Abdellatif Kechiche

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Abdellatif Kechiche (عبد اللطيف الكشيش), parfois appelé Abdel Kechiche, né le 7 décembre 1960 à Tunis (Tunisie), est un réalisateur et acteur franco-tunisien. L'Esquive (2004) et La Graine et le mulet (2007) lui ont valu, à la surprise générale dans les deux cas, les César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

[modifier] Œuvre

Toutes les récompenses reçues par Abdellatif Kechiche en l'espace de trois films à peine (La Faute à Voltaire, L'Esquive, la Graine et le mulet) l'imposent d'emblée comme l'un des grands renouveaux de la production cinématographique hexagonale. Cataloguées dans le jeune "cinéma d'auteur", ses œuvres, à budget restreint, prennent généralement une base sociale (l'immigration, la clandestinité, la banlieue) mais sur laquelle le cinéaste impose un point de vue fictionnel bien loin des lourdeurs du film à thèse traditionnel. Privilégiant, dans son scénario et sa réalisation, l'intrinsèque à savoir les scènes de la vie quotidienne, banales, parfois insignifiantes, le réalisateur par ce biais, renseigne toujours sur la langue et les comportements codifiés par le microcosme social donné de départ. Ses films, portés par une intrigue dépouillée à l'extrême, sans emphase ni spectaculaire, cherchent à faire la démonstration du dynamisme, du pittoresque, parfois de la capacité d'innovation des gestes et de la parole de la communauté mise en scène. Ce portrait est nuancé toutefois par le schématisme et la répétition de la communication identitaire qui signifie au plus près la notion d'enfermement (comme dans L'Esquive). L'exclusion et ses répercussions ordinaires sont rendues palpables à travers la peinture de plusieurs personnages provenant de milieux défavorisés, vivant différemment l'injustice au quotidien. Le fait de coller ainsi à un groupe social, à sa géographie, son décor et à ses figures, entrelaçant des caractères et des sentiments contrastés, en fait oublier la préparation filmique (choix des angles de prise de vue, des éclairages, travail de montage). Cet effet a pour but d'élaborer le principe d'un nouveau "cinéma-vérité". Le choix des acteurs, souvent amateurs, mêlé à une épure totale de la mise en image (numérique avec un cadre vacillant, généralement non accompagnée de musique et sans grands effets visuels), pourrait faire penser à de l'improvisation pour certaines séquences, ce qui est complètement faux car tout est calculé au millimètre près. Au final, le cinéma de Kechiche, humble et sans fard, n'a de cesse que d'élaborer des fables humanistes, redonnant la parole aux petites gens qui en ont trop souvent été privées. Certains le considère comme l'héritier des grands naturalistes français, dans le sillage d'un Jean Renoir, d'un Maurice Pialat ou d'un Jacques Doillon.