Abdoulaye Yerodia Ndombasi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Abdoulaye Yerodia Ndombasi ou souvent Abdoulaye Yerodia (5 janvier 1933 - ) est un des quatre vice-présidents du Gouvernement de transition de la République démocratique du Congo. Il a été désigné par le gouvernement de Kinshasa (mouvance PPRD) au terme des accords de Pretoria, tandis que les trois autres représentent les différentes sensibilités de l'opposition armée (RCD, MLC) ou démocratique.

Ce congolais de père sénégalais, fut compagnon de Che Guevara et ami de Chou En-laï, parisien pendant 20 ans (notamment à la Résidence universitaire Jean Zay d'Antony), et l’un des plus proches soutiens de Laurent Désiré Kabila (dont il fut ministre des affaires étrangères) depuis la lutte pour l’indépendance à l’époque de Patrice Lumumba, au tout début des années 1960, durant la révolution de 1964-65 avec le Che, jusqu’à l’arrivée au pouvoir à Kinshasa en 1997 après avoir défait Mobutu et ses soutiens élyséens.

En 1998 Yerodia Ndombasi a tenu des discours très virulents qui encourageaient les populations congolaises a exterminer les Tutsi. Plusieurs centaines de gens (des Tutsi et d'autres accuses de soutenir des rebelles) ont été tuées, souvent avec une grande cruauté, par des combattants, mais aussi par des civils influencés par les discours de Yerodia: un grand nombre de personnes tuées ont connu le "supplice du collier" (un pneu enflammé est passé autour du cou de la victime). Selon les propos d'un témoin des massacres, Yerodia:

"a parlé de tutsi et a tenu des propos très virulents, en disant que nous étions de la vermine, des microbes qu'il fallait éradiquer avec méthode. Au travers les fenêtres d l'ambassade, j'ai vu que des rafles continuaient dans la rue. À la télévision, on voyait les cadavres de personnes calcinées autour desquelles on avait placé un pneu. D'autres étaient jetées dans le fleuve Congo[1].

Sous l'influence des discours de Yerodia et d'autres discours tout aussi virulents, on a tue au moins 500 personnes a Kinshasa. Un jeune civil du quartier de Masina aurait déclaré le 27 août à un journaliste de Radio France Internationale (RFI) :" C'est la population. Ce n'étaient pas les soldats. C'est nous-mêmes, c'est nous qui avons brûlé les tutsi. Nous, quand nous voyons un tutsi - moi-même, quand j'en vois un, je le brûle…" [2].

Aussi a Kisangani en 1998 des civils ont tué des Tutsi et d'autres qu'on accusait de soutenir les rebelles[3]. D'ailleurs la meme ville a connu de nouveau de grands massacres en mai 2002 [4].

Yerodia a ensuite été accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Belgique. Cependant l’affaire a été abandonnée en raison d’une décision de la Cour pénale internationale qui estimait qu’en tant que ministre des affaires étrangères en exercice, Yerodia ne pouvait être poursuivi en justice par les tribunaux d’un pays tiers [5].

Yerodia continue a tenir des discours haineux; en mai 2006, au cours de la campagne présidentielle, pendant un rassemblement de soutien à Joseph Kabila dans la ville de Goma, à l’Est du pays, il a menacé les Tutsi de la maniere suivante: « Si vous ne retournez pas chez vous, on vous mettra des bâtons dans le derrière pour s’assurer que vous partiez. » [6]. Il ne s'agit pas ici des mots inoffensifs; pendant des atrocités récentes commises dans la Région des Grands Lacs (au Rwanda en 1994, mais aussi au Congo-Kinshasa pendant le conflit Hema-Lendu en Ituri), une partie de victimes (des hommes et des femmes) ont ete empalées (quant au Rwanda - par exemple C. Taylor, "The Cultural Face of Terror in the Rwandan Genocide of 1994", dans: "Annihilating Difference: The Anthropology of Genocide", sous la dir. d'Alexander Hinton, University of California Press, 2002; quant aux atrocités commises en Ituri - par exemple E. Grizwold, "On the trail of the Congo's 'cannibal rebels'") [7].

[modifier] Références

  1. Mandat d'arret international contre Abdoulaye Yerodia Ndombasi
  2. Mandat d'arret international contre Abdoulaye Yerodia Ndombasi
  3. War Against Unarmed Civilians", Amnesty International
  4. News: Great Lakes, DRC: Rebel group guilty of Kisangani massacres
  5. RD Congo. Mettre un terme a la violence pre-electorale", un communique de presse de Human Rights Watch
  6. RD Congo. Mettre un terme a la violence pre-electorale", un communique de presse de Human Rights Watch
  7. consulté le 15 avril 2007
Autres langues