Abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard
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Ville | Radepont | |||
Pays | France | |||
Région | Haute-Normandie | |||
Département | Eure | |||
Culte | Catholique romain (désaffecté depuis la Révolution) |
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Type | Ancienne abbaye Partiellement en ruines aujourd'hui |
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Rattaché à | Ordre de Cîteaux (jusqu'en 1791) |
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Début de la construction |
Fin XIIe siècle | |||
Fin des travaux | XIIIe siècle Aménagements au XVe siècle |
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Style(s) dominant(s) |
Gothique cistercien | |||
Classé(e) | Monument historique (1937) |
Située sur la commune de Radepont dans le département de l’Eure en Normandie, l’abbaye de Fontaine-Guérard est une abbaye féminine affiliée à l’ordre de Cîteaux dont le style de construction en gothique anglo-normand, gothique primitif ayant des caractéristiques propres à la Normandie, est une pure merveille architecturale. Sa très belle salle capitulaire largement ouverte sur le cloître en est le meilleur témoin. Il ne reste aujourd’hui pratiquement rien des bâtiments extra-claustraux, sinon, au nord, le cellier voûté que surmonte la chapelle Saint-Michel. Par contre, s’articulant avec les ruines de l’église abbatiale, le bâtiment claustral fermant à l’est le quadrilatère conventuel est pratiquement intact. Il constitue un ensemble homogène de haute qualité, avec notamment ses deux belles salles du rez-de-chaussée (salle capitulaire et salle de travail des moniales) et son dortoir à l’étage. Il s’agit là d’un excellent témoignage à la fois de l’architecture monastique anglo-normande du début du XIIIe siècle et du plan généralement adopté dans les abbayes cisterciennes. De plus, les bâtiments conservés n’ayant subi aucune modification, le visiteur découvre l’abbaye sous son apparence médiévale.
Sommaire |
[modifier] Histoire
Vers 1135, Amaury de Meulan, seigneur de Gournay, fonde un prieuré de femmes sur ses terres de Fontaine-Guérard. Vers 1190, sur la demande de Gautier de Coutances, archevêque de Rouen et grand bienfaiteur de monastères, Robert « Aux mains blanches », comte de Leicester et cousin d’Amaury de Meulan, fait un don important assurant la renaissance de l’établissement.
Avant 1207, les moniales s’affilièrent à l’ordre de Cîteaux et une bulle du pape Innocent III en ratifie les privilèges. L’église est consacrée en 1218 par Robert Poulain, archevêque de Rouen. Tous les bâtiments réguliers sont construits en 1253, lorsque la première abbesse Ida en prend possession.
Beaucoup d’abbesses appartenaient à l’aristocratie du pays. Dans la liste, quelques noms dominent. On cite Élisabeth de Maromme qui gouverna l’abbaye pendant quarante-quatre ans (1496-1540) et fit exécuter des travaux importants. On parle surtout d’Élisabeth de Bigards de la Londe, abbesse pendant quarante-deux ans (1619-1661).
À la Révolution française, les bâtiments sont vendus comme biens nationaux. La dernière abbesse fut Marie Madeleine-Eléonore du Bosc de Radepont. Nommée en 1777, elle se retire dans sa famille à Radepont en 1790 lors de la dispersion du monastère.
À la destination religieuse des lieux allait succéder leur utilisation industrielle. Le 12 mars 1792, François Guéroult devient acquéreur des bâtiments. Dès lors, il décide de créer une vaste filature de coton. C’est ainsi qu’il va utiliser l’abbaye comme carrière de pierre pour la construction de la première filature. En 1822, M. Guéroult vend le domaine industriel au baron Levavasseur, propriétaire de nombreuses filatures en Normandie.
En 1851, dans son Histoire du château de Radepont et de l’abbaye de Fontaine-Guérard, Léon Fallue nous informe qu’il ne reste de l’abbaye que deux bâtiments et l’église, qui forment ensemble les trois parties latérales d’un carré : il s’agit bien sûr du bâtiment des moniales et du bâtiment sud comprenant le chauffoir et le réfectoire.
Au début du XXe siècle, les descendants du baron Levavasseur vendent le domaine monastique. Plusieurs acquéreurs se succèderont jusqu’en 1937, date à laquelle le dernier propriétaire, qui n’avait pas d’héritier, légua son domaine à l’Armée du Salut. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Armée du Salut met en place un programme de restauration des bâtiments conventuels en accord avec les Monuments historiques.
Aujourd’hui, l’abbaye est devenue un site touristique important dans le Pays du Vexin normand. Afin de valoriser le patrimoine architectural, la Fondation de l’Armée du Saluta mis en place des chantiers d’insertion à objet culturel permettant ainsi de lutter à la fois contre l’exclusion sociale et contre l’exclusion culturelle.
[modifier] Description des bâtiments
- L’église abbatiale
Comme toute église abbatiale de moniales, celle de Fontaine-Guérard est un simple vaisseau rectangulaire de 30 m par 7,30 m de large, des plus simples, terminé, selon l’usage habituel chez les cisterciens, par un chevet plat éclairé d’un triplet. L’église est éclairée par des baies à lancette, de moindre dimension au sud qu’au nord à cause de l’implantation du comble de la galerie du cloître.
La voûte de la nef a disparu. Cependant, l’examen de l’implantation des culots qui, de part et d’autre de l’édifice, recevaient les retombées de la voûte, montre à l’évidence, par leur différence de niveau, qu’il s’agissait d’une voûte sexpartite.
- Le dortoir
Situé à l’étage du bâtiment des moniales, l’accès au dortoir s’effectue par l’escalier menant depuis le cloître. La charpente comporte encore un certain nombre d’éléments très anciens, surtout vers le sud. Mais au temps des moniales, un plafond couvrait l’ensemble des cellules disposées de chaque côté du couloir central. Le dortoir est éclairé sur les côtés par des baies étroites. Chaque ouverture correspondait à une cellule.
- La salle capitulaire
Élégante et harmonieuse, la salle capitulaire de Fontaine-Guérard est considérée par les spécialistes comme l’un des plus beaux exemples d’architecture gothique anglo-normande. L’espace intérieur est divisé en neuf travées par quatre colonnes monolithiques qui reçoivent sur leurs chapiteaux les départs des voûtes quadripartites. Les clés de voûte sont ornées de feuillage ; cependant l’une d’elles montre une chouette entourée de deux petits oiseaux.
- La salle de travail
Dans les abbayes de femmes, la salle de travail sert d’ouvroir, atelier spécialisé dans les travaux de couture et de broderie. D’un décor plus simple que celui de la salle capitulaire, la salle des moniales comporte une colonnade centrale la divisant en deux nefs voûtées d’ogives, de quatre travées, avec des chapiteaux à tailloir octogonal. On remarquera que, le long des parois, les retombées de la voûte sont reçues ici par de simples culots à crochets. Sur les murs et sur les voûtes, il y a quelques traces de peintures d’origine en excellent état et qui n’ont jamais été restaurées.
- Le cellier et les caves
Le cellier, datant de 1135, a été construit lors de l’installation du prieuré et a été conservé lors de la construction de l’abbaye. Face à la source, on pénètre dans une vaste salle rectangulaire sur laquelle se branche une galerie étroite voûtée en plein-cintre, qui s’insinue profondément sous la colline jusqu’à 30 m. Les 14 alvéoles creusées de chaque côté étaient destinées à entreposer le vin.
- La chapelle Saint-Michel
Au dessus du cellier, l’étage est occupé par une chapelle sous le titre de saint Michel. Cette chapelle comportant des modifications du début du XVe siècle (contrefort à triple glacis, ouverture de type flamboyant), a succédé à la chapelle primitive, conservée après la fondation de l’église abbatiale. Ces travaux sont dus à Guillaume de Léon, époux de Marie de Ferrière, en expiation du meurtre de sa femme.
[modifier] Liste des abbesses de Fontaine-Guérard
1253 | 1256 | Ida de Meulan |
1256 | 1260 | Ada |
1260 | ? | Pétronille 1ere |
? | 1287 | Aveline de Mansigny |
1288 | 1333 | Ada II de Crèvecœur (nièce de l’archevêque Guillaume de Flavancourt) |
1333 | ? | Clémence Jacob |
? | ? | Eustachie |
? | ? | Pétronille II de Villequier |
? | ? | Jeanne I de la Treille |
? | 1447 | Pétronille III de Maromme |
1447 | 1457 | Oelicie de Villiers |
1457 | 1461 | Jeanne II Dumont |
1461 | 1463 | Jeanne III Collin |
1463 | 1496 | Marguerite Marguerie |
1496 | 1540 | Élisabeth I de Maromme (abdiqua et mourut en 1541) |
1540 | 1557 | Marie-Maurice de Meudon |
1557 | 1564 | Angélique Cruchon |
1564 | 1578 | Catherine Lemoine |
1578 | 1598 | Marie II Quesnel |
1598 | 1619 | Marie III de Roncherolles |
1619 | 1661 | Élisabeth II de Maromme |
1661 | 1672 | Charlotte de Bigard de la Londe (abdiqua et mourut en 1675) |
1672 | 1719 | Marie-Madeleine Le Cordier du Troncq |
1719 | 1759 | Marie-Madeleine II du Tôt de Beaunay |
1759 | 1777 | Anne Jeubert de la Bastide du Château-Morand |
1777 | 1789 | Madame de Radepont |
[modifier] Bibliographie
- Sylvain Lebaillif, L’Abbaye Notre-Dame de Fontaine-Guérard, 2007
- Léon Fallue, Histoire du château de Radepont et de l’abbaye de Fontaine-Guérard, Rouen, 1851
- Annick Gosse-Kischinewski, Route cistercienne en Normandie, 1998
- François-Xavier Verger, La Route des abbayes normandes, Editions du huitième jour, 2003
[modifier] Liens internes
Architecture médiévale normande