Abbaye Saint-Victor de Marseille

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Tour fortifiée de l'abbaye Saint-Victor
Tour fortifiée de l'abbaye Saint-Victor

L’abbaye de Saint-Victor de Marseille, fondée au Ve siècle par Saint Jean Cassien, à proximité des tombes des saints martyrs de Marseille, parmi lesquels saint Victor de Marseille († en 303 ou 304), qui lui donna son nom, est, depuis plus de 1 700 ans un des hauts lieux du catholicisme dans le sud de la France.

Sommaire

[modifier] histoire de l'abbaye

[modifier] Antiquité

Coordonnées sur le plan :
Position : C6
L'abbaye en 1818
L'abbaye en 1818
Messe dans les cryptes de l'abbaye en 1860
Messe dans les cryptes de l'abbaye en 1860
L'abbaye à la fin du XVIIIe siècle
L'abbaye à la fin du XVIIIe siècle
Dortoir de l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle
Dortoir de l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle
Cloître de l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle qui servit de caserne.
Cloître de l'abbaye à la fin du XVIIIe siècle qui servit de caserne.

Sous l'empire romain, le site de l'abbaye fut d'abord une carrière puis devint une nécropole chrétienne peut-être bâtie autour des dépouilles des martyrs Volusianus et Fortunatus. Victor, le martyr qui fut écrasé sous une meule pour avoir refusé d'abjurer sa foi chrétienne et qui a donné son nom à l'abbaye a été officier dans une légion thébaine entièrement composée de Chrétiens dont beaucoup périrent lors des persécutions déclenchées par les empereurs Dioclétien et Maximien Hercule en l'an 303, selon Euchère, archevêque de Lyon au milieu du Ve siècle.

Au sujet des origines de l'abbaye, Jean-Baptiste Grosson écrivit, en 1773, dans son « Recueil des antiquités et des monuments marseillais qui peuvent intéresser l’histoire et les arts » :

« L'origine de cette Église est due à la piété des premiers Fidèles. Elle n'a d'abord été qu'une grotte ou caverne qui étant pour lors éloignée de la Ville, & dans l'emplacement des anciens Champs Elisées, ou ossuarium des Marseillois, servoit de retraite aux premiers Chrétiens, pour y aller célébrer les saints Mystères, & ensevelir les corps des Martyrs. Il y a auprès de cette grotte, qui est aujourd'hui renfermée dans l'église inférieure, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Confession, dont l'Autel fut construit sous l'empereur Antonin qui vivoit l'an 140. Victor, Officier des troupes Marseilloises, ayant souffert le Martyre sous Dioclétien, l'an 303, le 21 juillet, les Fidèles ensevelirent son corps dans cette grotte. »

C'est autour de cette grotte que le monastère a été fondé, hors les murs de Marseille, par Jean Cassien aux environs de 415 et l'église en 440. Dès la fin de l'Antiquité, le rayonnement de l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille est considérable. Saint Jean Cassien, moine à Bethléem, moine pèlerin en Égypte, diacre de Saint-Jean-Chrysostome à Constantinople, prêtre à Antioche ou à Rome, se trouvait au printemps de 416 à Marseille où l'évêque Procule le retint afin qu'il installât la vie monastique sur cette paisible rive sud du Lacydon (le Vieux-Port de Marseille). À partir de la fin du Xe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, ce sont les moines bénédictins qui vécurent en ces lieux. Il s'agit du plus ancien établissement abbatial en Occident.

[modifier] Moyen âge

De 750 à 960, Saint-Victor est la résidence des évêques de Marseille. Charlemagne fait une donation (confirmée par Louis le Pieux et par son fils Lothaire Ier) à l'abbaye concernant « le droit sur le sel et autres marchandises, ainsi que des droits de douanes et d'ancrage sur les bâtiments venant au port de la ville de Marseille ». Assurant par ailleurs la puissante abbaye de sa protection, Lothaire accroît le contrôle impérial sur les régions du sud de la France.

Vers la fin du IXe-début Xe siècle, la puissance de l'abbaye bénédictine de Saint-Victor de Marseille est mise à mal par les raids barbares qui la ruinent entièrement. Honoratus de Marseille, chargé de l'épiscopat de la ville en 948 et frère du premier vicomte de Marseille, reconstruit l'abbaye et y rétablit la vie monastique. Son neveu Pons Ier, évêque en 977, continue son œuvre. Le premier abbé de Saint Victor est Wilfredus (ou Guilfred), en 1005. Ce dernier reconstruit l'abbaye, dévastée par les Sarrasins, et en fait un lieu prospère, renommé et exemplaire qui obtient du pape Jean XVIII d'importantes concessions confirmées par la suite et étendues par de nombreux papes. À partir de l’abbaye Saint-Victor, la réforme clunisienne se diffuse en Méditerranée occidentale (Languedoc, Catalogne, Sardaigne)[1], et les dons affluent, enrichissant l’abbaye.

Aux alentours de 1020 et jusqu'en 1047, le moine Isarn, originaire de Pamiers (Ariège), est abbé de Saint-Victor. Son influence est forte au point d'attirer comme moine dans son abbaye, l'archevêque d'Arles, Pons de Marignane. Sa promotion de la puissance de l'abbaye est spectaculaire : en 1040, le pape Benoît IX consacre l'église, et après sa mort le 24 septembre 1047, Isarn est canonisé.
Le 28 septembre 1362, Guillaume Grimoard, abbé de Saint-Victor, est élu pape et prend le nom d'Urbain V. Après sa mort à Avignon, ses restes sont transportés à Saint-Victor.

De 1570 à 1588, Jules de Médicis est abbé de Saint-Victor. Les historiens le soupçonnent d'avoir pillé la bibliothèque de l'abbaye dont les ouvrages connus par un inventaire du XIIe siècle — notamment des manuscrits antiques — ont disparu. Mazarin, abbé de Saint-Victor en 1655 est lui aussi soupçonné de s'être accaparé une partie de ces livres.

[modifier] Renaissance

Le 17 décembre 1739, Clément XII décrète la laïcisation de l'abbaye, affectée à la seule noblesse provençale.

En 1794, l'abbaye et les deux églises sont dépouillées de leurs trésors, les reliques sont brûlées, l'or et l'argent servent à battre des monnaies et le lieu devient un dépôt de paille et de foin et même une prison. Selon Joseph Marchand, si l'église a été conservée, c'est parce qu'elle abritait des forçats. C'est ce même Joseph Marchand qui laissera des témoignages montrant que le cloître servit à héberger les soldats appelés les allobroges.

[modifier] XXe siècle

En 1963, la ville de Marseille et le Ministère des Affaires Culturelles entreprennent des fouilles et une restauration complète de l'abbaye qui entre à l'Inventaire des monuments historiques en 1997.

[modifier] Architecture

Cette abbaye comporte les deux arts architectureaux:

-Dans la nef centrale,ce sont des arcs en berceaux brisés, l'art roman est utilisé. Dans le choeur, la voûte est soutenue par des croisées d'ogives et des arcs doubleaux, c'est donc de l'art gothique.


[modifier] Bibliographie

  • Kothen Charles, Notice sur les cryptes de l'abbaye de Saint-Victor-lez-Marseille. Marius Olive éd. Marseille, 1864.
  • Berenger Joseph, Saint-Victor, secunda Roma. Barlatier éd. , Marseille, 1927.
  • Chaillan Mgr., La vielle église de Saint-Victor de Marseille. Tacussel éd., Marseille, 1929.
  • Recueil des actes du congrés sur l'histoire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille 29/30 janvier 1966, Provence Historique, 1966.
  • Saint-Victor de Marseille, site et monument. Archives de la ville de Marseille et Comité du vieux Marseille, 1973.
  • Boissieu et Arrouas, Saint-Victor. Une ville, une abbaye. Jeanne Laffitte éd. Marseille 1986.
  • Bertrand et Ellul, Bicentenaire de la paroisse de Saint-Victor. La Thune éd., Marseille, 1999.
  • Moulinier , Autour de la tombe de Saint-Victor de Marseille. Tacussel éd. Marseille, 2000.
  • Fixot et Pelletier, Saint-Victor dr Marseille, de la basilique paléochrétienne à l'abbatiale médiévale.Agence pour le patrimoine antique de Provence alpes côte d'azur, Marseille, 2004.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. Parc naturel du Luberon, Autour de l’An Mil en pays de Forcalquier, catalogue d’exposition, p 7
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