Yves Citton

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Yves Citton est professeur de littérature française à l'Université Stendhal-Grenoble 3 (depuis 2003). Il est né le 30 septembre 1962 à Genève.

Yves Citton
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Naissance 30 septembre 1962
à Genève, Suisse
Nationalité Suisse Suisse
Profession professeur, penseur,écrivain,animateur

Sommaire

[modifier] Aperçu biographique

Il est l’auteur d’une demi-douzaine de livres et d’une soixantaine d’articles consacrés à l’imaginaire politique de la modernité occidentale, se situant généralement à l’articulation entre une lecture des textes du XVIIIe siècle et des questions de philosophie-politique contemporaine.

Il est également conseiller pédagogique pour le programme Indisciplinary Studies à l’Institut d'études politiques de Paris (Sciences-Po) (depuis 2001), et a également enseigné à l’Université de Pittsburgh (Pennsylvanie, États-Unis) de 1992 à 2003, à Yale University (Connecticut, États-Unis) en 1988-89 et à l’Université de Genève de 1987 à 1992. Il est membre de l'UMR LIRE du CNRS (Lyon, Grenoble Saint-Etienne), du comité et du secrétariat de rédaction de la revue Multitudes, du secrétariat de rédaction de la revue Dix-huitième siècle et animateur de l’émission hebdomadaire Zazirocratie (free jazz et indie rock) sur Radio Campus Grenoble. Yves Citton est un collaborateur régulier de La Revue internationale des livres et des idées.

Après des travaux consacrés à l’histoire du discours économique, ses recherches récentes l’ont dirigé vers l’étude de l’imaginaire spinoziste des Lumières, ainsi que vers la théorie littéraire, mais aussi vers le jazz, l’économie des affects, le pouvoir de scénarisation ou des auteurs comme Charles-François Tiphaigne de la Roche, Jean-Jacques Rousseau, Denis Diderot, Jean Potocki, André Chénier, Isabelle de Charrière ou Léger-Marie Deschamps.

[modifier] Portée de ses derniers livres

L’Envers de la liberté. L’invention d’un imaginaire spinoziste dans la France des Lumières (qui a gagné le Prix Rhône-Alpes du Livre dans la collection « essais » en 2007) pose la question de savoir ce qu’est donc que cette liberté à laquelle nos sociétés modernes – « libérales » – font si souvent référence. Que penser des « préférences » des électeurs et des consommateurs, dans un monde baigné de conditionnements publicitaires et médiatiques ? Le livre invite à réévaluer de telles questions à partir d’un double décalage. Un décalage conceptuel, qui approche la liberté à partir de son envers : le déterminisme. Un décalage temporel, qui recadre les problématiques « libérales » dans le contexte de leur émergence historique à l’époque des Lumières. Pour définir les bases d’une liberté qui ne s’aveugle pas aux conditionnements naturels et sociaux, l’ouvrage propose d’explorer la tradition de pensée qui a été tenue pour l’ennemi le plus radical du libre arbitre, le spinozisme, tel qu’il s’est développé en France entre 1670 et 1790.

D’où une seconde ligne de questionnement, parallèle à la première : qu’est-ce donc que ce spinozisme des Lumières qu’évoquent tant d’études dix-huitiémistes sans trop préciser à quelle réalité elles font référence ? Le livre pose le problème non en termes d’influence de Spinoza sur les Philosophes, mais en termes de réinventions permanentes, que les découvertes scientifiques, les urgences politiques, le goût du scandale ou le génie singulier des écrivains font résonner avec le cadre général posé par l’Éthique. Les quinze chapitres proposent une reconstruction méthodique de l’ensemble du système spinoziste, depuis ses fondements métaphysiques jusqu’à ses conséquences esthétiques, en passant par ses implications épistémologiques, psychologiques, éthiques et politiques – le livre constituant une introduction très accessible à la pensée de Spinoza, traduite de son latin géométrique dans le beau français des salons.

Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ? part de la réfutation d’une déclaration du candidat-président Nicolas Sarkozy pour poser la question « Pourquoi étudier aujourd’hui des textes littéraires rédigés il y a plusieurs siècles ? Pour quoi faire ? » Le livre répond à ces questions en proposant un plaidoyer pour les lectures actualisantes, qui cherchent dans les textes d’hier de quoi réfléchir sur les problèmes d’aujourd’hui et de demain. Ce plaidoyer proposer en réalité cinq livres tissés en un seul : une théorisation des méthodes, des enjeux et des limites du geste actualisateur ; un essai d’ontologie herméneutique, qui fait de l’activité de lecture le modèle de constitution de notre réalité humaine et sociale ; une cartographie de quelques changements sociétaux en cours, destinée à situer le rôle nouveau que sont appelées à jouer les activités d’interprétation ; une prise de position politique dénonçant les angles morts et les perspectives étriquées du néo-travaillisme dominant ; un ouvrage de vulgarisation, visant à faciliter l’accès aux problématiques actuelles de la théorie littéraire, de la réflexion herméneutique et des multiples nœuds qui unissent biopolitique, capitalisme cognitif et économie des affects. Cette démonstration articulée en 14 chapitres et scandée par 58 thèses succinctes invite son lecteur à conclure que, loin d’être condamnées à rester une discipline poussiéreuse, les études littéraires peuvent devenir le lieu d’une indiscipline exaltante, en plein centre des débats les plus brûlants de notre actualité : tout au contraire d’un exutoire parasitaire, le jeu de la lettre relève d’un travail, qui se trouve être à la fois plaisamment ludique, toujours quelque peu hypocrite, mais néanmoins essentiellement productif. L’expérience littéraire, telle que l’envisagent les lectures actualisantes, apparaît comme la mieux à même de nous apprendre à vivre-ensemble au sein d’une société multiculturelle nourrie de ses diversités, en même temps qu’elle nous sensibilise à ce que l’auteur présente comme l’impératif catégorique de notre époque : « agis en toutes circonstances de façon à ne pas devenir ton propre exploiteur ni ton propre oppresseur ! »

Dans sa contribution à Spinoza et les sciences sociales : de la puissance de la multitude à l’économie politique des affects, qu’il a co-édité avec Frédéric Lordon, Yves Citton tente de poser les bases d’une économie politique des affects. Comment repenser les phénomènes sociologiques et politiques contemporains en y reconnaissant le rôle central que jouent les « affects ». A partir d’une lecture croisée de Spinoza et du sociologue Gabriel Tarde, cette longue contribution essaie tout à la fois de proposer des outils d’analyse dont pourraient se servir des chercheurs en sciences sociales, et de proposer un cadre de réflexion générale pour penser la politique comme relevant de flux d’affects, de circulation de croyance et de phénomènes de « modes » plutôt que rationalité communicative ou d’idéologies substantielles.

[modifier] Publications

Ouvrages collectifs
  • Spinoza et les sciences sociales : de la puissance de la multitude à l’économie politique des affects, co-éditeur avec Frédéric Lordon, Paris, Éditions Amsterdam, 2008. ISBN 978-2-35480-014-7
  • Mémoires secrets (dits de Bachaumont), volume IV (1768-1769) dans le cadre de l’édition scientifique dirigée par Suzanne Cornand et Christophe Cave, à paraître chez Champion en 2007.
  • Les frontières littéraires de l’économie, co-éditeur avec Martial Poirson et Christian Biet, à paraître dans la Revue d’Histoire Littéraire de la France en 2008.
  • Individus et communautés dans les pensées et les sociétés des Lumières, co-éditeur avec Laurent Loty, dossier du n° 41 (2009) de la revue Dix-huitième siècle.

Jazz et Noise rock

  • Jazz : Puissance de l’improvisation collective, dossier publié dans la revue Multitudes n° 16 (2004).
  • Noise : sensibilités du bruit querelleur, dossier publié dans la revue Multitudes n° 28 (2007).
  • L'utopie Jazz entre gratuité et liberté, voir sur le site de Multitudes[1]
  • Le percept noise comme registre du sensible, voir idem [2]
Articles


Spinozisme des Lumières

  • « Concaténations : l’écriture du corps globalisé dans la tradition spinoziste », Textuel, No 44, 2004, p. 85-107.
  • « Études littéraires et constitution des multitudes en communautés : les conséquences de Diderot», Multitudes, No 15, hiver 2004, Paris, Exils, p. 123-134.
  • « L’invention du spinozisme dans la France du XVIIIe siècle », in Laurent Bove, Catherine Secretan et Tristan Dagron, Qu’est-ce que les Lumières radicales ?, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 309-324
  • « ConcateNations. Globalization in a Spinozist Context », Diane Morgan et Gary Bantham (éd.), Cosmopolitics and the Emergence of a Future, London/New York, Palgrave Macmillan, 2007, p. 91-117
  • « From Raison to Réson: Three Fringe Voices of the Eighteenth Century (Spinoza, Deschamps, Tarde) », Être dix-huitiémiste, II, édité par Carol Blum, Ferney, Centre International d’Etudes du XVIIIe siècle, 2007, p. 71-82
  • « Réagencer des systèmes d’impression. Le cadrage ontologique de l’esthétique diderotienne », Méthode, n° 9, Vallongues, 2007, p. 163-176
  • « Lumières consensuelles ou Lumières corrosives ? », in Nicolas Weill (éd.), L’Esprit des Lumières est-il perdu ?, Presses Universitaires de Rennes, 2007, p. 157-166
  • « Un devenir spinoziste des sciences sociales », co-rédigé avec Frédéric Lordon in Yves Citton et Frédéric Lordon, Spinoza et les sciences sociales : de la puissance de la multitude à l’économie politique des affects, Paris, Éditions Amsterdam, 2008, p. 15-44
  • « Jacques le fataliste : une ontologie de l’écriture pluraliste », à paraître en 2008 dans le dossier Diderot Philosophe coordonné par Colas Duflo pour Archives de la philosophie

Pensée politique

  • « Pourquoi punir ? Utilitarisme, déterminisme et pénalité (Bentham ou Spinoza). A propos de Xavier Bébin, Pourquoi punir ? L’approche utilitariste de la sanction pénale », La Revue internationale des livres et des idées, N°3, janvier-février 2008, en ligne.
  • « Universités : une réforme à inventer » (coordonné pour le comité de rédaction de Multitudes), Multitudes, n° 32, mars 2008, p. 5-14.
  • « De la voyance à la contre-scénarisation », Alain Jugnon (éd.), Une Révolution nécessaire, Paris, éditions du Grand Souffle, 2008.
  • « Switzeurolandia : une monstruosité en devenir ? », Multitudes n° 33, printemps 2008.
  • « Travail et réformes néolibérales. Apprendre à concevoir nos sociétés comme polyphasées », Raison présente, avril 2008, N° spécial Critiques de l'orthodoxie économique libérale édité par Roland Pfefferkorn.
  • « Le percept noise comme registre du sensible », Multitudes, n° 28 (2007)
  • « Puissance des communautés interprétatives », préface à Stanley Fish, Quand lire, c’est faire, Paris, éditions des Prairies ordinaires, 2007, p. 5-27
  • « Droites nouvelles, gauches vieillissantes ? Autre chose ! » , en collaboration avec Judith Revel, Multitudes, n° 30 (2007), p. 6-17
  • « Projectiles pour une politique post-radicale. À propos de L’Instant d’après. Projectiles pour une politique à l’état naissant de Bernard Aspe, de L’Insurrection qui vient du Comité invisible et de Micropolitiques des groupes. Pour une écologie des pratiques collectives de David Vercauteren », La Revue internationale des livres et des idées, n° 2, novembre-décembre 2007, p. 17-21 (en ligne).
  • « Créolectures et politiques membraniques », Multitudes, No 22, septembre 2005, p. 159-166.
  • « Sept résonances de Simondon », Multitudes, No 18, automne 2004, p. 25-31.
  • « L’utopie Jazz entre liberté et gratuité », Multitudes, No 16, printemps 2004, p. 131-144.
  • « Vers une Europe post-identitaire », Multitudes, No 14, Octobre 2003, Paris, Exils, p. 61-72.

Place de la Littérature et des littéraires dans la société contemporaine

  • « Il faut défendre la société littéraire ». A propos de Jacques Bouveresse, La Connaissance de l'écrivain. Sur la littérature, la vérité et la vie, Tzvetan Todorov, La Littérature en péril, Pierre Piret (éd.), La Littérature à l’ère de la reproductibilité technique. Réponses littéraires aux nouveaux dispositifs représentatifs créés par les médias modernes, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jacques Berchtold & Jean-Paul Sermain, L’Événement climatique et ses représentations (xviie – xixe siècles),La Revue internationale des livres et des idées, N°5,mai-juin,2008.


Conte merveilleux du XVIIIe siècle et Tiphaigne de la Roche

  • « Les comptes merveilleux de la finance. Confiance et fiction chez Jean-François Melon », Féeries, No 2, 2005, pp. 125-160.
  • « Merveille littéraire et esprit scientifique : une sylphide spinoziste ? » paru sur le site Fabula, dans les actes du colloque Poétiques des fictions d’Ancien Régime : Site de Fabula colloques document145.php (mai 2006).
  • « Éditer un roman qui n'existe pas. À propos de Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki », in La Revue internationale des livres et des idées, n° 1, sept.-oct. 2007 (en ligne).
  • « Nouvel esprit utopique et non-lieux des esprits chez Tiphaigne de la Roche », à paraître dans le dossier « Utopie » de la revue Europe (2008).

Économie politique du XVIIIe siècle

  • «Les physiocrates dans les marges ou au coeur des Lumières ? », in Les marges des Lumières, édité par Didier Masseau, Genève, Droz, 2004, p. 99-112.
  • « L’Ordre économique de la mondialisation libérale : une importation chinoise dans la France des Lumières ? », No spécial « La mondialisation. Un point de vue philosophique », (éd.) Philippe Norel, Revue Internationale de Philosophie, 2007-1, p. 9-32.
  • « L’économie morale du bon ménage. Chagrins domestiques et soucis éthiques autour d’Isabelle de Charrière » à paraître dans Catherine Mariette et Damien Zanone, Romancières des XVIIIe et XIXe siècles.
  • «Turgot, poéticien et théoricien de l’invention : économie du discours et discours de l’économie», à paraître dans les actes du colloque Turgot notre contemporain, éditrice Jacqueline Hecht, INED, 2007.

[modifier] Liens externes