Île Longue (Finistère)

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L’île Longue, en breton Enez Hir, est une presqu'île bretonne située dans la rade de Brest qui sert de base à la Marine nationale française pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE).

Sommaire

[modifier] Géographie

L’île Longue est une presqu'île située en rade de Brest, dans le Finistère, sur le territoire de la commune de Crozon. Elle est rattachée à la presqu'île de Crozon, et sépare la Baie de Roscanvel de l'Anse du Fret. Altitude : 42m (avant les travaux de 1967-1972).

L'isthme reliant l'île Longue au continent était à l'origine un cordon sablonneux, uniquement franchissable à marée basse. Parcouru d'un chemin empierré au XIXe siècle, l'isthme a été élargi et rendu insubmersible lors des travaux de construction de la base opérationnelle. Aujourd'hui, c'est un vaste parking.

La presqu'île se composait d'un plateau rocheux, ceinturé de falaises abruptes dans lesquelles de nombreuses carrières ont été exploitées. Des sources se trouvaient sur le territoire, qui de ce fait a été habité : la presqu'île comprenait au XIXe siècle trois hameaux : Kernalleguen, situé à moins d'un kilomètre de l'isthme, Kermeur, à un kilomètre et demi, et Bothuelc'h, légèrement plus au nord.

[modifier] Les carrières

L'exploitation du "porphyre", un microgranite dont est constitué l'Île Longue, existait depuis le XVIIIe siècle. A la fin du XIXe siecle, près de 500 000 pavés sont expédiés chaque année pour le pavage des quais des arsenaux de Brest et de Rochefort et des rues des villes. Près de onze carrières ceinturaient l'Île Longue, dont la plus grande, à l'ouest de Kermeur, s'appelait Vengleuz Braz.

[modifier] Les fortifications

L'Île Longue, constituée d'un plateau rocheux, muni de sources, protégée de falaises et accessible par un cordon sablonneux uniquement franchissable à marée basse, a attiré les yeux de Vauban et de Dajot, qui décidèrent de la fortifier afin de

  • rendre intenable le fond de la rade pour une escadre qui aurait franchi le goulet et voudrait bombarder l'arsenal de Brest ;
  • permettre une contre-offensive de flanc contre un débarquement ennemi qui chercherait à se saisir de la rive sud du goulet et attaquerait les lignes de Quélern.

[modifier] Le fort

L'ingénieur Dajot fait construire un fort au sommet de l'Île Longue vers 1776, constitué d'une batterie basse avec un parapet en demi-cercle, abritant de petits bâtiments protégés par une gorge rectiligne brisée en son centre par un bastion formant saillant, et enjambée par un pont-levis.

[modifier] Le rempart

En 1879, un rempart est construit au sud de l'Île Longue, côté terre, avec une porte à pont-levis, défendue par une casemate, et protégée par deux bastions. Les vestiges de la porte, de la casemate et du mur d'escarpe sont encore visibles (aux personnels autorisés) aujourd'hui.

[modifier] Le camp de prisonniers allemands

Appareillé le 23 août 1914 de New York, avec à son bord 1500 passagers, dont 400 sujets allemands et 250 autrichiens, le paquebot Nieuw Amsterdam est intercepté le 2 septembre 1914 par la 2e Escadre Légère française et dérouté sur Brest.

Du 3 au 23 septembre, les 1500 passagers sont enfermés au fort de Crozon et à Brest, avant d'être internés dès le 5 novembre sur l'Île Longue dans un camp aménagé à cet effet. Les derniers prisonniers seront libérés le 31 décembre 1919.

Le camp était le siège d'une activité intellectuelle et culturelle importante, incluant l'édition d'un journal, représentation théâtrales…

« On accède à ce camp : d'une part par la mer, en utilisant un débarcadère aménagé sur une pointe rocheuse située au nord du camp et à l'ouest de l'île, à l'origine d'une rampe empierrée construite sur le flanc de la falaise et qui conduit à l'entrée du camp ; d'autre part, par la terre au moyen d'un chemin carrossable empierré, traversant l'île du nord au sud et la reliant au continent dans la presqu'île de Crozon. » (état descriptif des lieux du 24 août 1916).

[modifier] L'occupation allemande

En 1940, l'Occupant implante dans l'ancien camp de prisonniers une batterie anti-aérienne, active jusqu'en 1944. Des monuments mégalithiques sont détruits lors de la construction de blockhaus.

[modifier] La base opérationnelle

[modifier] Choix du site

En 1965, lors de sa visite inaugurale à l'École navale, le général de Gaulle décide de faire de l'île Longue, presqu'île voisine, la base opérationnelle des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français.

Le choix s'est porté sur ce lieu, à la fois proche des installations militaires de Brest mais suffisamment éloigné pour limiter l'impact en cas d'accident, et facile à contrôler, de par sa configuration en presqu'île.

[modifier] Travaux

Commencés en 1967, les travaux vont durer cinq ans. Ce chantier, gigantesque, va remodeler en profondeur l'aspect de la presqu'île : élargissement de l'isthme, construction de terres-pleins sur l'ensemble de son périmètre (la presqu'île gagne 30ha, pour atteindre 123,9ha), creusement de deux bassins de radoub, d'ateliers et de bâtiments annexes, clôture et système de surveillance…

La masse de béton à couler est telle qu'il est envisagé d'utiliser à cette occasion la ligne ferroviaire entre Châteaulin et Le Fret du Réseau breton mais cette solution ne fut pas retenue.

[modifier] Utilisation

En 1972, le premier SNLE français, Le Redoutable, part en patrouille. Depuis lors, l'île Longue est la base opérationnelle de la force océanique stratégique française (FOST).

À ce titre, l'île Longue assure la maintenance des sous-marins entre deux patrouilles et l'entreposage des éléments nucléaires (têtes des missiles, combustible des réacteurs) associés. La pyrotechnie « annexe » de Guenvénez, située à 4km, accueille les corps des missiles nucléaires et les missiles classiques, mais est libre de toute matière nucléaire.

[modifier] Actualité

L'île Longue subit en 2006 d'importants travaux de préparation à l'accueil du futur missile MSBS M-51.

[modifier] Polémique

Au cours de l'année 2005, une polémique a éclaté au sujet de cette zone et de Google Earth. En effet, sur ce site Internet il est possible de visualiser des images satellite de bonne qualité de cette zone sensible. Cependant, la prise de photos est interdite par les autorités depuis les côtes environnantes (arrêté préfectoral (en pdf) : [1]).

[modifier] Liens externes

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