Économie du bonheur

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L’indice de satisfaction et de longévité. vert = très heureux > bleu > violet > orange > rouge = moins heureux; gris = non disponible
L’indice de satisfaction et de longévité. vert = très heureux > bleu > violet > orange > rouge = moins heureux; gris = non disponible

L’économie du bonheur est l'étude du bien-être en croisant les techniques de l’économie et de la psychologie avec une attention plus particulière à la notion d’utilité. Encore balbutiante, on lui doit néanmoins d’avoir établit le Bonheur national brut, un indice englobant (de manière assez large) le Produit intérieur brut ou l'Indice de développement humain qui apparaissent comme insuffisants pour mesurer le bonheur des habitants d'un pays ; ou encore l’indice de satisfaction et de longévité, qui croise le bien-être autodéclaré et la longévité, indice où la France, détentrice des records de longévité, se situe en 61e position.

Sommaire

[modifier] Utilitarisme

L'économie du bonheur trouve sa source théorique dans l'utilitarisme, philosophie économique du XVIIIe siècle. Ce sont avant tout Jeremy Bentham (1748-1832) et John Stuart Mill (1806-1873) qui ont donné une forme systématique au principe d'utilité et ont entrepris de l'appliquer à des questions concrètes, au système politique, à la législation, la justice, la politique économique (où il a fait florès, non sans subir de lourdes déformations), la liberté sexuelle, l'émancipation des femmes, etc. Bentham expose le concept central d'utilité dans le premier chapitre de son Introduction to the Principles of Morals and Legislation dont la première édition date de 1789, de la manière suivante :

Par principe d'utilité, on entend le principe selon lequel toute action, quelle qu'elle soit, doit être approuvée ou désavouée en fonction de sa tendance à augmenter ou à réduire le bonheur des parties affectées par l'action. […] On désigne par utilité la tendance de quelque chose à engendrer bien-être, avantages, joie, biens ou bonheur.

Le principe éthique à partir duquel Bentham juge les comportements individuels ou publics est l'utilité sociale qui vise, pour reprendre sa célèbre formule, « le plus grand bonheur du plus grand nombre ».

[modifier] Rationalisation économique d'un principe subjectif

De par sa nature, le bonheur est subjectif[1]. Il est difficile de comparer, le bonheur d'une personne avec celui d'une autre.[2]. Il l’est d’autant plus de comparer ce concept entre différentes cultures et différents pays[2]. Cependant, les économistes du bonheur, croient pouvoir résoudre ce problème comparatif : le croisement de larges échantillons de données dans l'espace (nations) et dans le temps, permet d'obtenir des motifs d'évolution illustrant leurs propos[2].

Abraham Maslow établit que le bonheur humain résulte de la satisfaction de besoins et de désirs qu'il hiérarchise dans la pyramide des besoins de Maslow. Cette hiérarchisation peut ensuite être utilisée pour évaluer le bonheur global des individus.

La micro-économie, à son tour, s’efforce de mettre cette mesure du bonheur sous forme d’équation : Wit = α + βxit + εit.[2], où W est le bien-être déclaré par un individu i au temps t, et x est le vecteur de variables connues, socio-démographiques, socio-économiques, etc.[2]

Parmi les facteurs déterminants du bonheur[3], citons l'argent, fortement corrélé au départ et moins au fur et à mesure que la richesse augmente[2],[4]. Une étude[5] montre que le revenu, corrigée de l'impact du statut social, n'est pas corrélé avec le bonheur. Le temps libre est également corrélé avec la satisfaction. Plus généralement, il y a une corrélation entre le bonheur et le sentiment de mener la vie qu'on veut et d'en contrôler son développement. Le chômage, ou la peur de perdre son emploi (rationnelle ou non) est une source importante d'insatisfaction[6]. Le mariage est aussi corrélé avec le bonheur, encore qu'il faille déterminer si, introduisant un biais statistique dans la relation de cause à effet, les gens optimistes et heureux ont plus tendance à fonder une famille que les pessimistes et les gens malheureux[3].

Une étude menée par l’Université de Zurich suggère que la démocratie et le fédéralisme contribuent au bien-être des individus[7]. Plus il y a de démocratie directe et de possibilité de participer à la politique, plus le bonheur subjectif est élevé[7]. Le libéralisme économique est fortement corrélé avec la satisfaction déclarée[8], ce que l'on peut rapprocher du critère précédemment listé du sentiment de contrôler le développement de sa vie et de mener la vie qu'on veut.

[modifier] Notes et références

  1. Ruut Veenhoven, World Database of Happiness, 2007
  2. abcdef Carol Graham, The Economics of Happiness, 3, 2005.
  3. ab Rana Foroohar, "Money v. Happiness: Nations Rethink Priorities", Newsweek, 5 avril 2007.
  4. Richard Easterlin, Explaining Happiness, 2003
  5. Lina Eriksson, James Mahmud Rice, and Robert E. Goodin, "Temporal Aspects of Life Satisfaction", "Social Indicators Research", février 2007, 80(3), 511-533.
  6. Andrew Oswald, A Non-Technical Introduction to the Economics of Happiness, 1999
  7. ab Bruno S. Frey & Alois Stutzer, Happiness, Economy and Institutions, 4-5, 1999
  8. In Pursuit of Happiness Research. Is It Reliable? What Does It Imply for Policy? The Cato institute. April 11, 2007

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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