre une seconde fois son activité. En 1918, « Pierocha » quitte Moscou pour rejoindre les rangs de l’émigration russe. L’errance et l’exil vont durer 25 ans. Au cours d’un voyage en Roumanie, Vertinski devient par la magie d’un faux passeport un Grec du nom d’Alexandre Vertidis.

[modifier] Errances

Il voyage, erre, se perd dans les Villes étrangères (titre d’une de ses chansons les plus célèbres). On peut le croiser en Moldavie, en Allemagne mais aussi à New York, en Palestine... Il vagabonde, se fait de nouveaux amis parmi lesquels on compte Marlène Dietrich auquel il dédiera sa chanson Marlène. Deux villes réussissent néanmoins à le retenir : Paris d’abord dont il tombe éperdument amoureux. Il s’y installe en 1925 et y reste presque 10 ans. Puis seconde ville dans laquelle il daigne rester, Shanghai à partir de 1935 et pour 8 ans. Pourquoi Shanghai ? Probablement pour l’importante communauté russe en exil qui s’y est établie et qui ne se mélange pas avec le reste de la population. Vertinski s’y marie et a une première fille, Marianne, qui sera plus tard suivie d’Anastasia.

Puis, en 1943, la troisième demande de retour en Union soviétique du chanteur est acceptée. Alexandre Vertidis le Grec peut enfin reprendre son vrai nom et sa nationalité. Nouveaux succès et début d’une vie de stakhanoviste : plus de trois milles concerts et des tournées qui le font traverser toute l’URSS, jusqu’en Sibérie et en Extrême-Orient. Mais Pierrot commence à fatiguer. Il préférerait rester auprès de sa famille. Il aimerait aussi un peu de considérations : aucun disque, aucune publicité, aucune diffusion à la radio. « Mon statut est celui d’une maison close : tout le monde y va mais il n’est pas convenable d’en parler en société ».

Il meurt en 1957, à l'hôtel "Astoria" à Leningrad, en compagnie d'une prostituée. Aujourd’hui, cette « maison close » a pignon sur rue en Russie puisque Vertinski y est considéré comme l’un des plus grands chanteurs du XXe siècle aux côtés d’Okoudjava ou de Vissotski ; on reprend ses chansons, on le cite, on lui érige des plaques commémoratives.

[modifier] Le Pierrot russe

De Vertinski, on pourra retenir la désinvolture, l’ironie de ses chansons. Et surtout cet amour particulier de la nostalgie. Et puis les thèmes de ses « petites ariettes » : « courtes ballades, dont les personnages sont des clowns et des cocaïnomanes, des chanteuses de cabarets et des stars de cinéma, des dames capricieuses en manteaux chics et des vagabonds, des artistes et des souteneurs, des pages et des lords. Tous ils aiment, souffrent, rêvent de bonheur, s’ennuient, se ruent dans une chasse furieuse à la vie et sanglotent amèrement sous les griffes qu’elle leur distribue » comme l’écrit si bien sa fille Anastasia. Voir L’Abbesse, Le Nègre Lila, La Steppe Moldave...

Mais on ne pourra malheureusement qu’imaginer le personnage sur scène à partir des quelques photos de lui : grimé en Pierrot à ses débuts ou alors en frac usé avec son indispensable fleur toujours fraîche à la boutonnière. Puis, le succès aidant, son costume noir et son haut-de-forme, avec un air délicieusement hautain...

[modifier] Sources

Un double CD des œuvres de Vertinski a été édité chez Chant du Monde en 1992. Il est malheureusement épuisé depuis longtemps. On trouve dans sa jaquette des textes de sa fille Anastasia et d’Elizaveta Ouvarova qui ont été les sources principales pour cet article, les citations en sont tirées. Actuellement, il faut passer par l’éditeur russe Bohème pour se procurer ses disques, mais ils ne sont pas directement disponibles en France. On peut toutefois, sur internet, télécharger des chansons de Vertinski

Des chansons à écouter avec des textes traduits en français. [1]

- chantées par lui-même [2]

- chantées par Irina Bogouchevskaïa (Ирина Богушевская), avec des lettres dites par Alexandre Skliar (Александр Ф. Скляр). il s'agit de l'album Brazilskii kreisser (Бразильский крейсер). [3] pour la musique, [4] pour les paroles (en russe).

Voir Wikipedia russe [5]

Tous les textes des chansons [6]